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« Terminus Elicius » de Karine Giebel

Par Douceurlitteraire

« Terminus Elicius » de Karine Giebel

Je vais vous présenter aujourd’hui une lecture que j’ai beaucoup aimé. Ce livre m ‘a fait penser au roman « La fille du train » de Paula Hawkins: une jeune femme dans un train, une jeune femme perdue et cherchant un sens à sa vie…

Quatrième de couverture:

« Ma chère Jeanne, 

J’aimerais que vous m’aimiez comme je vous aime. Mais, pour m’aimer, il vous faut me connaître. Savoir ce que je suis… Certains diront un monstre. D’autres chercheront des explications lointaines, surgies de mon passé. 

Beaucoup jugeront, condamneront. Mais qui comprendra vraiment? Vous, je l’espère. 

Hier soir, j’étais avec une autre femme que vous. Mais je ne suis pas resté longtemps avec elle.

Juste le temps de la tuer… »

Mon avis:

Ce roman est très bien mené  et le suspens y est bien présent.

Jeanne travaille pour la police mais plutôt dans le secrétariat. Elle vit toujours chez sa mère malgré sa trentaine mais cette dernière exerce une pression pour qu’elle ne l’abandonne pas. Jeanne n’a pas d’homme dans sa vie, son quotidien est réglé comme du papier à musique: elle prend toujours le même train le matin , idem le soir et toujours à la même place. Des habitudes dont elle ne dérogerait pour rien au monde. Lorsqu’elle découvre une lettre sur son siège un soir dans le train et qu’elle découvre un mot d’amour, son cœur bondit dans sa poitrine. Un admirateur qui sait lui dire les mots qu’elle souhaite entendre. Mais la surprise fait place à l’horreur lorsqu’elle apprend que cet homme n’est autre que le tueur en série activement recherché par la police où elle travaille.

Va s’en suivre une troublante correspondance entre Jeanne et cet assassin. Partagée entre sa morale et ses sentiments, Jeanne va vivre l’enfer tout en découvrant le plaisir des mots attentionnés à son égard.

Jeanne est un personnage très touchant. On découvre son histoire petit à petit  et l’on y apprend les raisons de ce retranchement et de cet isolement dont elle fait preuve.

Le tueur quant à lui est habile et sait attendrir quand il faut. Un magnifique manipulateur doublé d’un homme brisé.

Un roman très bien écrit qui m’a fait passer un excellent moment.

Bonne lecture!

Petit extrait:

« En écrivant cela, je m’aperçois à quel point  mon âme est noire. A quel point  l’espoir s’est éloigné de moi, il y a longtemps déjà. C’est venu comme ça. Petit à petit, jour après jour. Ça s’est installé  doucement, sans que j’y prenne garde.

A force de trahisons, de mesquineries, de mensonges. Ces petites choses qu’on peut choisir de ne pas voir mais que moi, je ne parviens pas à occulter. Ces petites choses qu’on peut choisir d’oublier alors que moi, je les range méticuleusement dans ma tête.

Et puis il y a les images. Indélébiles. Gravées dans mon cerveau à l’encre rouge.

Ces images de guerres, de tueries. De massacres, de charniers.

Ces lapidations, ces excisions, ces oppressions. Ces viols. Ces séparations, ces exils, ces solitudes.

Les gens qui tendent la main dans le froid ou l’indifférence. Les deux, souvent.

Les arbres qui tombent, les terres qui se désolent, la glace qui fond.

Ces images de corridas, d’abattoirs, de vivisection.

J’ai l’impression que ceux qui m’entourent arrivent à fermer les yeux face à toutes ces horreurs. Qu’ils te disent que ce n’est pas grave, que ça ne les concerne pas.

Moi, tout me concerne. Tout m’atteint de plein fouet.

Quand je vois cette souffrance, je la ressens au plus profond de moi. C’est comme si c’était moi qu’on blessait. Moi qu’on torturait. Moi qu’on tuait.

  J’ai mal, si fort et si souvent. Mon cœur déborde d’indignation, de détresse, d’incompréhension.

Ces idées noires ont grandi en moi de façon alarmante. Au point que j’ai déjà songé à en finir. A abréger ma courte vie pour ne plus avoir mal. »

« Terminus Elicius », Karine Giebel, Editions Belfond, Novembre 2016, 336 pages. 


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