Faut-il avorter ?

Publié le 09 mars 2017 par Serdj

Vous avez découvert que vous êtes enceinte, et vous  ne voulez pas d'un enfant, ou pas maintenant, ou pas de cet homme . Bref, vous pensez sérieusement à l'avortement. Vous avez cherché des conseils sur le web et vous êtes tombée sur un tas de sites anti-avortement, qui hélas, pullulent sur le Net. Alors je vous le dis tout net : ne tombez pas dans leur propagande ! Décidez par vous-même !

L'avortement est un droit.

Il a été durement acquis par des femmes qui ont lutté et combattu, y perdant parfois la vie, pour que vous ayez ce droit.  Mais précisons bien les choses, L'avortement, par définition, c'est quand le processus de gestation est interrompu avant terme, soit naturellement (fausse couche) soit volontairement. Lorsqu'il a lieu volontairement sur demande de la patiente et dans un cadre légal, cela s'appelle l'interruption volontaire de grossesse. (ou IVG) C'est à ce dernier cas que je me réfère en écrivant  qu'il s'agit d'un droit. Dans la suite de ce texte je parlerai indifféremment d'avortement ou d'IVG.
En France, la loi Veil (du nom de Simone Veil, Ministre de la santé entre 1974 et 1979), qui date du 17 janvier 1975, précise dans quelles conditions une IVG est possible (et donc légale). En Belgique, l'avortement est légal depuis 1990,  En Russie depuis 1920 (sauf entre 1936 et 1955, sous Staline). En Tunisie, depuis 1973.  En France, environ 200 000 IVG sont pratiquées chaque année.
La philosophie de la loi, c'est que la femme doit pouvoir décider par-elle même si elle veut, ou pas, avoir un enfant, et qu'elle ne doit pas être soumise au pouvoir et/ou au désir sexuel des hommes. De ce point de vue, la contraception est un moyen bien plus efficace pour devenir ou rester maîtresse de votre utérus.  Pensez-y !

La "pilule du lendemain".

Si le rapport non protégé a eu lieu il y moins de 72 heures (au maximum), pensez à la "pilule du lendemain". Le médicament s'appelle le Norvelo : c'est un contraceptif qui agit par blocage de l'ovulation. Cette pilule n'est pas efficace à 100%, mais prise dans les premières 24 heures, elle permet de réduire le risque de grossesse de moitié.
Elle peut être délivrée à titre anonyme et gratuit pour les personnes mineures, disponible en pharmacie et sans ordonnance, mais après un « entretien visant à s'assurer que la situation de la personne mineure correspond aux critères d'urgence et aux conditions d'utilisation de cette contraception »

Ce que dit la loi Veil :


Une IVG est possible en France jusqu'à douze semaines de grossesse (14 semaines d'aménorrhée). Ce délai peut être considérablement allongé lorsque la grossesse met en danger la vie de la femme, ou lorsque le fœtus est atteint d'une maladie grave et incurable au moment du diagnostic.
L'IVG peut être pratiquée sur simple demande de la patiente. qui ne veut pas poursuivre une grossesse. La femme est donc libre de sa décision, qu'elle soit majeure ou mineure.
Une femme mineure peut avoir recours à l'avortement sans l'accord de ses parents ou de son responsable légal, à condition qu'elle soit accompagnée d'une personne majeure. (Pas forcément un parent, donc).
Les frais de soins et d'hospitalisation liés à une interruption volontaire de grossesse sont pris en charge par l'assurance maladie depuis 1983 ; la prise en charge a été portée à 100 % en mars 2013.
Jusqu'en 2015, deux consultations médicales étaient obligatoires, avec un délai de réflexion d'une semaine entre les deux. Ce délai pouvait toutefois être réduit à deux jours si le seuil des douze semaines de grossesse risquait d'être dépassé. Les deux consultations peuvent désormais être regroupées en une seule.
À la première consultation, le médecin procède à un examen clinique, il informe la patiente des différentes méthodes et lui présente les risques et les effets secondaires potentiels. Un entretien psycho-social, mené par une conseillère conjugale, est proposé à toute femme qui envisage une IVG. Il est obligatoire pour les personnes mineures. Cette consultation a lieu en principe dans le courant de la semaine suivant la première consultation médicale et au plus tard, quarante-huit heures avant l'IVG.

Conséquences

Lorsqu'elle est pratiquée dans de bonnes conditions médicales; comme c'est le cas en France, il n'y a en général pas de conséquences physiologiques : pas d'augmentation du risque d'infertilité, de fausse couche ou grossesse extra utérine. La contraception est possible (y compris la pose d'un stérilet) même immédiatement après.  
Dans certains cas toutefois il peut y avoir des complications. Le risque est faible, mais il n'est pas nul. Le médecin vous expliquera précisément les risques dans votre cas personnel.
Une consultation de contrôle et de vérification de l’IVG est réalisée entre le quatorzième et le vingt-et-unième jour suivant l'intervention.

Alors ?

Attention, un droit n'est pas un devoir. Cela signifie seulement que c'est possible légalement, mais  la décision vous appartient. Ne vous laissez pas influencer par la propagande anti-avortement, notamment religieuse, qui peut être très virulente. Décidez en votre âme et conscience. C'est à vous de savoir décider si vous souhaitez, ou pas, interrompre cette grossesse qui vous pose problème.  Mais si vous vous décidez une fois pour toutes pour une IVG, alors vous devez pouvoir le faire.

Plus d'infos sur le site "avortementfrance", qui fait le tour de la question sans préjugés mais en détail.


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