La nuit autour de moi se fait plus obscure,
Les vents sauvages soufflent, plus froids,
Mais un charme tout puissant me lie,
Et partir, partir, je ne le peux.
Les arbres géants abaissent
Leurs branches nues, pesantes de neige,
Et la tempête va grande erre,
Et cependant je ne puis partir.
Nuages au-delà, nuages au-dessus de moi,
Solitudes au-delà, solitudes plus bas,
Mais nulle désolation ne peut m’émouvoir,
Je ne veux pas, je ne peux pas partir.
*
The night is darkening round me,
The wild winds coldly blow;
But a tyrant spell has bound me,
And I cannot, cannot go.
The giant trees are bending
Their bare boughs weighed with snow;
The storm is fast descending,
And yet I cannot go.
Clouds beyond clouds above me,
Wastes beyond wastes below;
But nothing drear can move me;
I will not, cannot go.
November 1837.
***
Emily Brontë (30 juillet 1818 Thornton – 19 décembre 1848 Haworth) – Traduit de l’anglais par René Char – La planche de vivre (Poésie/Gallimard, 1995)
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