Les figures de l’ombre

Par Mrvladdy @mrvladdycrane
Les figures de l'ombre (Hidden Figures). 2 heures 06. États-Unis. Drame - Biopic. Sortie en France le 8 mars 2017 (le 13 janvier 2017 aux États-Unis). Réalisé par Theodore Melfi avec Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe, Kevin Costner, Kirsten Dunst, Jim Parsons, Mahershala Ali, Glen Powell, Cullen Moss, Karan Kendrick, Kurt Krause, Maria Howell, Aldis Hodge, Paige Nicollette...

Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l'astronaute John Glenn.
Maintenues dans l'ombre de leurs collègues masculins et dans celle d'un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l'écran.

Avis écrit le 19 mars 2017.

" - Vous devriez être ingénieur.
- Je suis noire et femme. Je ne vais pas envisager l'impossible.
- J'ai un vaisseau spatial au-dessus de ma tête. Nous vivons l'impossible ! "

En voyant la bande annonce du film " Les figures de l'ombre ", j'ai été assez vite tenté par ce sujet. Sans doute pas au point d'en faire une de mes priorités mais malgré ses airs académique et convenu, je pensais que cela pouvait être intéressant. Lorsque l'occasion s'est présentée à moi de le découvrir, je n'ai donc pas trop hésité.

Et au final, c'est typiquement le genre de film auquel je m'attendais. Ça ne veut pas dire que c'est mauvais, loin de là, juste qu'en soit, il n'y a pas eu de véritables surprises dans le traitement de cette histoire. Le scénario écrit par Allison Schroeder et Theodore Melfi, d'après le livre " Hidden Figures " de Margot Lee Shetterly, est intéressant comme je m'y attendais et l'on retrouve tous les thèmes inhérents à ce genre de projet.

Les discriminations en tout genre, la conquête de l'espace, la place de la femme, la force et la détermination pour atteindre ses rêves malgré ses obstacles... Tous les ingrédients sont présent jusqu'aux stéréotypes de l'époque où les patriotes américains, pourtant gangrénés par les inégalités sociales en tout genre, font tout pour combattre les méchants russes qui font surtout peur pour ce qu'ils n'ont pas encore fait mais qu'ils pourront faire parce que c'est des méchants.

Le portrait de cette société de l'époque reste malgré tout efficace. Il y a de l'émotion, de belles valeurs et un humour pas déplaisant qui donne un brin de fraîcheur à cette histoire. Mettre en avant ses femmes de l'ombre qui ont eu une grande part de la réussite de la NASA sur leurs épaules me plait vraiment, je trouve que c'est un bel hommage.

Comme tout hommage, ça ne prend pas beaucoup de risques mais la morale générale est toujours plaisante à entendre surtout à une époque où de nombreuses inégalités et injustice demeure encore. Même prévisible, il y a malgré tout à certains moments une certaine finesse et une certaine intelligence dans les dialogues que j'aime beaucoup.

Devant la caméra, le projet tient la route aussi parce que le trio d'actrice est très convaincant. Taraji P. Henson (Katherine G. Johnson) équilibre pas mal ce groupe d'ailleurs. J'ai beaucoup aimé le côté posé mais combattif de son personnage. Octavia Spencer (Dorothy Vaughan) m'a elle énormément plu pour sa force de caractère qui va la faire avancer afin de se battre pour rester indispensable et toujours ancré dans cette société qui ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Quant à Janelle Monáe (Mary Jackson), j'ai aimé cette fraicheur et cette folie qui fait qu'elle fonce tête baissée puisqu'elle sait ce qu'elle veut faire et ce qu'elle vaut.

Le reste du casting est également très bon. Comme toujours, j'ai beaucoup apprécié le jeu de Kevin Costner (Al Harrison), très charismatique qui s'impose aisément en tant que leader avec ce qu'il faut d'autorité sans jamais en faire trop. Jim Parsons (Paul Stafford) s'en sort lui aussi très bien même si j'ai eu un peu de mal au début à oublier son personnage dans la série " The Big Bang Theory " (l'approche mathématicienne sans doute).

Quel plaisir aussi de retrouver Mahershala Ali (Jim Johnson) qui j'espère va continuer de faire parler de lui. Dommage sinon que l'on n'exploite pas assez Aldis Hodge (Levi Jackson) tandis que parmi toutes les caricatures, celle de Glen Powell (John Glenn) est peut-être celle que je trouve la plus lisse. Seule actrice avec qui j'ai eu un peu de mal, Kirsten Dunst (Vivian Mitchell) ne m'a pas toujours convaincu non plus dans sa prestation.

La réalisation de Theodore Melfi est plaisante. Il n'y a pas de grandes folies visuelles mais le metteur en scène nous plonge de belle manière dans les années 60 américaine. On y ressent une certaine tension avec cette société divisée et en même temps ce fameux rêve américain qui quoiqu'on en dise, est toujours efficace à l'écran.

C'est effectivement académique, c'est très bien cadré et l'on exploite bien les différentes images d'archives tandis que le montage reste bien ficelé. Petit bémol, même si j'ai trouvé ça rythmé dans son ensemble, vers la fin j'ai trouvé que c'était un peu longuet et qu'il était tant que ça finisse. La fin reste néanmoins réussie jusqu'à son classique hommage avec photos d'archives et " qu'est-ce qui sont tous devenues ? ". La musique composée par Hans Zimmer, Benjamin Wallfisch et Pharrell Williams est pas mal sinon et contribue d'une certaine manière à ne pas rendre tout ceci trop poussiéreux.

Pour résumer, " Les figures de l'ombre " est un film sans surprises du début jusqu'à la fin. Rien qu'en voyant la bande annonce et en lisant le synopsis, on devine assez vite ce qui va se passer et comment tout ceci va finir. Le point fort dans tout ça, c'est que dans ce respect très classique et conventionnel, le long métrage reste assez fascinant et plaisant à suivre. Il y a bien quelques longueurs surtout dans sa fin mais dans l'ensemble, j'ai passé un beau moment devant cette histoire qui véhicule de belles morales et par moment, ça fait quand même du bien.