Ils tuent tous pour l'inspiration, et en chantent le deuil.
C'est Bono qui s'en confesse à même la chanson qui est en litige depuis la semaine dernière. Paul Rose poursuit U2 pour leur utilisation de passages de Nae Slappin. Il est clair (à l'oreille et au texte) que les gars de U2 régleront en secret. 5 millions, c'est du petit change pour des multimillionnaires du genre.
Coldplay avait fait taire Satriani de la sorte il y a quelques années de la même manière après une défense molle et très peu convaincante de Chris Martin.
Mais certains ne font que trouver cela comique. Et en sont même flattés. Tom Petty a éclaté de rire quand il a entendu une entrevue des membres de The Strokes qui avouaient candidement qu'ils avaient largement emprunté d'American Girl pour Last Nite. Il s'est contenté de dire "tant mieux pour eux!". Toutefois, le même Petty a ragé quand Sam Smith a copié son I Won't Back Down. Ils ont réglé hors cour et Smith a ajouté le nom de Petty parmi les auteurs du morceau, lui faisant ainsi toucher des royautés.
Toute est dans toute disent les chinois.
Les bons compositeurs empruntent, les meilleurs volent dit aussi le grand fakir Shtan Nayvowley.
Bob Dylan a été un grand vampire. Led Zep encore pire. Même les Beatles.
Voici 10 fois (dont 2 déjà évoquées) où les poursuites ont été stimulées par l'irritation de l'usurpation.
Le guitariste Robbie Krieger a nié s'être inspiré de la chanson des Kinks, mais la gérance du band de Muswell Hill, au Nord de Londres, n'était pas d'accord. Les juges d'Angleterre ont aussi été d'accord avec la bande à Ray Davies, un règlement hors cour s'est fait entre les deux équipes de gérance et The Kinks a eu droit aux pleines royautés britanniques du single Hello I Love You, dès 1970. Le nom des auteurs de la chanson n'ont jamais changé officiellement, mais le compte en banque de Ray Davies a pour sa part bénéficié d'un peu d'embonpoint.
Muddy Watters et Led Zeppelin.
Led Zep est un band qui a toujours volé. En accélérant le rhytme, en le métalisant davantage, En insistant sur une batterie lourde, on faisait oublier que l'inspiration de Muddy Waters était directe. Jimmy Page était même légèrement insulté que Plant n'ait même pas pris la peine de changer certaines paroles qui sont exactement les mêmes. Ça ne les as pas empêché de faire une fortune, d'être de pionners du rock et du hard rock, qui en auront aussi influencé des centaines d'autres. En 1985, quand on a menacé de poursuivre, la descendance de Willie Dixon (l'auteur original) a eu un arrangement hors cour.
Creaky Boards, Joe Satriani, Coldplay.
J'en ai parlé plus haut. Mais je ne vous ai pas dit que la formation Creaky Boards avait été la première à lever le drapeau de la fraude face au morceau de Coldplay. Toutefois, Coldplay les as débouté, ayant enregistré un demo de leur morceau avant que celui de Creaky Boards ne soit disponible où que ce soit. Satriani avait beaucoup plus de matière à amener les boys en cour. Cat Stevens a ensuite trouvé qu'il y avait ressemblance avec des passages de son Foreigner Suite. Ce qui était nettement moins évident. Coldplay avait les sous pour régler tout ça, sans égratignures.
The Kinks, Green Day.
L'obscure formation The Other Garden a menacé Green Day de les poursuivre pour 100 000$, trouvant que les riffs étaient ceux de leur chanson Never Got a Chance. Green Day n'a pas répondu aux accusations. Les deux bands ont toutefois concédé qu'ils s'étaient eux aussi inspirés des inspirants Kinks. Ray Davies et son équipe d'avocats ont donc doublé les poursuites. The Other Garden a tout retiré. L'équipe de Green Day a ouvert son compte à Davies.
"Who You're Gonna Call?" son avocat si tu t'appelles Huey Lewis ou Parker Jr. Lewis s'était effectivement fait demandé d'écrire un morceau pour le film de fantômes. Il a préféré écrire un morceau pour la trame sonore du film de Zemeckis, Back to the Future. On confie la tâche à Ray Parker Jr qui panique et copie un morceau de l'album précédent du band à Huey. Celui-ci le poursuit et gagne sa cause. Une entente de confidentialité oblige les deux partis à ne jamais plus en discuter en public. Clause que Lewis brise en ondes vers 2001. Parker Jr le poursuit alors à son tour. Et gagne aussi sa cause.
CCR & John Fogerty
Dans un moment qui peut paraître d'une absurdité particulière, John Fogerty a été poursuivi pour s'être plagié lui-même. Fantasy Records était propriétaire du catalogue entier de son band CCR et des revenus sur leurs morceaux. Une fois en solo, Fogerty n'était plus sous l'étiquette Fantasy Records. Ceux-ci ont voulu les sous tirés du morceau. Fogerty a amené une guitare en cour. a démontré que les accords étaient différents, mais surtout, qu'il était impossible de se plagier soi-même. Il a gagné sa cause.
Marvin Gaye, Robin Thicke et Pharrell Williams.
La famille de Marvin Gaye n'a pas hésité une seule seconde quand ils ont entendu à répétition en 2013 Robin & Pharrell chanter ce que moi je trouvais ressembler à du Prince. Thicke a avoué en avoir été inspiré, mais Williams et lui ont tous deux assuré que les morceaux étaient bien différents. Ce avec quoi un juge n'a jamais été d'accord. Ce serons 7,4 millions que devront verser les deux boys à la famille du défunt Gaye.
The Rolling Stones et The Verve.
Cette fois, la formation The Verve a obtenu le droit d'utiliser la version symphonique d'Andrew Loog Oldham, ancien gérant des Stones. Toutefois, Allen Klein, second gérant des Stones et qui en avait négocié les droits d'utilisation de 5 notes seulement, a trouvé que ce qui devait simplement être un échantillon était plutôt le corps entier de la chanson. Les droits avaient été négociés afin que 50% des revenus du morceau aillent dans la poche des membres de The Verve et l'autre à l'équipe des Stones. The Verve a non seulement donné 100% des revenus de la chanson aux Stones, mais a aussi crédité Jagger & Richards pour le titre. Oldham, qui avaient aussi des droits de la version orchestrale a aussi poursuivi le band avec succès pour 1,7 millions. La chanson a été utilisée par Nike dans des pub et The Verve n'a pas fait un sou sur la chose. Comble de l'insulte, quand la chanson est nommée pour le Grammy de la chanson de l'année, ce sont les noms de Richards et Jagger qui sont collés au morceau. Le plus gros succès du band tourne au cauchemar. L'auteur de la version orchestrale, Dave Whitaker, a un sort tout aussi triste. Il ne fait pas une cenne, ni le jour de l'enregistrement en 1965, ni de nos jours.
The Chiffons et George Harrison.
Tel que mentionné plus haut, le guitariste des Beatles perd sa cause. Toutefois, son gérant, le même Allen Klein que les Stones, achète les droits de la chanson de Ronnie Mack et Harrison est mort de rire. Il ne paiera que 580 quelques milles dollars, pour la forme,
Chuck Berry & The Beach Boys.
Dans une version du blanc écrasant le noir. Brian Wilson tente de faire valoir qu'il s'agit d'un hommage à Chuck Berry. Personne ne mord à l'hameçon. Même que les Beach Boys doivent non seulement mettre le nom de Berry parmi les auteurs, mais le catalogue des Beach Boys jusqu'au jour du lancement du single Surf In USA, appartient maintenant à Berry. Ce dernier poursuivra aussi John Lennon quand il pille You Can't Catch Me dans Come Together.
Mentions spéciales à Bowie et Blur, The Hollies & Radiohead, Killing Jokes & Nirvana, Johnny Lee Hooker & ZZtop, Bryan Pringle & Black Eyed Peas
Il existe des tonnes d'autres cas et je dirais même que de nos jours, 8 chansons sur 10 entendues à la radio empruntent d'ailleurs (et je ne connais tout de même pas tout, alors peut-être 10 sur 10).
Copier, rendre hommage, s'inspirer de...ce n'est pas complètement voler.
Ce n'est pas complètement créer non plus.
C'est comme un musée de cire.
Ça peut éblouir, mais un peu comme la chirurgie plastique, rarement plus que l'organique affaire.