Les chercheurs ont utilisé des échantillons de selles de 8 patients ayant des antécédents sur 2 ans de syndrome du côlon irritable avec diarrhée ainsi que de 5 témoins sains pour coloniser les intestins de souris privées de microbiote, par antibiotique. Un peu d'échantillon fécal de chaque sujet a été transplanté dans 10 souris différentes. A 3 semaines, les chercheurs ont évalué la composition du microbiote intestinal de chaque souris et ont comparé les profils bactériens directement à ceux des selles des participants. Les souris transplantées à partir d'échantillons de participants atteints présentent à la fois un mouvement plus rapide à travers le tractus gastro-intestinal, une plus grande perméabilité intestinale et des types et niveaux de 7 métabolites qui différent vs les souris transplantées à partir de donneurs sains. Enfin, l'équipe constate que les comportements liés à l'anxiété associée au syndrome sont également transmis par la transplantation de microbiote. Cette constatation est issue de 2 tests éprouvés et reconnus pour mesurer les comportements anxieux chez les souris. Plus frappant, les souris colonisées par des bactéries provenant de patients atteints du syndrome mais ne présentant pas de symptômes d'anxiété, n' " héritent " pas non plus de troubles anxieux.
Une bonne démonstration : Les souris privées de " germes " qui reçoivent microbiote fécal de patients atteints du syndrome du côlon irritable se retrouvent avec les symptômes du trouble et développent des comportements anxieux. Cette recherche est ainsi une parfaite démonstration de la fonctionnalité du microbiote et démontre que les bactéries intestinales de sujets atteints du syndrome du côlon irritable peuvent induire à la fois des troubles gastro-intestinaux, mais aussi des troubles anxieux.
Cataloguer les micriobes intestinaux : de là il n'y a qu'un pas pour souhaiter identifier les communautés responsables de ces comportements, ou plus largement associer chaque communauté ou combinaison de communautés microbiennes aux différentes conditions déjà liées ou médiées par le microbiote intestinal : il s'agit donc maintenant de déterminer quelles espèces sont présentes ou absentes pour une condition spécifique mais aussi comment chaque communauté peut influencer directement un certain nombre de résultats physiologiques associés à la maladie.
Nous savons depuis un certain temps que différentes populations de microbes intestinaux peuvent exercer des effets différentiels sur les phénotypes d'anxiété. " Cette recherche pourra conduire à l'identification des bactéries ou des produits bactériens qui peuvent médier ces interactions intestin-cerveau, et donc nous suggérer de nouvelles voies de traitement non seulement pour les troubles intestinaux mais également les troubles anxieux " , concluent les chercheurs.
Science Translational Medicine 01 Mar 2017 doi:10.1038/nature21356 Transplantation of fecal microbiota from patients with irritable bowel syndrome alters gut function and behavior in recipient mice
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