Exposition “Gérard Rondeau dans l’intimité du monde” | Espace Paul Rebeyrolle – Eymoutiers (87)

Publié le 10 mars 2017 par Philippe Cadu

Du 12 mars au 21 mai 2017 - Vernissage samedi 11 mars à partir de 17h30

https://www.espace-rebeyrolle.com/

L'Espace Paul Rebeyrolle rend hommage à l'ami, à l'exceptionnel photographe et réalisateur GÉRARD RONDEAU décédé le 13 septembre 2016.
L'exposition est un parcours sensible aux côtés de Gérard Rondeau, du photographe engagé, de l'habitant du monde, de l'ami intime de la terre des hommes.
Portraits d'artistes ou d'anonymes, coulisses des musées ou paysages troublants, Gérard Rondeau est présent dans chacune de ses photographies. Ce voyage à travers ses images donne à voir, au-delà du regard de Gérard Rondeau posé sur le monde, ouvert sur les mondes, ce qui est immortel dans ce regard, d'empathie, de finesse, de tendresse rigoureuse, un regard sensible et conscient, sans concession et sans jugement.
Le regard d'un homme et le regard d'un grand artiste.
Cette exposition est la première depuis sa disparition.
Elle sera accompagnée de son dernier livre J'avais posé le monde sur la table (Éditions des Équateurs) ainsi que d'une plaquette éditée par l'Espace Paul Rebeyrolle.

Au coeur du monde de Gérard Rondeau
[...]
À quoi reconnaît-on un artiste ? À son monde bien sûr qui ne ressemble à aucun autre, immédiatement identifiable, à la façon dont il impose son imaginaire dans une lutte aussi intense que celle de Jacob avec l'ange. J'ai toujours été sidéré par la force de création de Gérard Rondeau. Et pourtant il ne travaille qu'à contre-ciel, dans la légèreté, la discrétion même dans les villes en guerre comme Sarajevo. Physiquement, il ressemble à un grand oiseau, moralement il est un être audacieux, secret, lui qui révèle pourtant l'essence d'un paysage ou d'un portrait, la tragédie ou le cri d'une situation.
Il photographie les écrivains en écrivain, les peintres en peintre, les pays en géographe. Il court vers tous les continents, l'Asie, l'Afrique, l'Amérique. Il aime Tanger, le Bénin ou Reims (sa ville), l'électricité de New York, les bulles de Champagne. Il est toujours en effervescence, en mouvement, attrape ses sujets au vol, presque par effraction. Il glisse sur la vague. il se déplie, se déploie et au dernier moment, dans une étrange accrobatie qui n'appartient qu'à lui, montre l'évidence de la beauté. Est-il figuratif, surréaliste, abstrait ? Il traverse autant de métamorphoses que l'eau et ses reflets. Ses tableaux auraient pu accompagner Nadja de Breton ou L'Afrique fantôme de Leiris. Gérard Rondeau photographie comme un esprit à nos trousses.
Et pourtant, il me semble que j'ai connu Gérard Rondeau entre le XXème et le XXIème siècle. Il habitait sur les bords de Marne une tour en léger déséquilibre. Les piles de livres y formaient des tours de Pise en papier. Non loin de la cheminée et du feu où se réchauffe les pénates, des souvenirs de voyages disposés selon une symbolique étudiée.
Entre ici, voyageur éberlué ! Approche du grand feu. Au dehors, il neige. Regarde comme les silhouettes dansent sous l'oeil gitan de Gérard Rondeau. Cendrars tend sa main amie à Daumal : " J'ai en moi-même ce qui me rend heureux et distant / Et que je porte et qui m'élève ".
Olivier Frébourg
extrait de J'avais posé le monde sur la table, Gérard Rondeau,
Éditions des Équateurs, Paris 2015
Espace Paul Rebeyrolle, route de Nedde, 87120 Eymoutiers Téléphone +33 (0)5 55 69 58 88
Ouvert tous les jours : 10 h à 19 h jusqu'au 31 août |10 h à 18 h à partir du 1er septembre