Car si l’on admire l’exploit technique et les perspectives qu’il dégage, certains dans la profession s’inquiètent d’une automatisation abusive qui risque fort d’évacuer l’élément humain, pourtant si important dans le processus de deuil. Alors que certains acteurs du funéraire travaillent sur des idées de cercueils originaux, ou autres solutions plus écologiques, Abhishek Roy s’est, quand à lui ; demandé de ce que pourrait être le corbillard du futur.
Que représente exactement ce projet ? En quoi fait-il polémique ?
Entre design et high-tech
L’idée nous vient d’Inde. Leader de Lunatic Koncepts, agence de design spécialisée dans la conception de véhicules futuristes, Abhishek Roy s’est penché sur la question des corbillards et des catafalques.
Il a ainsi inventé le Korbiyor, aujourd’hui épuré pour devenir l’Aeternal : un catafalque transparent équipé de multiples accessoires audio visuels dernier cri et doté d’une aisance de mouvement exceptionnelle qui lui permet d’évoluer en toute autonomie à l’extérieur comme à l’intérieur.
Transparence et motricité
Imaginez un caisson assez bas, monté sur quatre roues motrices d’une grande flexibilité en matière d’orientation et de mouvements. Le corps est positionné dessus, protégé par un couvercle de plexiglas transparent qui permet de le contempler.
Un système d’air conditionné réfrigéré assure la conservation de la dépouille. Il est cependant possible d’escamoter le couvercle afin d’exposer directement le corps à la famille et aux proches.
Autonomie numérisée
Programmé en amont ou piloté manuellement via une télécommande comparable à celle des drones, le mécanisme est pensé pour détecter et éviter les obstacles, s’adapter à toutes les surfaces, tous les reliefs, qu’il s’agisse du parquet d’un salon funéraire ou de la terre meuble d’un cimetière.
Vitesse, trajet sont variables et contrôlés, ce qui induit l’idée d’une véritable autonomie, principe redéfinissant entièrement le rapport au défunt, ainsi mis en valeur.
Équipements audio-visuels
Le catafalque est par ailleurs équipé de plusieurs accessoires qui ajoutent à la solennité du cérémonial : un système de sonorisation de haut niveau permet de transmettre de la musique ou des enregistrements de voix à partir du cercueil même ; un projecteur spécial favorise la diffusion d’images, de films … ou d’hologrammes.
Ainsi il est tout à fait possible que le « double du défunt » apparaisse pendant ses propres funérailles.
Un service haut de gamme
Bref tout est ici pensé pour donner l’illusion de la présence du défunt comme s’il était encore parmi son entourage. Façonnée comme un service classieux et hors normes, cette sorte d’installation est clairement destinée à des clients aisés en demande de représentation sociale.
Rappelons que la législation indienne n’oblige en rien d’inhumer ses morts dans un cercueil ; un simple linceul suffit, dans cette culture qui privilégie la crémation. Cependant si la population pauvre n’a guère les moyens de payer ce type de service, les classes sociales les plus élevées doivent signifier leur rang jusque dans les cérémonies liées à la mort, et sont prêtes en conséquence à débourser fort cher pour cela : cette modernité ne peut donc que les séduire, car elle symbolise une singularité évidente.
Une robotisation coupable
De fait Aeternal pourrait également intéresser les occidentaux, amoureux de technologies futuristes et désireux de signifier leur originalité jusque dans la tombe.