J'entendais ce matin à la radio un éditorialiste qui, sur un sujet précis, la sécurité sociale, regrettait que les informations ne soient pas plus largement diffusée au niveau des patients. Il citait notamment en exemple les médecins qui ne diffusent pas leurs informations pour rester maîtres de leur "pouvoir".
Il existe certaines professions où la pratique de la rétention d’information est régulière. Si l’on cite en effet souvent les médecins dans cette catégories, les informaticiens ne sont pas en reste … (je ne vais me faire que des amis ce matin !) Je prie le lecteur de bien vouloir excuser cette généralité forcement grossière mais quand même ! On caricature souvent (cela reste une caricature) l’informaticien dans une personne assise sur ses connaissances, résolvant les problèmes mais refusant souvent d’en expliquer les causes ou de former l’utilisateur à résoudre les problèmes tout seul. Ces personnes, qu’elles soient informaticien, médecins ou autre, pratiquent la rétention d’information pour se rendre nécessaires, voire indispensables. Ils se protégeant souvent derrière des problèmes de langage incompréhensibles, traduisant surtout une volonté de ne pas vulgariser leur connaissances dans un même soucis de protection.
En effet un vieil adage dit « celui détient l’information, détient le pouvoir ». Ceux qui croient encore en cet adage refuse donc toute diffusion d’information par peur de perdre leur pouvoir. Mais croire en cet adage implique d’être capable de mesurer la valeur d’une information et surtout sa valeur intrinsèque. Or cette valeur dépend d’un grand nombre de critères comme ses utilisateurs ou sa fraîcheur. En effet, une information sensible pour une personne peut être sans intérêt pour un autre individu. De même, un scoop n’a de valeur que sur une courte période.
Nous vivons aujourd’hui dans une société dite de l’information, en continuité avec la période précédente souvent qualifiée de « société industrielle » ; Dans cette société de l’information, les technologies de l'information jouent un rôle fondamental et où les innovations scientifiques et technologiques sont à l'origine de modifications profondes de la société. Il existe même une Journée mondiale de la Société de l'information, tous les ans le 17 mai, décidée par l'assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies et un Sommet mondial sur la société de l’information, toujours sous l’égide de l’ONU. Plus près de nous, un portail officiel de la société de l'information en Europe est mis en place par la Direction générale Société de l'information et médias de la Commission Européenne. La France n’est pas en reste avec un portail de la société de l’information et un Comité interministériel pour la société de l’information, créé en 1998. Ce Comité « définit les grandes orientations politiques et les priorités d’action pour l’intégration et le développement des nouvelles technologies. Il évalue les initiatives mises en oeuvre et l’état de développement de la société de l’information. Il intervient sur les questions techniques, sociales et juridiques liées aux TIC. »
En dehors de la présence de comités, directions et autres arcanes administratifs, notre société est effectivement marquée par des modifications profondes dues aux technologies de l’information. Si l’automobile a marqué la société industrielle, la démocratisation et la personnalisation de l’accès à l’information marque notre société actuelle. Cela modifie donc profondément notre rapport à l’information. Celle ci circule beaucoup plus vite et façon des plus diverses. Ainsi, si nous revenons à sa valeur, il est beaucoup plus difficile de la mesurer ; Et plus encore difficile de faire en sorte qu’une information conserve sa valeur. Notre rapport à l’information est donc modifié et avec lui le lien entre l’information et le pouvoir.
Si je crois en la formule « l’information c’est le pouvoir », je suis aujourd’hui profondément convaincu que celui qui détient l’information n’est plus celui qui la détient mais celui qui la diffuse. Internet e pour cela modifié quelque peu la donne ; Il en va de même avec l’information qu’avec une innovation : le pouvoir n’est pas à celui qui recherche mais bien à celui qui l’exploite. Mais pour conserver ce pouvoir il faut continuer à rechercher et ce afin d’avoir toujours une innovation d’avance. Pour l’information, en diffuser une seule ne permet pas d’acquérir le pouvoir. En revanche celui qui a toujours al bonne information du moment, celui la acquière un certain pouvoir. Il est toutefois entendu que certaines informations ne doivent pas être diffusée à tous. Il convient bien évidemment de classifier certaines infos et de veiller à ce qu’elle ne soit pas dévoilée, surtout dans le monde de l’entreprise.
Pour rester dans le monde de l’entreprise, celui qui conserve jalousement l’information reste confiné dans un pouvoir temporaire qui ne durera que le temps de son information. Alors que celui qui diffuse la bonne information (tout en veillant à conserver toujours une information d’avance) bénéficiera d’un pouvoir plus pérenne.
On a d’ailleurs vu sur Internet plusieurs acteurs prendre de cette façon un certain pouvoir : des blogueurs devenir influent par exemple.
François JEANNE-BEYLOT