Depuis le temps qu'on voulait le voir, Leif... Le jeune homme est monté sur scène à 20h15 dans une salle surbondée dans laquelle il était difficile de ne bouger ne serait-ce qu'un orteil. Il ne jouera qu'une petite demi-heure. Demi-heure durant laquelle il alterne entre son clavier et sa guitare. Tantôt sèche, tantôt électrique. S'il fallait un seul mot pour qualifier sa prestation, ce serait " habitée ". Le jeune homme entre dans une transe quand il chante et il nous emmène dans une autre dimension avec sa voix gorgée chaude et puissante. Ce jeune homme est un OMNI. Un objet musical non identifié. Un inclassable. Un garçon qu'on attend de revoir, de réécouter avec impatience. Et plus de trente minutes. S. B.
À LIRE AUSSI >> Leif Vollebekk : la solitude oui, mais à deuxEn rentrant chez moi, j'ai observé les gouttes de pluie se détacher devant la lumière d'un premier lampadaire. Et je me suis dit : " c'était tellement bien ". Deux lampadaires plus tard j'abordais mon plus large sourire en y repensant, seule sous la pluie de 23h.
Ce jeudi 23 mars, je l'ai noté depuis plusieurs mois en rouge dans mon agenda. Cet artiste, Gregory Alan Isakov, c'est ce que je considère depuis un certain temps maintenant comme ma perfection musicale. C'est cette musique-là qui me fait rester debout dans un coin, à respirer de la fumée artificielle qui schmoute, et à supporter tous mes voisins bruyants et collants. Je t'avoue qu'en temps normal, j'aurais ruminé et souhaité la mort dans d'affreuses souffrances à tous ces énergumènes. Là, je les ai tout bonnement ignorés, immunisée dans ma bulle de bonheur astral.
Comme d'habitude il faisait une chaleur écrasante dans Pop-Up qui affichait complet depuis un certain temps. Gregory Alan Isakov débarque d'abord seul sur scène, en guitare-voix, avant d'être rejoint par ses quatre musiciens, tout sourire. L'Américain (né en Afrique du Sud), chapeau vissé sur le crâne, est un pince-sans-rire captivant. Entre chaque magnifique chanson, " Amsterdam ", " Big Black Car ", " This Empty Nothern Hemisphere ", il entreprend de nous parler d'une interview qu'il a faite quelques heures avant. Visiblement, la journaliste ne connait pas sa musique et à la réjouissante question " que faites-vous comme musique ? ", Gregory répond " des chansons tristes ". Au public qui rit, il ajoute " des chansons tristes sur l'espace ". Quelques minutes après cette intervention, le groupe se lance dans une version de " The Universe " dans le noir complet, seule la lampe installée dans la grosse caisse éclaire les musiciens, telle une lune. Magique !
On alterne entre des moments acoustiques à tendance folk-bluegrass avec guitare, harmonica, banjo, violon et contrebasse et folk-rock avec guitare électrique et basse. Le set de plus d'une heure et demie est intense. Il défile et la magie continue à opérer.
Gregory Alan Isakov n'hésite pas à modifier son set, en interprétant une requête du public. À ces moments suspendus dans l'espace et le temps, ajoutons ce micro magique très roots, autour duquel le groupe se rassemble sur le devant de la scène pour une profusion de frissons, et nouvelle chanson (" Dark "). Leif Vollebekk rejoint Gregory pour leur belle reprise de " Dry Lightning " de Bruce Springsteen (avec en bonus l'histoire de leur papa qui s'écrivent et ne comprennent pas pourquoi les chansons de leurs fils ne passent pas à la radio). On clôture la soirée avec " All Shades of Blue " comme encore euphorique. Mon cœur peine à se remettre d'un tel état de grâce. Je te jure, c'était absolument cosmico-magistral. " C'était tellement bien ". E.S.
Texte : Sabine Swann Bouchoul & Emma Shindo | Photos : Emma Shindo
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