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L’action de la BCE est une condition sine qua non de la stabilité du système financier de la zone euro. La politique monétaire ultra accommodante de M. Draghi demeure indispensable pour garantir l’homogénéité de la reprise. Un arrêt précipité des politiques non conventionnelles risquerait d’entraîner une hausse de l’euro, préjudiciable pour l’activité des entreprises à l’exportation. Même si les conditions financières des entreprises se sont améliorées et que les projections de croissance restent bien orientées. Toutefois, l’objectif d’une progression des prix à la consommation, se situant durablement autour de 2.0% en rythme annuel, ne sera pas atteint avant 2019, et probablement au-delà. Par ailleurs, l’existence de capacités excédentaires sur le marché du travail (le taux d’activité n’a toujours pas récupéré son niveau d’avant crise - 65% fin 2016) milite en faveur d’une rigidité à la hausse des salaires et in fine de l’inflation sous-jacente (mesure d’inflation particulièrement suivie par la BCE). Il existe un parallèle assez frappant entre les cycles européen et américain. Un décalage conjoncturel d’au moins quatre ans peut être observé. Ainsi, après la crise financière de 2007/2008, le pic du taux de chômage a été atteint très rapidement aux Etats-Unis, dès octobre 2009 alors qu’il n’a été mesuré en zone euro qu’en avril 2013 ! Idem pour le point bas sur le taux 10 ans qui a touché ce niveau dès juillet 2012 aux Etats-Unis alors qu’il n’a été observé en Europe qu’en septembre de l’année dernière.
Le calendrier des banques centrales reflète aussi ce décalage : le lancement du QE1 remonte à novembre 2010 outre-Atlantique alors que la BCE a attendu janvier puis mars 2015 pour passer à l’acte. Le début du « tapering » de la Fed (sortie progressive du QE) date de décembre 2013 et il ne devrait pas intervenir avant début 2018 en Europe. Enfin, si Janet Yellen a entrepris son premier relèvement de taux en décembre 2015, la BCE pourrait attendre le premier semestre 2020 pour le faire. En tout état de cause, Mario Draghi n’a aucune raison d’infléchir à court terme sa politique accommodante au cours des prochains mois.
A propos de l'auteur : Mabrouk Chetouane estresponsable de la recherche et de la stratégie chez BFT Investment Managers.