La robe de chambre m'a toujours été grotesque. Vulgaire.
Je n'avais jamais réellement tenté de raisonner la chose.
Ça allait de soi.
La robe de chambre ne serait jamais une chose pour moi.
Comme le golf ou la femme de ménage.
Pas dans la construction de mon être ni dans ma compréhension martienne de la vie sur terre.
Récemment, nous avons passé un bout de temps au condo dans le Nord. Au condotel que nous habitons parfois, il y a plusieurs spas publics. Et tous les condos ont des robes de chambres offertes par l'endroit. Pour ne pas avoir à se promener dans les corridors en maillots, en bedaine, etc. Je ne porte jamais ces robes de chambres. Je porte toujours un gilet. Pas que les robes soient laides, elles sont blanches et sobres, Mais tel que dit plus haut, il va de soi que je ne PEUX pas porter une robe de chambre. C'est un dogme encré en moi depuis les années 70-80. Et avec des amis, quand tout le monde a porté la robe sauf moi, quand on m'a posé la question pourquoi, j'ai répondu que je ne portais pas la robe de chambre car tout le monde avait la même, et qu'une fois dans les spas, il était facile, et fréquent, de confondre sa robe avec celle d'un(e) autre, et comme on y met nos cartes de chambres, la confusion est épuisante par la suite quand on ne peut plus entrer dans nos chambres, puisque sans cartes. Il faut retourner au comptoir d'accueil, faire la file, et gna gna gna...De plus, nous sommes propriétaires, donc nos cartes privilèges propriétaires, entre les mains d'invités, ben ça peut aussi devenir un chèque en blanc pour acheter plein de choses sur place, sur le compte de notre chambre. Pas cher pour eux, cher pour nous.
C'est une raison valable, mais facile à éviter si on place nos choses sur nos sandales, ou avec notre serviette/téléphone, à vue.
La vraie raison pesante était irrationnellement que je ne pouvais quand même pas porter une robe de chambre, c'est beaucoup trop ridicule.
Mais pourquoi? Depuis quand?
J'ai donc replongé mentalement dans ma compréhension de la robe de chambre depuis 1972. Mon père en avait une brune. Que je ne l'ai jamais vu porter. C'était dans le garde-robe de linge inutilisé, et quand on niaisait avec mes soeurs, en se déguisant dans leur linge inutilisé, la robe de chambre était toujours pour incarner un personnage niais et louche. Louche parce que quand un pervers avait choisi de montrer son pénis à mes soeurs à l'arrêt d'autobus, lui aussi, portait une robe de chambre. Dans les années 70, toujours.
Dans les années 80, la télé nous as montré un certain multimilliardaire, Hugh Hefner, qui avait choisi de faire de sa principale tenue quotidienne, la robe de chambre en tout temps. Associant une certaine vulgarité (inconsciente) à la tenue dans ma jeune tête.
Avec le temps, la robe de chambre, mon oeil l'a croisée surtout chez les personnes âgées, ou les gens qui se faisaient masser ou faire faire des soins du corps. Les femmes surtout, et probablement que là aussi, mon inconscient a prêté le vêtement principalement aux femmes et aux gens âgés.
À tous, sauf à moi.
Rien qu'en vous écrivant ceci, deux images me viennent à l'esprit: John Malkovich dans Burn After Reading qui passe du chic et respectable en début de film, à la robe de chambre en fin de film lorsque dans la déchéance mentale, quand il est au plus bas, au niveau social et moral. Puis, Larry David dans Whatever Works,(vieux) personnage détestable de bout en bout du film. Et qui porte fièrement la robe de chambre quand vient le temps de le faire paraître sous son jour le moins favorable face à sa nouvelle belle-mère.
Je dirais que la robe de chambre a pour moi surtout définitivement un effet de "vieux".
Un effet un peu grotesque. Un vêtement qui jette une lumière ridicule sur ma personne.
Et pourtant, je ne trouve pas les autres si ridicules dans le même kit.
Mais moi, c'est comme le kilt, je ne porterais pas. Pas si j'ai d'autres options.
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Entre amis, on se réunit quelques fois pour jammer, pour le plaisir. Rebecca (Becky) Cooper joue du piano (au besoin) ou/et chante (parfois) je gratte la guitare et chante (parfois) et G. Tubudulêhière, le copain de Becky, a une batterie. Jorge, un autre ami, joue de la base.
Habituellement on jamme chez le couple Cooper/Tubudulêhière car, traîner un piano et un drum. c'est peu commode. Mais lundi, on jammait chez Jorge. G. avait amené un minimum de son kit de drum et Becky un petit clavier portatif. Moi, ma guit.
19 mars! Jorge réalisait que nous étions le 20 mars! Il n'avait pas consommé sa dose de lait habituelle. Il lui restait trois pintes et demies de lait, meilleures avant le 19 mars!. Lourd consommateur et adorateur de produits laitiers, je n'ai pas été dur à convaincre de boire une pinte à moi tout seul. G. Tubudulêhière manque toujours de calcium. Il ne s'est pas fait prier pour en boire une, aussi tout seul. Becky a accepté de boire la demie pinte, mais ça a été un gros effort. Jorge a bu la dernière pinte au complet aussi. Mais beaucoup beaucoup de lait, n'a pas le même effet sur tous.
Jorge a eu de sérieuses difficultés gastriques et de digestion. Bien assez vite, son petit appartement est devenu putréfactoire. On jammait dans un parfum cauchemardesque avec forte insistance sur les trois dernières syllabes du mot cauchemardesque.
Après plusieurs morceaux, Jorge a eu besoin de se rendre à la salle de bain pour y faire "plusieurs dépôts à la banque". Il y est resté très longtemps. On lui a fait toute les blagues juvéniles et fécales possibles au travers de la porte. Je laisserai à la salle de bain, ce qui doit rester à la salle de bain, mais disons que Jorge s'est senti le besoin de prendre une douche.
Et en est resorti, pour se présenter à nous en robe de chambre.
Rien pour m'aider à aimer la robe de chambre sur un homme.
Recollant définitivement, et peut-être à jamais, le mot ridicule à la robe de chambre dans ma tête.
La robe de chambre me sera toujours ridicule et grotesque.
D'ailleurs en anglais, on dit dressing gown.
Ce qui reste à une lettre de dressing down.
Je conclus donc que je suis snob de la robe de chambre.