Partager la publication "[Critique] THIS IS US – Saison 1"
Titre original : This Is Us
Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Dan Fogelman
Réalisateurs : John Requa, Glenn Ficarra, Ken Olin, George Tillman, Craig Zisk, Silas Howard, Sarah Pia Anderson, Uta Briesewitz, Helen Hunt, Aurin Squire, Chris Koch, George Tillman Jr., Wendey Stanzler.
Distribution : Milo Ventimiglia, Mandy Moore, Sterling K. Brown, Chrissy Metz, Justin Hartley, Susan Kelechi Watson, Chris Sullivan, Ron Cephas Jones, Jon Huertas, Sam Trammell, Denis O’Hare…
Genre : Drame/Comédie
Diffusion en France : Canal + Séries
Nombre d’épisodes : 18
Le Pitch :
Il y a dans le monde environ 18 millions d’êtres humains qui partagent la même date d’anniversaire. Des personnes comme Jack, Kate, Kevin et Randall, qui, entre New York et Los Angeles, mènent leur existence en tentant de faire les bons choix, malgré les difficultés qui peuvent s’imposer. Jack et Rebecca s’apprêtent à devenir parents de triplés. De son côté, Kevin tente de donner une nouvelle direction à sa carrière de comédien, tandis que sa sœur Kate, l’aide du mieux qu’elle peut, tout en se débattant avec des problèmes personnels qui l’empêchent de pleinement s’épanouir. Randall pour sa part, père d’une famille en apparence parfaite, part à la recherche de ses origines…
La Critique de la saison 1 de This Is Us :
Portée par Dan Fogelman, un fidèle des studios Disney ayant notamment bossé sur les scripts de Raiponce et de Cars, This Is Us a également pu compter, dès le début de son développement, sur les réalisateurs John Requa et Glenn Ficarra, quant à eux célèbres pour avoir emballé l’excellent Crazy, Stupid, Love. Une série dont la première saison ne devait compter que 13 épisodes. Un nombre revu à la hausse très rapidement, après la diffusion sur NBC du pilote, qui augura d’un succès qui ne s’est par la suite jamais démenti, encourageant même les producteurs à renouveler le show pour une seconde et une troisième saison. Une excellente nouvelle puisque autant dire qu’on parle ici de l’une des meilleures séries de ces dernières années…
Esprit de famille
Le premier épisode de This Is Us repose sur un concept aussi simple qu’efficace. Voilà l’idée : dans le monde, plusieurs personnes partagent la même date d’anniversaire… C’est le cas de Jack, Kevin, Randall et Kate, qui évoluent dans des milieux différents et se débattent tous avec des problèmes qui nous permettent presque dès les premières minutes de nous identifier. Un pilote relativement incroyable, parfaitement écrit et ô combien touchant, qui donne non seulement le ton, mais impose aussi une virtuosité qui ne fera jamais défaut à la série pour ce qui est des épisodes suivants. Difficile de ne pas succomber. Tout s’imbrique parfaitement et on a beau avoir déjà vu mille fois ce genre d’histoire qu’on ne peut qu’être surpris par la fraîcheur que dégage This Is Us en une petite heure, posant les bases de quelque chose de très ambitieux mais aussi de profondément honnête et finalement universel. Difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue. Ce qui serait dommage, même si on n’est pas chez Shyamalan non plus. Le truc, c’est qu’il faut se laisser porter par les personnages et leur histoire. Se laisser porter et se prendre une émotion à fleur de peau en pleine poire pour au final ressortir secoué et heureux. On serait au cinéma, le terme pourtant galvaudé feel good movie ne serait pas de trop, mais nous sommes à la télé et force est de reconnaître au showrunner et aux metteurs en scène Requa et Ficarra d’avoir su réussir leur entrée. Sans trop en faire, avec une sensibilité incroyable, forts d’un concept merveilleusement exploité.
C’est la vie
La première saison de This Is Us parle tout simplement de la vie. Voilà qui ne nous avance pas vraiment hein ? Le problème encore une fois, est qu’ici, mieux vaut avancer à vue. Pour mieux se faire cueillir. Une chose est sûre : il y avait une éternité qu’un show télé estampillé comédie dramatique, n’avait pas réussi avec autant de pertinence et de respect pour ses téléspectateurs et ses personnages à imposer une osmose et une tonalité comme celle dont This Is Us fait preuve. À des millions de kilomètres des dramas fourrés à la guimauve et aux bons sentiments, la série de Fogelman trouve le ton juste pour aborder des sujets plus ou moins graves. Preuve que la qualité de l’écriture change tout. Peu importe les thématiques qu’on souhaite aborder, l’important est de savoir le faire sans céder à la facilité ni à l’excès. L’exercice est périlleux et chaque épisode de This Is Us apporte la preuve d’un réel génie, qui jamais ne déraille. Franchement, c’est éblouissant du début à la fin. On passe du rire aux larmes en un clin d’œil, on réfléchit, on s’attache… Immersive, l’histoire est de plus remarquablement construite, n’hésitant pas à jouer sur les flash-backs et autres astuces scénaristiques pour offrir aux protagonistes de solides backgrounds, mais toujours avec ce sens de la mesure en l’occurrence porté par une volonté de bien faire.
Au final, au terme de ces 18 incroyables épisodes, un constat s’impose : This Is Us fait souffler un vent de fraîcheur sur un genre qui ne demandait que ça.
Family Values
Les acteurs tiennent forcément une grande part de responsabilité dans la flamboyante réussite de la série. Qu’ils soient connus, comme Mandy Moore (Entourage), Sterling K. Brown (American Crime Story), Chris Sullivan (The Knick, Stranger Things) ou Milo Ventimiglia (Heroes, Rocky Balboa), ou plus confidentiels comme Chrissy Metz, Justin Hartley, Susan Kelechi Watson, tous œuvrent pour la bonne marche d’un récit au sein duquel ils trouvent de multiples occasions de briller. This Is Us est une œuvre chorale. Un peu dans le ton d’un Love Actually, mais sur la longueur d’une vie entière car non centrée sur un événement en particulier. Si le point de départ est l’anniversaire de plusieurs des personnages clés du récit, la suite va plus loin et explore des thématiques fortes. Combien de séries TV ont-elle par exemple abordé avec autant de justesse et de pudeur l’obésité ? Cherchez bien, vous n’en trouverez pas beaucoup. Dans un paysage télévisuel où règnent toujours des canons de beauté persistants hérités des années 80, This Is Us ose aller plus loin et mettre en avant des problématiques que le petit écran réserve habituellement au show à sensations de la télé-réalité. Pareil quand la série parle de l’adoption, de la maternité, de la paternité, du couple ou des rapports parfois difficiles entre frères et sœurs. La somme des sujets traités est au moins aussi impressionnante que la réussite fdont le scénario fait preuve quant il s’agit de retranscrire des émotions dans lesquelles il est facile de se reconnaître, faisant in fine de This Is Us une œuvre très galvanisante et bienfaisante.
Il est aussi fou de voir à quel point celle-ci parvient à émouvoir en quelques images, avec une poignée de mots bien choisis, grâce au jeu sans faille des comédiens. Un seau de larmes par épisode, c’est un peu le deal que la chaîne NBC a passé avec son audience sans le prononcer tout haut. Le tout sans que This Is Us ne force le trait où ne tombe dans une mièvrerie opportuniste, c’est important de le souligner. En plus c’est passionnant ! Du début à la fin, à l’image d’œuvres comme Urgences qui sous couvert de concepts identifiables, se payait le luxe d’aller plus loin dans l’observation des rapports humains. De la première à la dernière minute, on ne cesse d’être surpris, même quand l’histoire est bien installée et qu’on pense en avoir saisi les ressors. Sans cesse en mouvement, cette série parfaite, fait plus que remplir son office. C’est une ode à la vie, à l’amour, à l’amitié et à toutes ces choses qui font que la vie mérite d’être vécue.
En Bref…
Véritable miracle télévisuel, This Is Us commence très fort avec une première saison en forme de K.O. pur et simple. Maîtrisé sur le fond et la forme, ce show surprenant jouit en outre de l’apport d’un casting en or massif, qui finit de l’imposer d’ores et déjà comme l’une des meilleures choses qui soient arrivées au petit monde des séries TV. Si les saisons suivantes sont du même acabit, nous ne sommes pas au bout de nos émotions.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : NBC