Combien d’applications avez-vous sur votre téléphone ? La plupart d’entre nous en ont entre 20 et 30 [1]. Et si le temps d’utilisation augmente constamment [2] et que la navigation mobile ne cesse de gagner du terrain [3], le nombre d’applications stagne. Réseaux sociaux et jeux concentrent l’amour des utilisateurs… Dès lors, comment se distinguer pour faire partie des heureux élus ? Comment faire en sorte que les efforts mis en œuvre dans la conception de votre application portent leurs fruits en termes de revenus ? L’identité sonore d’une application est un facteur qui peut changer la donne.
Une identité sonore pour sortir du lot
Notre oreille est sollicitée de toute part : par les interactions avec notre entourage professionnel et personnel via le téléphone lui-même (SMS, appels, mails, rappels calendrier…), les applications de communication (Messenger, WhatsApp, Snapchat…), les sollicitations provenant d’applications d’information (radio, presse…), les applications de divertissement (vacances, voyages, art, sorties, rencontres…). Mais aussi par les interactions avec notre environnement intérieur : ordinateur, machine à café, imprimante, téléphone fixe… Ou encore les sollicitations de notre environnement extérieur : annonces dans les transports, autoradio, caisse automatique, sonorisation des boutiques, sonnettes de vélo, cigales de l’Autolib ;)…
L’application doit vivre au milieu de cette multitude d’éléments, en parvenant à émerger suffisamment pour être repérée dans ce paysage sonore, mais sans trop pour ne pas devenir intrusive. Une application muette s’exclue immédiatement de ce contexte, ce qui implique un risque de déficit d’interaction. Une application qui utilise les mêmes éléments génériques que d’autres applications – parfois concurrentes – risque de créer la confusion.
L’identité sonore d’une application fonctionne dans cette logique : créer des marqueurs qui distinguent le produit en le qualifiant par rapport à la concurrence. L’habillage sonore fait résonner le service et la marque plus fort dans l’esprit de l’utilisateur-consommateur.
Certaines applications ont bien compris l’enjeu et se sont très vite dotées de sons propriétaires : par exemple l’application de messagerie Facebook « Messenger » ou encore l’application de rencontres « Tinder » qui a fait tout un travail sur son identité sonore.
Un son propriétaire pour laisser son empreinte
Le son amène à imaginer beaucoup de choses, et contrairement à ce que l’on peut imaginer, un son qui dure le temps d’une notification ou de l’ouverture de l’application est déjà significatif.
Si celui-ci est générique, cela n’exprime rien en particulier. S’il est designé pour correspondre à l’univers de la marque et à l’expérience qu’elle souhaite faire vivre, il donne en revanche le ton dès le début de l’expérience et l’exprime à chaque fois qu’on l’entend. Et ce même indépendamment de toute interaction visuelle.
Barclays Bank, a par exemple travaillé le design sonore de son système de paiement sans contact Barclays Card [4]. L’objectif était de signaler que le paiement a bien été enregistré, tout en générant un son simple à retenir qui soit « brandé » Barclays, et qui soit rassurant. Résultats : La marque Barclays a mis en avant son statut de marque innovante une fois de plus, et le son particulier du service a été validé par 100% des personnes interrogées.
Nous avons récemment été interrogés sur l’habillage d’une application de transport pour laquelle l’enjeu était de mettre en avant les notions de simplicité, d’humanité et d’universalité. La marque a souhaité installer un univers propriétaire dès le lancement de sa solution. Nous avons ainsi exprimé ces valeurs à travers un choix d’instruments très spécifiques et de micro-mélodies créées sur-mesure, pour marquer les étapes clés de la navigation.
L’idéal est d’aller un peu plus loin et de conserver une cohérence entre tous les supports de communication de la marque, de façon à créer des repères auprès de l’utilisateur. A l’instar du « rouge Coca », le son laisse une empreinte sur laquelle les marques ont intérêt à capitaliser.
Le son pour rendre la navigation fluide et agréable
Une application a besoin de son pour signifier la prise en compte de différentes actions, pour signaler qu’une action est nécessaire et pour marquer la progression de l’utilisateur jusqu’à son objectif (payer, réserver…). C’est par exemple le cas pour signifier la fin d’un processus : validation, confirmation, échec, temps écoulé… Pour assurer son rôle, la signalétique visuelle ne doit pas être trop encombrée. Penser le visuel et l’auditif comme un système permet de répartir les fonctions signalétiques, pour désencombrer la signalétique visuelle et rendre l’utilisation plus sûre et fluide.
Prenons l’exemple de l’application de rencontre Tinder. Lorsque deux personnes se plaisent (« match »), elles envoient une notification, à la fois sonore et visuelle [5]. Cette notification a été conçue pour refléter un état d’esprit amical, valeur sur laquelle le service revendique de se fonder. Mais c’est aussi un son qui exprime l’optimisme et l’espoir, pour inciter à commencer une conversation avec l’autre personne. La présence du son allège l’utilisateur d’un besoin de motivation, réduisant l’effort psychologique et le courage dont il a besoin pour faire le premier pas, dans la parfaite lignée de la promesse exprimée par le service Tinder.
L’habillage sonore, élément à part entière de la stratégie UX
L’UX design est un domaine dont l’importance ne cesse de croître avec l’augmentation des plateformes multimédia. Lorsqu’on pense à l’expérience utilisateur [6], on oublie souvent de considérer que l’expérience et les émotions ne reposent pas seulement sur la vision, mais aussi sur l’audition.
Pourtant l’habillage sonore est un levier incontournable d’une ergonomie réussie, c’est-à-dire qui parait fluide et naturelle. Par exemple, le son de verrouillage d’un écran iPhone [7], qui renvoie à la fermeture d’une serrure, suggère l’état de sécurité du contenu du téléphone et permet de le distinguer d’un bug.
Fonder un produit sur les besoins de l’utilisateur, c’est prendre en compte ses attentes et ses sentiments. A quel moment ai-je besoin de sons, et pour dire quoi ? Les créateurs de l’application Facebook Messenger par exemple ont bien compris cette problématique lorsqu’ils ont mis en place des sons rappelant une partie de ping-pong. En effet, cela correspond à un imaginaire amical, léger, dans lequel on prend du bon temps, sans être manifestement intrusif… tout comme le revendique Facebook !
Mais attention à ne pas en mettre partout : le principal risque est de tomber dans un excès de sons, qui risque in fine d’être contre-productif. En effet, l’objectif d’un tel travail est d’émettre le son juste, utile, agréable, et au bon moment ! Cette réflexion est notamment essentielle pour les sons qui doivent se répéter souvent.
En définitive, en répondant à ces différents points, les sons peuvent devenir la source d’un lien privilégié entre le service et l’utilisateur. Inconsciemment ou non, l’habillage musical d’une interface numérique permet de créer du lien avec l’utilisateur et à terme une appropriation par celui-ci. Mieux encore, cela peut créer un attachement et donner envie à l’utilisateur de voir ce qui change et de retrouver ce qu’il aime.
Le service de messagerie Slack en est un bon exemple. Son succès remarquable notamment au sein des entreprises démontre que le produit répond aux attentes des utilisateurs et suscite la préférence. Grâce à sa bibliothèque de sons de notification, chacun peut personnaliser son expérience. La légèreté des sons incite à l’enthousiasme et la simplicité, tout en se pliant aux conditions d’une utilisation dans un cadre corporate et actuel.
Pour illustrer ces propos de façon concrète, nous vous dévoilerons très bientôt les résultats de notre projet d’habillage musical d’une application de transport, alors gardez l’oreille ouverte !
Et pour en savoir plus sur comment améliorer votre application grâce au son, n’hésitez pas à nous contacter.
Sources :
[1] Etude Institut Nielsen, 2014
[2] Etude Institut Nielsen, 2014
[5] Article explicatif du sound design de Tinder
[6] UX: les règles à connaître pour une expérience réussie
[7] Écouter les derniers sons de l’iPhone d’Apple (en anglais)