Titre : L’essai
Scénariste : Nicolas Lebon
Dessinateur : Nicolas Lebon
Parution : Mai 2015
Nicolas Debon avait marqué les esprits avec « L’invention du vide », une épopée dans les Alpes mettant en scène une compétition entre alpinistes. Son dessin original mettait en valeur les montagnes et on ressentait pleinement le vertige. Avec « L’essai », l’auteur reste sur une histoire vraie, celle d’une colonie communiste créée au début du siècle. Le tout pèse 80 page et est publié chez Dargaud dans la collection Long Courrier.
Entre documentaire, biographie et aventure humaine.
Dans « L’invention du vide », Nicolas Debon était parfois prisonnier du côté « histoire vraie ». C’est encore plus le cas dans « L’essai ». Ainsi, comme cela m’exaspère profondément, quelques pages d’explications viennent finir l’ouvrage, comme si les planches de l’auteur ne se suffisaient pas à elles-mêmes. Photos et textes viennent appuyer les propos lus auparavant. Inutile et contre-productif !
Hélas, c’est à l’image de l’ouvrage, didactique en diable, narratif sans jamais chercher l’émotion. L’histoire raconte l’expérience de Fortuné Henry, qui a acheté une partie de la forêt de Ardennes pour y fonder une colonie communiste/anarchiste. On le voit arriver, défricher, construire, planter… Puis être rejoint par d’autres personnes : des repris de justice aux politisés.
À raconter des faits réels, on s’enfonce dans l’ennui. Très bavard, le livre ne décolle jamais. La narration est omniprésente et les dialogues, trop écrits, sonnent faux. À aucun moment on a l’impression de vivre une aventure humaine. Il aurait fallu développer (créer ?) les personnages pour y induire de l’émotion ou de l’empathie. Hésitant entre biographie et documentaire, tout en voulant écrire une aventure humaine, Nicolas Debon rate son coup. Il suffit de lire « La communauté » pour voir ce que peut donner l’histoire d’une expérience de vie communautaire dans le détail, avec de l’émotion et du documentaire.
Le dessin de Nicolas Debon, au style si reconnaissable, permet de remonter un peu le niveau, même s’il semble un peu pédaler dans la semoule. Les planches sont souvent assez belles, illustrant les textes narratifs. Mais sans la montagne, dans les Ardennes, les défauts en ressortent que plus. Les personnages, sans bouche pour certains, sont figés et peu expressifs.
Au final, cet « Essai » est assez raté. À vouloir être trop proche d’une réalité, sans être purement documentaire, Nicolas Debon perd le lecteur. On n’a que peu d’empathie pour les personnages ou même pour cette utopie qui se terminera rapidement, sans réelle explication. Un livre qui nous laisse sur notre faim.