[Critique] THE EDGE OF SEVENTEEN

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : The Edge Of Seventeen

Note:
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Kelly Fremon Craig
Distribution : Hailee Steinfeld, Haley Lu Richardson, Blake Jenner, Woody Harrelson, Kyra Sedgwick, Alexander Calvert, Hayden Szeto…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : mars 201 (VOD)

Le Pitch :
Nadine, 17 ans, ne s’est jamais sentie à son aise parmi les siens. Complexée, en conflit permanent avec sa mère et son frère, elle n’a qu’une seule véritable amie, avec laquelle elle partage ses doutes et ses peurs. Le jour où cette dernière sort avec son frère, le monde déjà fragile de Nadine s’écroule…

La Critique de The Edge Of Seventeen :

Kelly Fremon Craig est presque sortie de nulle part, dotée d’un script et d’une envie solide de le mettre en scène. Un scénario qui a dû taper dans l’œil du grand James L. Brooks (l’un des producteurs des Simpson et réalisateur de Pour le pire et pour le meilleur notamment), vu que c’est lui que l’on retrouve à la production. De quoi booster le projet qui en plus, bénéficie de l’apport indéniable d’un casting excellent à plus d’un titre. The Edge Of Seventeen qui se positionne d’emblée comme l’antidote parfait aux teen movies vulgaires et autres sempiternelles tentatives de tabler sur les recettes d’American Pie et consort ? pour tenter d’en reproduire en vain le succès…

Living On The Edge

En anglais, le mot « edge » signifie « bord » ou « bordure ». On peut aussi le traduire par « lisière » ou parfois par « marge » suivant le contexte. Force est de reconnaître que le titre de ce film est particulièrement bien choisi et traduit la condition de son personnage central, à savoir une jeune fille de 17 ans perdue dans les méandres d’une période entre deux eaux, qui n’arrive plus à avancer alors que se profile l’âge adulte et ses impossibles responsabilités. Nadine, c’est son nom, est une marginale, dans le sens le moins glorieux du terme. Son comportement lui interdisant de créer des liens solides avec la majorité des personnes qui constituent son entourage, y compris son frère et sa mère.
Ce n’est pas la première fois bien sûr que le cinéma, américain en particulier, s’intéresse à ce genre de profil. À vrai dire, on compte même nombre de bons films sur le sujet. Certains se rapprochant davantage du pur drame et d’autres de la comédie. The Edge Of Seventeen lui, est au milieu. Drôle par moments, et plus mélancolique à d’autres.

Crise d’adolescence

Ce qui est formidable dans ce long-métrage, c’est qu’on y retrouve finalement beaucoup des clichés inhérents au genre, sans pour autant avoir une impression de redite ou de plagiat. Les références sont nombreuses et évidentes mais toujours très subtiles. Réalisé avec beaucoup de pudeur, de justesse et une certaine maestria, le film adopte également une rythmique qui garde l’ennui à distance et qui permet d’encore plus s’immerger dans le petit monde compliqué de son héroïne. Campée par la formidable Hailee Steinfeld, cette dernière s’avère rapidement attachante. L’actrice, qui fait à nouveau preuve d’une approche très pertinente et dont l’interprétation touche au vif en permanence. Très bien servie, à l’instar des autres comédiens, par des dialogues pleins de finesse, elle incarne les thématiques du récit avec une conviction et une sensibilité indéniables et contribue grandement à la réussite de l’ensemble. The Edge Of Seventeen étant au final peut-être le film le plus réussi dans lequel elle tient le rôle principal.
Woody Harrelson, parfait en mentor qui n’en a pas l’air est aussi excellent que prévu, tandis que Kyra Sedgwick, Haley Lu Richardson, Blake Jenner ou encore Hayden Szeto finissent de rendre la chose attachante au possible.

Le sens de la mesure

Il se dégage de The Edge Of Seventeen un parfum aussi précieux que bienvenu. Ce petit film dont le sort en France (une sortie discrète en VOD, sans aucune promo) est inversement proportionnel à l’impact émotionnel, s’apparente à une bouffée d’air frais. Il propose un cocktail d’émotions bienveillantes, ne cherche jamais à se raccrocher aux facilités et joue beaucoup sur les non-dits, qui en disent long. On se surprend souvent à sourire, on rit et on s’émeut, tout en reconnaissant ici une certaine universalité, elle aussi somme toute rare dans ce genre d’exercice. La réalisatrice évolue sur un fil tendu avec passion et aussi une certaine impertinence, qui tient son œuvre éloignée d’une fadeur qui aurait pu fermer la porte à une émotion tangible. Kelly Fremon Craig qui a parfaitement assimilé les leçons de James L. Brooks son producteur, et dont la première œuvre saisit l’indicible, tout en parvenant à retranscrire le bouillonnement propre à cette période de la vie. Elle nous livre un vibrant et sincère conte d’apprentissage qui ne cherche pas forcément à répondre à de grandes questions existentielles, mais dont l’un des principaux mérites est de justement accorder à ces questions l’importance qu’elles méritent…

En Bref…
Très belle surprise, The Edge Of Seventeen est un petit bijou. Un drame sincère et vibrant sur le passage à l’âge adulte qui se démarque non seulement par la qualité de sa mise en scène, de son écriture et de l’interprétation des acteurs, mais aussi par sa façon d’aborder des thématiques pourtant rabattues, comme si c’était la première fois, avec respect pour les personnages et beaucoup de sensibilité.

@ Gilles Rolland

   Crédits photos : Sony Pictures