Depuis le départ en retraite de mon collègue EDGAR SOULIER c est ETIENNE KLEIN qui a repris à SACLAY la direction des « Colloques de l’ORME » ;N e vous étonnez donc pas qu’Etienne attiré par la PHILOSOPHIE DES SCIENCES cherche des conférenciers plus dans son style !
Nous avons donc eu la présentation du sujet « Post-vérité ….Ou la démocratie des crédules » présentée par GERARD BRONNER
Ce dernier est professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, auteur de plusieurs ouvrages sur les croyances collectives et la cognition dont notamment « L’empire des croyances » , « La pensée extrême : comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques » et « La démocratie des crédules » ….. Mes lecteurs n’ignorent pas que je discute ici sur LE NOUVEL OBS précisément sur ces sujets avec le Dr GEORGES FADHUILE ( pseudo « Connaissance ») qui a lui-même publié « Sous l'arbre de la connaissance. " Quand l'homme ne sait plus comment savoir, il croit. "L'homme ne peut vivre sereinement que dans un espace éclairé et compréhensible. Quand l'homme ne sait plus il se met à croire …. »...
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Nous avons donc traité du sujet pendant presque une heure et je signale à mes lecteurs qu’ il suffit de s’inscrire auprès d’Etienne et que l’accès à SACLAY / L ORME EST LIBRE
QU EST-CE QUE LA POST VERITE ???? Il dérive du mot anglais post-truth
JE CITE L AUTEUR : « En se servant du terme de « post-vérité », on semble dire que les gens sont devenus indifférents à la vérité,…. « Je préfère la démocratie des crédules… »
Et plus précisément encore Il explique : « Il existe, au moins métaphoriquement un marché cognitif, un espace fictif, où rentrent en concurrence des propositions intellectuelles qui viennent de milieux sociaux très différents, et, sur ce marché, il y a quatre catégories d’acteurs qui font circuler des informations fausses : ceux qui le font en sachant qu’elles le sont, simplement pour mettre du bordel dans le système ; ceux qui le font par militantisme idéologique afin de servir leur cause ; ceux qui le font pour servir des intérêts politiques, économiques ou même personnels ; enfin ceux qui le font en croyant qu’elles sont vraies, et c’est à leur propos que se pose le plus la question de la post-vérité. »
L’auteur nous propose un exemple intéressant d’un certain quidam annonçant sur INTERNET les massacres de PARIS 2 jours avant qu’ ils n’aient lieu ! Et nous serions prêts a penser soit qu’ il était au courant et qu’ il s’agissait d’un complot soit que le QUIDAM c’était MME SOLEIL !
ET BIEN NI L UN NI L AUTRE ! Il se complaisait à faire du buzz en diffusant le même style d’annonce internet pour N lieux différents …..
L’auteur montre ( je cite son interview ) que ; « Le développement d’Internet ainsi que des réseaux sociaux, qui nous donne accès à une information pléthorique et dérégulée, ne nous a pas transformés. Il révèle simplement un secret de polichinelle que les idéologues ont toujours voulu caché. Ce secret, c’est notre médiocrité commune, notre avarice intellectuelle et cognitive, notre disposition à la crédulité. »
…… » Cela ne signifie pas que nous sommes fondamentalement irrationnels, seulement que nous ne sommes pas des sujets omniscients, que notre rationalité est limitée. »
et encore :….. « :Enfin, il existe un vaste domaine qui est celui auquel je m’intéresse le plus, celui des limites cognitives de notre rationalité. Notre cerveau est formidable, mais il est limité quant à ses capacités d’abstraction, de mémorisation, d’anticipation des probabilités, de traitement des problèmes. La liste des biais cognitifs est longue : biais de confirmation – nous sommes plus sensibles aux informations qui vont dans notre sens qu’à celles qui nous contredisent –, négligence de la taille de l’échantillon, confusion entre corrélation et causalité… »
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Comment pouvons-nous arriver à distinguer le vrai du faux ?
L auteur propose : « La meilleure défense est de les soumettre au marché de l’information le plus exigeant, c’est-à-dire celui de l’information scientifique et d’appliquer la pensée méthodique. Se demander, chaque fois qu’une idée ne nous apparaît pas bien assurée, d’où elle vient et quelles sont les sources, de quelles informations je dispose pour l’évaluer, si j’ai bien établi des informations multiples et contradictoires afin de pas tomber dans les biais de confirmation, si j’ai explicité mes a priori intellectuels et culturels, même s’ils ne sont pas nécessairement faux, si j’ai envisagé la possibilité d’erreurs de raisonnement, si je n’ai pas laissé pas mon croire être contaminé par mon désir. »
La discussion qui a engagé des auditeurs scientifiques est allée dans ce sens car n’oubliez pas que l’un des colloques précédents concernait l’évolution du climat , présentée par mon autre confrère ingénieur et collègue de SACLAY JEAN JOUZEL ;; Il s’agissait donc de savoir pourquoi une connaissance scientifique comme la climatologie pouvait prêter le flanc elle aussi à des attaques internet ou par média
En résumé : excellente conférence !