(anthologie permanente) Fabienne Raphoz, "le migrateur lisse l'air"

Par Florence Trocmé


   mon-t fuji
à la mémoire de mon père
Matin

Pas besoin d’être aussi grande
qu’elle pour le voir il suffit d’être
   là

chaque jour, le pays
se tourne vers le soleil
Ramuz dit :
« c’est le soleil qui est sorti »
moi, je suis la trouée
sur la montagne
jusqu’à la mer en surface
et sous les surrections
/
Mystique

la montagne se montre
/
Traversée des Alpes

le migrateur lisse l’air
aux cols
pas la roche
ni l’hiver

et la vigueur légère
du vulcain
/
Grand Tour

« J’aimerais les Alpes s’il n’y avait
   les montagnes
   (John Spence, 1730)
« La montagne est un état d’âme »
   (William Beckford, 1783)
« La montagne est un terrain de jeu
   (Les Alpes vues du ciel, Arte, 2011)
/
Au pré carré

La ville avance   sans la ville
un bruit épais
contredit   la vue
l’abeille n’entend pas
les chiens
se mettre à sa hauteur
gesse   jaune
   gazon gris

enfermé le bruit
de la balme   dans la racine
parler la langue
du migrateur ?
Fabienne Raphoz, Blanche baleine, Héros-Limite, 2017 (mis en vente le 21 mars), 96 p., 16€, pp. 41 à 45.
On peut écouter ici un extrait de ce livre lu à haute voix
bio-bibliographie,  jeux d’oiseaux dans un ciel vide, augures (P. di Meo), jeux d’oiseaux dans un ciel vide (Georges Guillain), ext 1, "Terre sentinelle", par Florence Trocmé