Exposition «Ut pictura poesis» anbart | Galerie Sophie Julien – Béziers

Publié le 10 mars 2017 par Philippe Cadu

Du 10 mars au 2 avril 2017 - Vernissage vendredi 10 mars dès 18h30

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C'est pour moi un honneur que d'exposer anbart (sans majuscule), son humilité n'a d'égale que son immense sensibilité et la subtilité plastique de sa peinture.
Nous proposerons aussi quelques unes de ses sculptures, ses installations dans des boîtes et des oeuvres sur papiers.

" Ut pictura poesis "

Ancien cheminot, André Barthès a toujours été curieux de poésie, ouvert aux écritures les plus incisives de Joe Bousquet à Henri Michaux, en passant par René Char. Cet artiste peintre s'est donc passionné de ces lettres de noblesse, dans lesquelles il cherche son inspiration pour extraire citations, fragments, qui vont s'avérer les thèmes de ses tableaux où les compositions jouent de recouvrements et d'apparitions, pour mettre en scène la transformation du poème en peinture. Et si cette dernière n'est pas illustrative, c'est la fibre même des correspondances de ces écrivains dont il se gorge qui parcourt désormais ses toiles ou ses papiers dans lesquels il se plaît à glisser une page indiscernable de ce qui serait le manuscrit caché. Il y a donc toute une poétique du secret à l'ouvrage dans sa peinture, une dialectique entre voiler et dévoiler, qui font émerger cette écriture plastique au plus proche des lettres. Comme si l'œuvre finale se révélait le courrier décacheté d'un lien qui unirait deux amoureux de la littérature : une peinture, à la lettre près, donc...

Déjà, Horace formulait ce cheminement commun entre poésie et peinture : " ut pictura poesis " traduite soit par " la poésie est comme la peinture ", ou encore par l'expression " il en va de la poésie comme de la peinture ".
C'est ce cheminement, que se propose de parcourir anbart, 817 fois.

817

817 gouttes d'encre, 817 éclats de peinture tissée de correspondances, où l'on rentre dans l'intimité des grandes voix : la lecture innerve le travail artistique d'anbart, l'essentiel de la poésie recouverte par les pigments, dont on laisse des traces, des émergences d'un texte souterrain.
817 étoiles des échanges épistolaires privés ou publics, comme les notes de résonance de la littérature dans le geste du peintre qui vient, justement, étoiler la toile, la maculer de ces fragments de couleurs qui surgissent à la vue.
817 signes, comme l'alphabet d'une écriture entre tissu du texte et tissu de la toile, dont nous serions les mots scellés dans le mystère de la création qui s'est nourrie de la fréquentation des grands auteurs dans leurs confidences les plus secrètes.
817, comme une signature.

Rémy Soual - Février 2017