Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction!
Recherche par tags (mots-clés)
Recherche d'évènements (agenda)
Le 25 novembre 2016, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, présentait le 5e plan d'action de lutte contre les violences faites aux femmes. Ce plan d'action du gouvernement qui s'étale sur deux ans (2017 à 2019) prévoit notamment de sécuriser le numéro d'écoute Violences Femmes Info 3919, de renforcer les effectifs au sein des commissariats et gendarmeries et de mieux former les professionnels en contact avec les victimes de violences.
"En France, toutes les sept minutes, une femme est violée; tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-conjoint. 220.000 femmes sont victimes chaque année de violences dans le couple", rappelle Laurence Rossignol.
La FNSF regroupe 65 associations présentes sur le territoire. Elle a recensé 65.803 appels du 3919 en 2016. 97,6% des prises en charge téléphoniques concernaient des violences faites aux femmes pour motif de violences conjugales. L’Ile de France arrivait en tête avec 29% des appels, suivie par le Rhône-Alpes avec 10% et de la région PACA avec 8%. Plus de la majorité des femmes victimes de violences conjugales avaient entre 30 et 50 ans. Dans les deux tiers des cas, les victimes résident avec le partenaire violent. 44% des victimes ayant déclaré être à la rue, lors de l’appel, ont été "mises à la porte" par leur conjoint. 57,2% des victimes souhaitaient quitter le domicile lors de l’échange téléphonique.
La mission du service 3919 est réalisée par des écoutantes professionnelles qui mènent des entretiens à trois dimensions: l’écoute, l’information et l’orientation. Les personnes qui appellent sont majoritairement des victimes. Il peut également s’agir de l’entourage proche de la femme victime ou de professionnelles en contact avec elle.
Une professionnelle de l’écoute qui travaille au 3919 explique: "On travaille 7 jours sur 7, on reçoit environ 400 appels par jour. Souvent c’est difficile d’entendre la détresse et la douleur de ces femmes".
Annie est psychologue dans une association d’aide aux femmes victimes de violences conjugales, adhérente à la Fédération Nationale Solidarité Femmes. Elle nous explique qu’il y a un gros écart entre les demandes d’aide et de prises en charge et les capacités d’accueil. Les professionnels de santé ne sont pas réactifs même dans les CMP (centres médicaux psychologiques). Ils ne sont pas formés à détecter les violences sexuelles par exemple.
L’association reçoit principalement des femmes qui sont, soit victimes d’une violence au dernier degré et isolées, soit des femmes qui étaient déjà isolées et en situation de précarité. "Nous n’avons pas accès aux mineures", souligne Annie.
Il y a un profil constant c’est celui du genre, celui d’être une femme, mais il n’y pas de profil type de femme victime de violences conjugales.
Par contre il existe un type de violence selon l’âge du conjoint violent. A titre d’exemple, plus un homme est âgé plus il a de pouvoir social et économique et plus la violence revêtira un aspect psychologique. "Nous avons des cas où les femmes sont épuisées par leur conjoint qui les traitent comme des aides-malade, des esclaves. Elles se sentent complètement dévalorisées. En général, ce sont des femmes en couple depuis peu, ou des femmes jeunes".
Selon Annie les paramètres de l’âge, du poids de l’homme dans la société et des violences faites durant l’enfance constituent les principaux facteurs à prendre en considération. "Il y a aussi une coresponsabilité circulante. Vers l’âge de 11 ans, un garçon prend conscience que sa force est une arme dans une société dictée principalement par les hommes. Pour comprendre les comportements violents, il faut ajuster le degré de violence à la norme qui correspond à leur bulle sociologique" poursuit-t-elle.
Annie estime que la société patriarcale est responsable en partie de ces comportements violents. "La société toxique sécrète des agents toxiques. Il faudrait qu’il y ait une adaptation du pouvoir qu’exerce l’homme dans la société. Les résistances judiciaires et sociales sont colossales. On fonctionne avec des structures organisées par des institutions patriarcales. Par exemple il n’existe pas de statut de victime au niveau juridique".
Elle conclue: "Notre société est imbibée de 50 nuances de Grey, de sexualisation de la femme, même dans les contes pour enfants la princesse est sauvée par le prince… un prince pas toujours charmant. Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de violences conjugales?"