« L’Europe, cette emmerdeuse », Daniel Riot à livre ouvert.

« L’Europe, cette emmerdeuse », tel est le titre du dernier livre de Daniel Riot écrit avec Sandrine Kaufer. Les internautes connaissent déjà la plume et les blogs de Daniel Riot tant ce dernier fut prolixe durant la campagne municipale de Strasbourg avant, de prendre un peu de recul. On le retrouve dans un livre au titre provocateur qui a pour but de réenchanter la politique et de soigner le mal français face à l’Europe. Vaste programme aurait pu dire le Général de Gaulle.

Car, et Daniel Riot l’a bien compris, si l’Europe emmerde, c’est avant tout parce que les institutions européennes capitalisent sur elles l’ensemble des critiques possibles. Songez bien, l’Europe, c’est l’Euro et l’augmentation du coût de la vie. L’Europe, c’est aussi les normes, les rêgles (alors que le citoyen français peine à comprendre la complexité de ses propres mille-feuilles juridiques et administratifs). L’Europe, c’est aussi l’ouverte à des pays qui feraient passer un smicard français pour un notable polonais. Bref, l’Europe, l’Europe, l’Europe, plus on en parle et plus on a envie de tirer dessus.

L’Europe, cette inconnue

Qui plus est l’Europe n’intéresse pas les partis politiques français. Là, certains réagissent, mais les faits son têtus. La France est l’un des seuls pays de l’Union à faire députés européens des pré-retraités de la politique ou des seconds couteaux. En effet, hors les petits partis qui n’avaient souvent que ce parlement là pour accéder à la fonction de député, les grands, eux, envoyent qui veut. Quant aux « stars » qui tiraient les listes, elles démissionnaient dès qu’elles pouvaient regagner un mandat plus payant médiatiquement, donc un mandat national. Là régionalisation des scrutin n’a rien arrangé.

Faites un test, demandez donc à vos proches de vous citer « leur » député européen. Hormi les militants, je fais le pari que le taux de bonnes réponses sera éloquent.

Reconnaissons là à Michel Rocard le fait d’avoir été l’un des élus français les plus assidus et compétents de l’assemblée européenne au détriment d'un rebond de sa carrière nationale. Il aurait peut-être mérité de préfacer ce livre.

« L’Europe, cette emmerdeuse » trace des pistes et le lecteur les découvrira. Il reste peut-être, plus qu’à réenchanter la politique, à réechanter l’Europe.

L’Europe, ce sont des pays, des cultures, des gastronomies, des monuments, des histoires, des femmes, des hommes. Peut-être que le premier pas à faire pour réconcilier les Français et l’Europe passe d’abord par la séparation sémantique de la froide institution du chaleureux continent qui s’incarne positivement dans le quotidien de nos concitoyens.

Au-delà du cri du cœur de Daniel Riot, c’est sans doute à chacun d’entre nous d’œuvrer pour « guérir la France de son mal à l'Europe ». Un mal dépassé et franco-français alors que nous avons beaucoup à gagner d’une Europe puissante et reconnue, même si l’on peut l’imaginer à plusieurs vitesses.

Stéphane Bourhis