Frédéric Laloux : l’ego adore les réunions

Publié le 10 mars 2017 par Diateino

La réunion : quelle belle scène pour notre ego ! Il peut s’y déployer à loisir, se mettre en avant et se confronter aux autres ego tout en tirant des bénéfices personnels : nous avons le sentiment au sortir de la réunion que nous avons su jouer le jeu de l’entreprise.  Telle objection, plus ou moins fondée, nous a permis de démontrer notre assertivité et d’attester de notre leadership. Telle remarque pernicieuse, qui a mis notre collègue du marketing en difficulté, a indubitablement prouvé que nous maitrisons mieux ce sujet que lui…

Pourtant ces jeux d’ego sont des jeux où tout le monde perd. Au final, ils sont dommageables pour tous, tant pour les collaborateurs que pour l’organisation. De fait, nous avons mis de côté notre authenticité, nos valeurs, nos aspirations profondes pour briller quelques minutes et la réunion ne s’est pas avérée aussi fructueuse qu’attendu.

Comment sortir de ces comportements contre-productifs ? Frédéric Laloux a quelques éléments de réponse. Il a observé 12 organisations, à but lucratif ou non, qui ont choisi de complètement repenser leur mode de management. Il partage ses observations et recommandations dans l’ouvrage Reinventing Organizations. Ces organisations ont en commun de chercher à créer les conditions de la plénitude au travail, de faire en sorte que chacun puisse tomber le masque et contribuer de façon authentique. L’une de ces organisations a trouvé un moyen simple de limiter ces jeux d’ego en réunion.

Découvrez comment Heiligenfeld, un réseau d’hôpitaux psychiatriques allemand de 800 collaborateurs, utilise une paire de cymbales tibétaines pour y parvenir !

« L’ego adore les réunions : raison de plus pour en changer l’approche.

Chez Heiligenfeld, il y a toujours dans la salle une paire de petites cymbales, des « tingshas ». Une réunion commence toujours par la question : 

  •  » Qui va sonner les cymbales aujourd’hui ? 
  • Je veux bien aujourd’hui. »

Je participe à la réunion comme les autres, mais j’ai un rôle de plus : chaque fois que je sens que c’est l’ego qui parle ou que la discussion prend une direction dangereuse… Je sonne.

La règle est que personne ne peut parler avant que le son des cymbales ne se soit éteint – et c’est incroyablement long. Pendant ce temps, chacun réfléchit en silence à ce qui est en train de se passer. Presque toujours, cela suffit à remettre la réunion sur les rails.

Les salariés sont maintenant tellement habitués à ce rituel qu’il est rare que les cymbales sonnent. On m’a raconté que bien souvent, il suffit que quelqu’un commence à tendre la main pour les attraper pour que celui qui parlait dise : « D’accord, tu as raison, excuse-moi ». Cela continue de m’émerveiller : chacun a son ego, bien sûr, mais il a appris à le dompter. Imaginez : des réunions sans ego. Il m’arrive de rire quand je me rappelle les comités exécutifs auxquels j’ai été invité dans des entreprises conventionnelles. Si l’on avait eu recours aux cymbales, on n’aurait entendu qu’elles pendant toute la réunion ! ».

Et vous, quel rituel simple pouvez-vous mettre en place pour limiter les jeux d’ego ?