Inexplicable. Inqualifiable. Impardonnable. La liste est encore longue…Une soirée en enfer. Après Séville 82 et France 93, nous avons sans doute vécu, mercredi soir, la pire désillusion du football français. Le temps d’un soir, Paris est devenu tragique. Comment est-ce possible ? Comment décrypter, analyser cette « remontada » historique d’une équipe catalane revenue de l’enfer ?
LA DÉBÂCLE
A J+1, on ne refera pas le match. Non, c’est promis. Il n’y a rien à refaire de toute façon. L’histoire est ce qu’elle est et la victoire du Barça n’a rien d’un scandale. Ils ont joué le match qu’il fallait jouer. Un football techniquement et tactiquement juste. Alors que Paris déjouait, Barcelone déroulait. Le scénario n’a rien d’un scandale. C’est une réalité.
Pourtant, le Barça n’a pas sorti un grand match. Sur ce point, il n’y a pas débat. Au lendemain de cette humiliation, plane aujourd’hui sur ce projet Parisien l’ombre de la honte. Une faute professionnelle qui peut coûter cher, très cher. Le jour d’après est arrivé…
Le PSG a subit la Remontada des Catalans en ce soir du 8 mars 2017
LE VRAI FAIT DE MATCH
Quand le match a t-il vraiment basculé ? Rapidement, trop rapidement. Le but concédé à la 2ème minute est sans aucun doute l’élément clé. Le tournant d’un match qui va se transformer en un véritable calvaire. A 1-0 d’entrée de jeu, l’histoire a changé. Le but, c’est logique, a conditionné le reste du match. La première période sera d’ailleurs une longue sinécure. Tous derrière et Cavani, parfois, à l’avant poste. Triste à regarder.
D’un coup d’un seul, le doute se met à planer : « et si tout ça était vrai ? Et si cette remontada était possible ? » La peur arrive alors. La boule au ventre, les Parisiens ont reculé de 5 mètres. On joue la deuxième minute. A ce rythme là, le match est plié d’avance.
Heureusement, et presque contre le cours du jeu, Edinson Cavani redonne brillamment l’avantage au PSG à l’heure de jeu. S’en suit quelques occasions que Paris aurait dû mettre au fond. On pense à Cavani, une première fois. On pense surtout à Di Maria qui, oubliant Cavani à droite, tente un piqué foireux qui résonne encore dans la pancarte publicitaire…
Puis, vient la 88ème minute de jeu. Superbe coup franc de Neymar, but. De nouveau, les doutes. De nouveau, la peur. Derrière, on connait le scénario…
Dans les couloirs du Camp Nou, personne, ou presque ne s’est arrêté en zone mixte. Thiago Silva a osé le « il n’y avait pas pénalty ». Il repassera.
L’italien Marco Verratti abattu, mais beaucoup plus lucide que son partenaire, a aussi pris la parole à l’issue de la rencontre. Que dire ? « On pensait qu’à 3-1, on allait passer. Mais après, en cinq minutes, il s’est passé des choses que, même dans les rêves les plus improbables, personne n’imaginait »…
Remontada exceptionnelle et historique du Barça
LE NAUFRAGE
La victoire du match aller revenait à Unai Emery. La débâcle d’hier lui appartient tout autant. Par des choix tactiques, des consignes et même des étranges changements, le onze de départ aligné par l’espagnol suscite, logiquement, des interrogations.
Derrière, le héros du match aller Kimpembe n’est pas reconduit au détriment du capitaine emblématique, Thiago Silva. Hier soir encore, Silva a prouvé qu’il n’était pas l’homme des grands rendez-vous. Un TRISTE bis répétita de Brésil – Allemagne 2014. Dans ces moments, Silva est l’ombre de lui-même. Osons la comparaison de Thiago Silva hier à celle de Kimpembe au match aller. C’est le jour et la nuit. Placé très bas, il a subit pendant 95 minutes ou presque. Contre Dijon, tu peux te permettre. Face à la MSN, c’est beaucoup plus complexe.
Au milieu, Lucas a réalisé une première mi temps catastrophique. Il a tout manqué. Tout ou presque. Dans une gestion normale d’Emery, Lucas doit sortir à la demie heure de jeu, au pire à la mi-temps. Il n’en fut rien. Et c’est bien dommage.
Le mot du président : Nasser Al-Khelaifi s’est présenté en zone mixte la mine grave. Pour autant, cela ne suffit pas. Depuis longtemps déjà, et pas seulement sur ce match là, Al-Kelaifi n’est pas l’homme de la situation. La gestion du cas Aurier est symptomatique. Il n’est que le sous-fifre du vrai décideur Qatari, le prince Al Thani qui pourrait bien revoir sa copie à l’issue de l’exercice 2017. Dans les hautes instances aussi, le PSG a besoin d’un leader. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Impossible de commenter ce naufrage sans parler leadership. A Paris, l’ombre de Zlatan plane, encore et toujours. Certes, il n’était pas l’homme des grands rdv et on le sait. Pour autant, cette équipe manque cruellement d’un meneur d’hommes sur le terrain. Un joueur capable de remobiliser les troupes quand rien ne va. Un homme de poigne, de charisme. Zlatan n’aurait jamais accepté cela. Et il aurait su se faire entendre.
LE TEMPS DES REGRETS
Hier soir, les 96 290 spectateurs du Camp Nou ont vécu un grand moment d’histoire. Pas celui dont les Parisiens rêvaient, c’est une évidence. Ce qui devait être leur paradis s’est finalement mué en enfer. Une fois encore, la prestation offerte par le PSG sur la pelouse de Barcelone hier soir est la preuve qu’elle n’est pas encore taillée pour jouer les grands d’Europe. Il faut être réaliste.
Profitons du moment pour féliciter Luis Enrique. Immense respect à cet entraineur sur le départ qui est parvenu à faire rêver toute une institution, à faire espérer tout un peuple que l’exploit était possible. « La remontada » n’était pas factice et il l’a prouvé. Bravo à lui.
En annonçant son départ il a aussi su replacer son équipe au coeur d’une tradition forte à Barcelone : « més que un club ». Les joueurs n’ont pas fait semblant : ils se sont battus pour lui offrir un départ de choix. Remarquable.
Les saisons passent et toujours le même constat. Le PSG rêvait d’écrire l’histoire. Mais Paris est encore à des années lumières du club catalan.
Depuis ce matin, au PSG, le grand ménage de printemps à commencé. Si près du rêve. Si loin de la réalité…