La une de Página/12 ce matin
où l'on voit parfaitement la densité de la foule de la manifestation hier
En Argentine, la rentrée scolaire a eu lieu il y a un peu plus de deux semaines mais, dans le secteur public, elle a été affectée, dans de nombreuses régions, par une très longue grève des enseignants qui a culminé, hier, dans une grande marche dite fédérale, dans le cœur historique de Buenos Aires, puisque toutes les grandes manifestations politiques se dirigent toujours vers Plaza de Mayo.
Les enseignants réclament des augmentations de salaires que le gouvernement refus de négocier à la hauteur espérée. Or l'actuel gouvernement est formé essentiellement d'hommes et de femmes issus de l'école privée, qu'elle soit confessionnelle ou non.
Une de La Nación hier
l'étude APRENDER avait les honneurs du gros titre
Hier, le Président Mauricio Macri a publié et commenté une étude sur le niveau de l'école publique argentine, APRENDER 2016, dont les résultats sont désastreux : dans le système public, sept élèves sur dix arrivent au baccalauréat sans les connaissances de base en mathématiques et la moitié ne comprend pas un texte à la lecture. En revanche, le système privé donne de meilleurs résultats. Mauricio Macri a eu une expression que tout le monde relève en comparant le sort de ceux qui vont à l'école privée et ceux qui ont la malchance de « tomber » dans le public. Página/12 y voit la marque de son indécrottable mépris pour l'enseignement public (qu'il n'a jamais vraiment soutenu lorsqu'il présidait le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires) et sa volonté de détruire cet outil d'éducation.
Pourtant, la conférence de presse au cours de laquelle Macri a commenté cette étude a été aussi celle où il a présenté un plan de développement de l'éducation nationale, le plan MAESTRO, qui devrait d'ici à 2026 élever le niveau de compétences des enseignants, établir un nouveau système de carrière pour eux, augmenter le nombre de jours de classe dans l'année, mettre à l'honneur les langues amérindiennes, bref un catalogue de 108 mesures qui seront envoyées au Congrès pour être converties en loi. Dans son discours, il a affirmé qu'il voulait rendre son niveau et sa légitimité à l'éducation publique.
Ce matin, La Nación aussi consacre
son gros titre à la manifestation d'hier
mais avec une photo du pont de Westminster
Ce qui n'a pas du tout convaincu les syndicats enseignants, qui restent collés à l'opposition politique et maintiennent coûte que coûte leurs revendications, dans un bras de fer interminable avec le gouvernement qui ne cache pas son peu d'estime pour leur combat. Et ce mépris ouvertement affiché n'est pas fait pour améliorer la situation.
Pour en savoir plus : lire l'article de La Nación hier sur l'étude Aprender 2016 lire l'article de La Nación sur la manifestation des enseignants lire l'article de Página/12 sur les positions de Mauricio Macri lire l'article de Página/12 sur la manifestation.