Dojnaa est la fille d'un lutteur de légende, jeune femme fière, solide et bien campée dans ce monde âpre des terres du Haut-Altaï en Mongolie.
"Elle était encore un jeune tremble verdoyant, portant une pousse, son enfant. Ses racines tenaient encore bon, résistant aux tempêtes sur le sol de la vie ; pleine de sève, elle s'élevait bien droite au milieu de la forêt des hommes. Quand viendrait la vieillesse, il se pourrait bien qu'elle devienne un temir terek, un tremble d'acier, comme dans les légendes ; elle en était sûre."
Mariée un peu par hasard à un homme qu'elle ne connait pas, sa vie de couple lui semble dans un premier temps "convenable et finalement même supportable." Mais peu à peu l'alcool et la violence s'invitent dans sa yourte et son mari finit par quitter le domicile conjugal. Dojnaa doit alors puiser dans ses racines pour lutter seule pour élever ses enfants et leur fournir l'essentiel.
Dojnaa incarne un peuple puissant, instinctif, un peuple libre qui arpente les steppes mongoliennes en chantant la beauté du monde, un peuple voué à disparaitre happé par la civilisation tentaculaire.
"Pas le moindre souffle de vent, l'air était clair comme le gel. Le monde semblait en éveil. Les lointains se rapprochaient à mesure que le soleil s'élevait vers la voûte céleste et flamboyait de tous ses feux. On aurait dit que les confins de la terre étaient tout retournés, on en distinguait chaque détail. Il en allait de même dans le coeur de Dojnaa. Paix et lumière y régnaient."
A travers ce magnifique portrait de femme, Galsan Tschinag nous donne à voir un monde teinté de spiritualité et de chamanisme, un monde bien plus ancré dans la réalité qu'il n'y parait. Un monde qui ploie sous les appels de la modernisation mais ne rompt pas...
Présentation de l'éditeur : Editions Philippe Picquier
Dojnaa, Galsan Tschinag, roman traduit de l'allemand par Dominique Petit et Françoise Toraille, Picquier poche, 2006, 187 p., 6.50 euros
est consacré aux Editions Philippe Picquier ce mois-ci
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