20 mars 2017 par carmenrob
En parallèle du polar Les Impliqués, j'ai fait la connaissance avec Cécile Coulon à travers cet objet singulier qu'est Les grandes villes n'existent pas. Son but : faire apparaître ces petites communes méconnues qui, par milliers, font de la France ce qu'elle est. Des petites communes comme celle dans laquelle elle est née, a grandi et fait ses études jusqu'au lycée. Le mieux pour vous permettre d'apprécier la fraîcheur de sa plume et de son propos est encore que je lui laisse la parole.
À quinze ans, sans scooter ni permis de conduire, le terrain de football est l'endroit idéal pour échapper à la solitude. Pas une semaine sans que vous ne passiez par les terrains; de la même manière qu'on achète sa baguette à la boulangerie chaque matin, on fait un détour par le stade le mercredi, le week-end. Généralement, on promet de s'arrêter "cinq minutes pas plus" pour discuter. Deux heures après, on est encore là. Comme si les vies de huit cents personnes se tenaient sagement emmêlées dans la main d'un géant d'herbe et de béton, aux couleurs des maillots de l'équipe locale. [...] les communions, comme les baptêmes, les mariages et les enterrements, sont comme un coup de fouet dans les blancs d'oeufs endormis de la commune. La vie monte en neige, les gens se parlent, se rencontrent, rient, pleurent. Et surtout, les cloches de l'église sonnent. La mémoire ressemble à une chambre froide défaillante, incapable de conserver les souvenirs en état, d'ailleurs toujours émaillés par des débris d'imagination.Vous serez peut-être étonnés comme moi d'apprendre que cette jeune auteure française de 26 ans en est à sa neuvième publication et collectionne déjà les prix littéraires. Son dernier roman, Trois saisons d'orage, a été encensé par François Busnel, l'animateur de La grande librairie sur F5.
Cécile Coulon, Les grandes villes n'existent pa s, Seuil, 2015, 112 pages