Posez-vous bien la question : « Mais qui suis-je ? Celui ou celle de ce matin, celui ou celle d’hier, celui ou celle de la semaine dernière ? » et observez. Bien des fois, vous avez pris une décision et, quand il a fallu exécuter cette décision, vous ne compreniez plus pourquoi vous l’aviez prise. Bien des fois, vous avez voulu une chose et, quand cette chose s’est réalisée, vous n’étiez plus celui qui l’avait tellement voulue.
Chacun doit regarder ceci pour soi. La première constatation est celle de cette instabilité, le contraire de l’immuabilité. La seconde constatation est celle de cette complexité, le contraire de la simplicité. Pendant longtemps, un être humain est vraiment fait de pièces et de morceaux, psychologiquement, mentalement, émotionnellement. La première étape, c’est d’abord de perdre des illusions bien ancrées – qu’on peut perdre très vite intellectuellement, mais qu’on ne perd pas vitalement – sur une prétendue unité et une prétendue stabilité.
Quand vous aurez observé que vous (pratiquement) vous n’existez pas, la question « Qui suis-je ? » prendra un sens concret. Pas : « Je vais méditer, méditer, demander qui suis-je, frapper à la porte du cœur, et un jour l’atman va se révéler. » Non, tout de suite, la question se pose, et tout de suite, des éléments de réponse vont commencer à venir.
« Mais qui suis-je donc ? » La question est toute simple.
Arnaud Desjardins
Le vedanta et l’inconscient
À la recherche du soi III
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