« Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde » disait le philosophe du langage Wittgenstein. Les mots définissent notre vision du monde.
Ces limites nous les rencontrons parfois dans l’impossibilité de traduire certains mots issus d’une autre langue, il existe différents dictionnaires recensant cet écart infranchissable entre une culture et une autre voir ici et là. Vous trouverez quelques extraits ci-dessous.
Le premier mot, c’est tout simplement « innovation », que j’accompagne d’une question : « Quelle est votre définition de l’innovation ? » Oui la question peut sembler évidente, pourtant je croise encore des entreprises qui parlent d’innovation mais qui ne l’ont pas définie.
Pour vous faire une idée, posez la question à votre équipe « c’est quoi innover pour nous ? » lors de votre prochaine réunion.
Le deuxième mot (qui n’existe pas), c’est « innerpreneur » ou « innerpreneuriat » (en complément d' »entrepreneur » et d' »intrapreneur »).
Quelle est la spécificité du mot « innerpreneur » ? de s’interroger sur l’intention, la motivation, la créativité, la personnalité, l’énergie de cet entrepreneur ou intrapreneur.
Quel est l’intérêt ? Je partage trois pistes (sur lesquelles je reviendrai plus longuement dans un autre billet à venir) :
- Requestionner la créativité d’un projet entrepreneurial ou intrapreneurial au démarrage.
La particularité d’un projet jugé « très innovant », « en rupture », c’est le jugement a posteriori, une fois qu’il est lancé, une fois que l’idée a fait la preuve de son caractère disruptif pour une industrie, un secteur.
Certaines voix commencent à noter une dérive de la « mass-production d’entrepreneurs » via incubateurs ou autres formats avec faibles ou peu de retours financiers associés.
Les deux chercheurs W. Edward Mc Mullan et Thomas P. Kenworthy se sont intéressés au lien entre créativité personnelle (capacité de destruction créative en amont) et performance financière d’un projet entrepreneurial en analysant et dédupliquant plusieurs études existantes (environ 70).
Leur réponse est positive : la créativité personnelle du porteur de projet agit sur la performance économique du projet. - Dépasser le silo de l’innovation responsable et le reste de l’innovation.
Ce silo fait perdurer deux visions économiques de l’innovation : une innovation sur laquelle on ne s’attend pas à faire de résultats et une autre qui doit engendrer des bénéfices. Les marchés et nos modes de pensée sont configurées selon ce cadre.
Pour caricaturer la situation, les fondations et associations soutiennent les projets d’innovation sociale et les entreprises soutiennent les projets d’innovation « classique ».
Cette dichotomie se retrouve de fait dans l’étude menée par Randstad sur la motivation principale des entrepreneurs « réaliser un projet »…utile ?
Les prochains business modèles les plus innovants seront ceux qui réconcilieront les deux intentions (le modèle des plateformes coopératives en donnent par exemple un aperçu), mais aussi les deux espaces au sein même d’une organisation : ce qu’il se passe dans une fondation et dans son incubateur.
Peut-être cela nous amènerait-il également à changer également le vocable « responsable » pour innovation « bienveillante » ou « élégante » ? - Se reposer des questions
Le troisième mot ? Règles du jeu (innovation)
Vous avez certainement vu passer quelques « Culture Codes » sur les réseaux sociaux, une sorte de X commandements de la culture innovation d’une entreprise, ou des petits messages atypiques de bienvenue pour te signifier que tu intègres une équipe innovante et cool
Pour celles ou ceux qui aiment bien la version Gif mais ne maîtrisent pas encore ;-), je partage selon moi le meilleur « culture code » innovation que j’ai pu voir (sur une centaine environ) car « tout y est »
- il ne vient pas d’une grande entreprise
- il s’adresse à des enfants
- il est édité par l’une des références actuelles en innovation de l’éducation, AJ Juliani