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Pour être honnête, j'aurais passé sous silence la mort, à 77 ans, de l'écrivain américain Robert James Waller s'il n'avait écrit Sur la route de Madison. Pour aller jusqu'au bout de cette logique, le fait qu'il a écrit Sur la route de Madison aurait dû être une bonne raison pour le laisser disparaître sans bruit. Mais je pense à vous, qui peut-être avez été émus par le film qu'en a tiré Clint Eastwood.
Avant le film, il y eut donc le roman. Ma lecture, en 1995, quand il a été réédité au format de poche, n'avait pas déclenché chez moi un enthousiasme débordant. Mais j'y avais pressenti un potentiel cinématographique. Me voilà devin...
«Certaines chansons sont portées par l'herbe bleue et la poussière de mille routes de campagne. Automne 89, une fin d'après-midi. Assis à mon bureau, je regarde clignoter le curseur de mon ordinateur quand le téléphone sonne.»
Voilà comment débute un des plus grands succès de la littérature américaine des dernières années. Du moins appelle-t-on cela littérature si on le désire. Du sentimentalisme à pleines louches, de quoi peut-être donner naissance au scénario d'un bon film, mais pour que ce soit un bon livre il y faudrait un talent que Robert James Waller ne montre pas ici.
Si on se contente d'une belle histoire, si on pleure à peu de frais, si on n'a pas besoin d'une écriture qui transcende le réel - cela fait, évidemment, beaucoup de conditions -, alors il n'est pas interdit d'aimer Sur la route de Madison.