Le récit se déroule dans un petit village d’Okinawa, où d’étranges pleurs s’échappent d’un ancien ossuaire, caché au milieu d’une falaise, alimentant depuis près de quarante ans de nombreuses rumeurs. Attiré par le mystère qui entoure ce crâne qui émet des sons qui font froid dans le dos, une bande de gamins du coin se lance comme défi d’escalader la falaise.
À l’occasion de la commémoration de la bataille d’Okinawa, un journaliste d’une chaîne de télévision s’intéresse également à la légende de ce crâne qui aurait appartenu à un kamikaze. Un agriculteur de la bourgade s’oppose cependant fermement à ce projet de reportage…
Ce crâne qui transforme le vent en pleurs n’est qu’un prétexte utilisé par l’auteur, lui-même originaire d’Okinawa, pour nous parler de son île tout en abordant des thèmes beaucoup plus délicats, tels que les dégâts psychologiques causés par la guerre, le devoir des kamikazes ou l’humiliation de la défaite et de la reddition du Japon. Les pleurs du crâne iront même jusqu’à symboliser les souffrances générées par la dernière bataille de la Seconde Guerre mondiale. Même quarante ans après, ce conflit a laissé une empreinte indélébile, que ce soit sur le journaliste et l’agriculteur, qui ont tous deux vécu la bataille d’Okinawa d’une perspective différente, ou sur cette génération suivante qui part à l’assaut de cette falaise et de tout ce qu’elle représente.
Le style typiquement japonais, empli de poésie et d’onirisme, de Medoruma Shun est de toute beauté et contribue à nous conduire tout en douceur au cœur des pleurs générés par cette guerre. L’écrivain ne manque pas non plus de nous décrire son île avec passion et grande précision, décrivant chaque parcelle de la nature et restituant l’humidité et la chaleur de la contrée d’Okinawa.
Un roman court, sensible et puissant !
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