Le public parisien pourra découvrir, jusqu’au 1er avril, les œuvres de Natacha Mercier dont l’exposition « Vasistas ? » est accueillie par la galerie Vitrine 65 / Joan Font (65, rue Notre-Dame de Nazareth). « Vasistas ? » avait, l’été dernier, attiré de nombreux visiteurs au CIAM La Fabrique de Toulouse. Les peintures sur toile ou panneaux d’aluminium proposées ici, moins nombreuses car la galerie ne dispose pas des très grands volumes de La Fabrique, n’en restent pas moins tout à fait représentatives ; elles s’offrent comme autant d’invitations à laisser le regard du spectateur s’apprivoiser devant une forme d’inconnu.
Il faut en effet un travail de l’œil pour voir apparaître, derrière ce qui pourrait sembler un monochrome (blanc, le plus souvent), l’image a priori familière d’un classique de l’histoire de l’art, comme La Naissance de Vénus d’Alexandre Cabanel, le Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp, Léda et le cygne de François Boucher (ici décliné trois fois), Le Déjeuner sur l’herbe de Manet, le Portrait présumé de Gabrielle d’Estrées et de sa sœur (Ecole de Fontainebleau) ou La Femme aux bas blancs et, bien sûr, L’Origine du monde de Courbet.
Tout cela ne relève, cependant, que d’une illusion. Car, lorsque la lumière joue son rôle, lorsque l’œil se familiarise, on découvre que ces scènes classiques ont en fait été minutieusement reconstituées avec des modèles contemporains. Plus étrange encore, jouant sur les genres, l’artiste n’aura pas hésité à substituer un homme à une femme (et réciproquement) pour brouiller les pistes qui auraient pu conduire à une rassurante certitude. L’effet de surprise est alors total.
Il y a, dans ce travail, non seulement une réflexion sur l’Art et les passerelles qu’il dresse entre les créateurs et leurs époques respectives, mais encore une approche à la fois subtile et subversive sur le visible et l’invisible, sur l’érotique des corps, servie par le réel talent de la plasticienne.