Nos noces rêvées ne meurent jamaisde Jean-Pierre Cannet 3,75/5 (04-03-2017)
Nos noces rêvées ne meurent jamais (104 pages) est paru le 15 févier 2017 (ISBN 979-10-94726-12-9) aux Editions La Renverse.
L’histoire (éditeur) :
« On se souvient l’avoir vu descendre des friches la première fois, hagard et crevant la faim. Le curé n’est pas près de l’oublier ; Chapital lui avait dit : c’est Rose-Monde. Et de Rose-Monde on ne sait toujours rien. On ne saura peut-être jamais.
Cette femme-là c’est le ciel ou l’enfer, ou les deux à la fois ? (…)
Deux yeux brillent au fond d’une cage. Irrésistiblement Chapital s’en approche. La petite bête est toute jeune, pas plus grosse qu’un chat, sans doute à peine sevrée. Ce sont ses yeux, ils ont le dessin, la couleur surtout… »
L’écriture déroutante de Jean-Pierre Cannet tisse des paysages chaotiques, poursuit des itinéraires intimes au carrefour des lumières : des vies fragiles et vibrantes témoignent ici d’une humanité qui se cherche et claque au vent comme la voilure d’un bateau. L’envie de vivre domine, la nécessité de partir en amour, et les destins se croisent pour mieux s’éclairer mutuellement. Un roman vibrant de poésie.
Mon avis :
Un homme se pose à l’église où il s’effondre de fatigue. Chapital, homme propre et sociable, intrigue le village et touche ses habitants qui font de leur mieux pour le remettre sur pieds cet ancien docteur en météorologie qui parle des lieux, des collines avec beauté et enthousiasme. Ainsi rétabli, il s’installe chez le curé, rend quelques services à ceux qui ont besoin de bras, mais il reste toujours muet et énigmatique. Pourquoi est-il là ? pourquoi a-t-il quitté sa vie ? Qui est cette Rosemonde qu’il évoque régulièrement ?
Rosemonde, qu’il retrouve dans le regard d’une bête d’un cirque itinérant. Impossible à quitter, il s’empare de la créature qu’il nomme Le Chin.
De nouveau sur les route, séparé de sa bête, c’est chez Magalu, qu’il trouve refuge une auberge accueillante tenue par un gros bonhomme qui chausse du 33 (et qui cache bien des mystères sous son chapeau) et sa grande fille Zabelle…. Le destin lui fera rencontrer Fifi Dallibert (qui ressemble si peu à ce qu’espéraient ses parents) et Marco Germain (qui rêve de liberté avec sa « Montocieux ») pour former le plus étrange des groupes….
« Là-haut, il s’approche de l’église, lourde femelle de pierre accroupie, toute en hanches. » Page 12
« Les collines de Bourgognes moutonnent à l’infini. » Page 11
Il y a dans ces pages un peu de folie (la belle), beaucoup de tendresse, de la simplicité et de la vie. Avec une écriture imagée, parlante et à l’oreille aussi douce que mélodieuse, Nos noces rêvées ne meurent jamais raconte une histoire d’amour et de rencontres. Une histoire impensable, impossible mais où l’on trouve ce petite quelque chose d’attachant chez les personnages et d’intrigant dans l’histoire pour se laisser porter sur les chemins avec Chapital et ses acolytes, comme si la logique et le bon sens n’avaient plus d’importance, mais que seule comptait la beauté des mots.
« Le soleil et les nuages batifolent, c’est un matin d’ombres et de lumières » Page 40
« L’auberge fume dans la brume, son petit museau fourré sous le toit. Elle est seule, prise entre les plis de l’eau et les bois qui la ceinturent. Maintenant la nuit s’est mise partout, rampante et levée. » Page 47
Un mot sur la maison d’édition :
Créée à Caen par trois amateurs de création littéraire, La Renverse est une maison d’édition professionnelle. Elle développe une ligne éditoriale forte par la conjonction de textes poétiques (poésie et roman) et d’une ligne graphique résolument moderne. Avec leurs couvertures brillantes et leur coupe en biseau au pied, nos ouvrages se démarquent de l’édition poétique traditionnelle et viennent physiquement à la rencontre du lecteur, à la renverse.
Les Editions La Renverse sont nées d’une volonté commune de susciter le désir de poésie contemporaine chez des personnes qui la connaissent peu ou pas. En alliant des textes forts et accessibles à une ligne graphique résolument moderne et attirante, nous espérons séduire des lecteurs de tous âges, de tous horizons, et les amener à découvrir ou redécouvrir le plaisir d’un langage qui s’affranchit de toute servilité, de tout conformisme.
« Convaincus que notre rapport à la poésie commence à se construire dans les premières années de vie, nous proposons, pour moitié de notre catalogue, des textes qui peuvent trouver écho dès l’enfance et devenir objets de partage et de lien entre les générations. Si nous nous sommes tout d’abord consacrés à la poésie contemporaine, nous travaillons actuellement à l’édition de romans (en conservant pour ce genre notre attachement à la poésie du langage). »
Caractéristiques techniques des ouvrages publiés : Format 13 x 20 cm, Papiers intérieurs 100% recyclés : Cyclus 130 grammes ou Cocoon Offset 140 g. ; Couverture sur papier Gmund Value 310 grammes ; Tirage en 500 exemplaires, sur les presses de l’Imprimerie Moderne de Bayeux.
Des livres qui penchent ?
Non, des livres qui attendent d’être attrapés !