Quand on pousse les battants de la Boule Noire, David Simard est déjà sur scène. L'attention n'est pas encore à son comble, mais David Simard tente quelques mots en français teinté de québécois pour attirer la curiosité. Avec sa guitare aux tonalités chaudes et lénifiantes, le Canadien chante en anglais la mélancolie blues et folk. Il présente The Heavy Wait son dernier album au public de Paris, cette ville où il s'est établit.
Son timbre de voix, sensible, côtoie les cimes et redescend dans des graves avec agilité, courbes harmonieuses qu'il harmonise délicatement avec les accompagnements de guitare, parfois rythmé par un tambourin au pied. Il conclut son set avec " Hard Way To Be ", douce ballade qui finit de nous détendre de l'atmosphère oppressant de la capitale en ce début de semaine.
ISLAND prend la suite. D'emblée, le quatuor dont le 1 er EP est sorti en 2015 installe son univers indie-rock, et ne cache pas son admiration pour leurs grands frères spirituels de Palace. Une énergie dingue et une conviction se dégage de leur set chevelu. Les Londoniens sont venus défendre leur 3 e EP sorti le mois dernier. ISLAND c'est un chanteur-guitariste à la voix rauque et puissante, accompagné d'un classique trio basse-guitare-batterie ultra calé. Des airs de Last Train pour l'énergie qui aurait rencontré Local Natives en chemin pour les rythmes cadencés et les belles mélodies. On s'est pris une grosse claque de talent. Attention, c'est très très bon !
Enfin, Palace débarque. Léo Wyndham, fascinant lead singer et guitariste, bonnet vissé sur la tête dévisage les premiers rangs, le regard incandescent, bien planté dans ceux du public captivé. Il se meut au centre de la scène, encadré par basse et guitare. La batterie est en arrière, classique mais pêchue, et béton. Il raconte avoir un souvenir mitigé de leur dernière venue à la Boule Noire pour le Festival des Inrocks, puisqu'une musicienne d'un des autres groupes présents ce soir-là avait vomi dans sa guitare. Ça ne peut être que mieux pour ce retour en terres parisiennes.
Une chose est certaine : tous les regards convergent vers Léo. Difficile de détourner le regard de ce musicien qui se tortille, se déhanche et vit chaque note qu'il fait vibrer sur sa guitare, ce chanteur qui sourit malicieusement et ne cesse de soutenir les regards fixés sur lui.
Les Londoniens sont venus interpréter les titres de So Long Forever, leur premier lumineux album sorti à l'automne 2016 après deux EPs qui nous avaient largement séduites. En prime de l'additive " Break the Silence ", du tube éponyme " So Long Forever ", des sensuelles et Tinder-iennes " Veins " et Holy Smoke ", le quatuor joue " I'll Find Out " une nouvelle chanson qu'ils lancent à l'occasion de cette nouvelle tournée européenne.
Le public est enthousiaste, et peu à peu, les autres membres du groupe semblent plus à l'aise. Ils se lâchent et restaurent un équilibre avec ce lead singer si charismatique. Les occasions sont nombreuses car Palace est spécialiste ès break instrumental, où le chant des deux guitares aériennes et au son bien électriques se répondent et se mêlent à intervalle régulier. On danse et on plane, alanguis par ces atmosphères oniriques et vibrantes à la Foals des premiers jours. Difficile de ne pas prendre son pied quand une soirée est musicalement irréprochable.
Setlist : Have Faith // Kiloran // Tomahawk // I Want What You Got // Head Above the Water // Break the Silence // Veins // Holy Smoke // So Long Forever // I'll Find Out // It's Over // Bitter // bis : BlachheatPhotos : (c) Emma Shindo