Des marques américaines se joignent aux annonceurs britanniques boycottant le portail vidéo de Google pour éviter de soutenir financièrement des chaînes en faveur de groupes extrémistes.
La crise des annonceurs avec laquelle YouTube doit composer au Royaume-Uni s’étant désormais à un autre marché plus important : les États-Unis.
Rappelons que depuis la semaine dernière, plusieurs grandes marques britanniques – notamment la BBC, Channel 4, Lloyd’s, et McDonald’s – ont suspendu leurs campagnes publicitaires sur YouTube après qu’une enquête menée par le quotidien britannique The Times ait démontré que leurs annonces pouvaient apparaître aux côtés de vidéos aux propos haineux, extrémistes, antisémites, et parfois même liés à des groupes terroristes.
À noter que cette suspension ne s’applique pas dans tous les marchés. En effet, diverses agences publicitaires se partagent généralement la gestion d’une même marque sur chacun de leurs territoires, ce qui explique par exemple pourquoi les publicités de McDonald’s sont toujours visibles au Canada malgré le boycottage de la marque au Royaume-Uni. Dans le cas d’AT&T et Verizon toutefois, ce boycottage implique les campagnes publicitaires destinées au marché américain.
«Nous sommes profondément préoccupés que nos publicités puissent être apparues aux côtés de contenus YouTube faisant la promotion du terrorisme et de la haine.»
Bien que Google ait rapidement réagi au mouvement en promettant de revoir ses outils offrant aux annonceurs de choisir où paraîtront leurs publicités, l’attentat terroriste de Westminster survenu mercredi ayant causé la mort de quatre personnes et revendiqué par l’État islamique a certainement aggravé la situation.
«Nous sommes profondément préoccupés que nos publicités puissent être apparues aux côtés de contenus YouTube faisant la promotion du terrorisme et de la haine», a déclaré un porte-parole d’AT&T. «Jusqu’à ce que Google puisse assurer que cela ne se reproduira plus, nous avons retiré nos annonces des plateformes de Google non liées à son moteur de recherche.»
Selon le magazine Variety, Verizon aurait de son côté immédiatement freiné ses campagnes publicitaires après avoir été informée qu’elles soutenaient financièrement des groupes haineux.
Alors que Google est devenu synonyme au fil du temps d’une entreprise mobile avec Android, spécialisée en intelligence artificielle avec ses multiples initiatives et le projet de voiture autonome de sa filiale Waymo, une grande portion de ses revenus provient néanmoins de la publicité. Des 26 milliards de dollars US de recettes à l’échelle internationale pour le quatrième trimestre de 2016, un peu plus de 22 milliards provenaient de ses activités publicitaires à travers l’ensemble de ses plateformes. C’est d’autant plus vrai pour YouTube, dont la rentabilité n’a été atteinte que depuis quelques années.
«Nous ne commentons pas sur les clients individuels, mais tel que nous l’avons annoncé, nous avons commencé un examen approfondi de nos politiques publicitaires et nous nous sommes engagés publiquement à mettre en place des changements qui permettront aux marques un meilleur contrôle sur l’endroit où peuvent apparaître leurs publicités», a déclaré un porte-parole de Google à TechCrunch. «Nous avons également élevé la barrière d’accès dans nos politiques publicitaires afin de protéger davantage les marques de nos annonceurs.»
Cette crise des annonceurs n’est pas la seule avec laquelle doit faire face YouTube ces jours-ci. Mardi, la filiale de Google a répondu aux inquiétudes de ses créateurs de contenus, dont une large partie issue de la communauté LGBT, à l’égard de certaines vidéos injustement masquées de son mode restreint.