On finit par suivre la lumière
qui nous bouleverse parfois
à travers un geste
sentir que rien ne viendra
sinon quelque désastre
On finit par ne plus voir
les percées du vide
on oublie ce visage
qui n’a jamais existé
ailleurs que devant soi
On s’ouvre au silence qui revient
ne plus répondre au bruit des pas
ne plus croire qu’on a aimé
soutenir un instant
la beauté de nos vies
Plus rien n’est lié soudain
plus rien ne s’accomplit
tout redevient fragile
On finit par ne plus entendre
que ces mots accidentés
appelant sans relâche
ce qui n’est jamais venu
et ne viendra jamais
On finit par dire qu’on est là
faire signe parmi nos absences
ne plus fuir la mémoire
des failles qui nous blessent
ces manques de tendresse
On finit par sentir le temps
qui replie nos regards
lentement les referme
comme une blessure
dont on ne parle plus
Plus rien n’est lié soudain
plus rien ne s’accomplit
tout redevient fragile
Sur ce manque sans fond
se dire qu’il y a quelqu’un
quelqu’un au bout des mots
on se souvient soudain
de ce qui fut approché, effleuré
du désir dans lequel nous jette un corps
On finit par répondre chaque fois
à ce qui peut encore venir
on finit par se souvenir
qu’il y eut quelqu’un
quelqu’un derrière le désastre
Et puis l’on finit par guérir
de ses premières questions
toutes restées sans réponse
dans un regard perdu
sur un nouvel amour
Quand tout se démêle enfin
que tout s’accomplit
tout redevient fragile
Hélène Dorion
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