A mon tour, de taper un truc dans cette rubrique...
Je n'ai plus d'album préféré.
J'en ai plusieurs. J'aurais l'impression de trahir Ochs si je choisissais un Springsteen, de trahir Tim Hardin en prenant un Oldham, de trahir John Forberty en prenant des Steve Forget...
Cependant j'en ai eu un, longtemps.
Avez-vous déjà été un adolescent boutonneux (un "teeeeeeeeeenage monster" à la Flamin' Groovies) dans un bled mort ?
Aviez-vous un walkman auto-reverse ? Lisiez-vous avec appétit la fabuleuse chronique, une page sans photo, que tenait Antoine De Caunes dans Rolling Stone (celui, classe, de l'époque, pas le "truc" actuel) ?
J'y ai découvert le rock, moi, dans cette chronique. Je mourais d'envie d'écouter ce qu'il conseillait. Et je claquais les sous que me filait ma mémé chez le libraire-disquaire. Il me connaissait, le gars. J'y allais tous les jours, je demandais à écouter les Travelling Wilburys, James McMurtry ou WebbWilder. J'étais triste, je crois. Mais je découvrais le rock, on se faisait des copains avec qui on se copiait nos cassettes...
Un jour, sur les conseils de De Caunes, j'ai acheté une cassette. Elle a tourné pendant des années. Elle quittait le Walkman seulement pour "A vision Shared", le tribute à Leadbelly & Guthrie.
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-
& ad nauseam, mais sans jamais de nausée.
Je suis absolument sûr, absolument certain, que, si j'étais encore plus con que je ne suis, je pourrais aller voir le gars du Guiness Book des records et, avec Maître Ruban, huissier de justice, il validerait ce record historique d'écoute en boucle d'un seul et même album.
L'album, que j'ai bien évidemment racheté en CD, la cassette étant désormais une relique de mon adolescence, tourne à cet instant même sur ma platine.
C'est celui-ci :
Ça peut paraître étrange à celui qui a découvert Randy Newman avant, à celui qui a découvert Newman après, avec les albums d'avant. Mais voilà, les albums de Randy Newman n'existaient pas. Ils n'avaient pas encore été réédités (si je vous disais à quel prix j'ai payé mes imports japonais ou comment j'avais filé du fric à un pote pour qu'il me rapporte Good Old Boys des USA...) et ses anciens 33tours n'étaient jamais arrivés jusqu'en Ardèche. Le seul disponible était cette nouveauté.
C'est un album autobiographique & magnifique, Newman y emploie comme jamais depuis son tout premier album, ses talents de compositeurs de musique de films, tous les arrangements sont non pas"jolis" (synthés, guitare du père Mark knopchou-fleur) , mais "signifiants". Il n'avait rien sorti depuis 5 ans, il avait eu une drôle de maladie qui l'avait cloué au lit, il ressucitait.
L'album a de titres bizarres, un rap (oui), du rock, et surtout des putains de chansons parfaites.
La tracklist est chronologique, mais, parce que la vie des autres vaut mieux qu'une tracklist, même celle, parfaite, d'un album parfait :
Une des chansons les plus tristes du monde pour un adolescent triste dans un bled en 1988 :
Randy Newman : Bad news from home (mp3)
Et la chanson qui retranscrit parfaitement la plus belle des sensations, celle que je souhaite à tous ceux qui se passent en boucle "only the lonely", LA chanson qui donne envie de tomber amoureux :
Randy Newman : Falling in love (MP3)
L'album est fini (putain, il est long ce billet), alors Zou, je le remets :
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-
Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-Face B-Face A-
Face A-Face B-Face A-Face B......