Je ne voterai pas Hamon

Depuis quelques temps, certains relaient des appels et des pétitions appelant à l'union de la gauche avec benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon. C'est cause perdue. Les deux candidats se présentent finalement. Il reviendra aux électeurs de choisir en leur âme et conscience selon leurs convictions. Pour ma part, un vote en faveur de Benoit Hamon au 1er tour est inenvisageable, même si Jean-Luc Mélenchon décidait de retirer sa candidature.

Certains peuvent qualifier cette position de sectaire, mais je l'assume. Elle est le fruit d'une analyse du candidat Jean-Luc Mélenchon (précédemment publiée ici et là), du bilan du parti socialiste sous François Hollande, et des programmes respectifs de la France Insoumise et du PS.

S'agissant du bilan, je n'oublie pas la loi El Khomri et le CICE, l'état d'urgence permanent et la loi Macron, l'ANI et les poursuites du parquet contre des syndicalistes en lutte, les 49-3 et les budgets austéritaires du quinquennat, l'atlantisme aveugle et la tentative d'inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité, les estropiés à vie et les morts durant des manifestations.

En l'espace d'un quinquennat, globalement, Hollande et sa clique ont pourri nos vies, éloigné plus encore l'espoir de vivre en bonne santé après la vie active, durci les conditions de travail et de vie, laissé dans la pauvreté les titulaires des minimas sociaux, augmenté a minima le SMIC.

Ami-e-s socialistes, je n'ai pas une mémoire de poisson rose malgré mon âge avancé. Comprenez qu'il m'est impossible de faire table rase du bilan du PS et d'exonérer Benoit Hamon de sa propre responsabilité politique.

Dans cette démocratie si peu démocratique, j'use de la seule arme - dérisoire et inutile diront certain-e-s, qu'il m'est autorisé d'utiliser : le bulletin vote !

De surcroît, ce refus de voter pour le parti socialiste est motivé par la comparaison des programmes respectifs.

Certes, il y a des similitudes.

Certes, les deux candidats veulent changer l'UE et les institutions.

Mais, celui de Benoit Hamon est le fruit d'une sorte de synthèse pour maintenir à tout prix l'unité du PS. Bon nombre de ses propositions demeurent floues, à l'instar de son revenu minimum qu'il n' a cessé de modifier, ou en-deçà des enjeux comme sur l'Union européenne.

S'agissant de l'UE, la stratégie de Benoit Hamon ressemble à celle de l'Humain d'abord, le programme présidentiel du Front de gauche.

Or depuis 2012, l'expérience Tsipras a démontré la nature foncièrement antidémocratique de l'UE et l'impossibilité de négocier avec la caste bruxelloise. Comment peser fasse à une vingtaine de pays et à une commission européenne aussi rigide que corrompue ? Comment obtenir un infléchissement de la politique de l'UE ? Peut-être en disposant d'un plan B immédiatement applicable ?

En définitive, faute d'un plan B de sortie de l'UE qui pourrait menacer l'existence même de l'UE, le candidat socialiste n'obtiendra rien. Ce faisant, il se condamne au hollandisme puisque l'application de la majeure partie de son programme dépend de la ligne politique de l'UE et des autres pays membres !

Par ailleurs, les deux candidats promettent la Sixième République.

J'observe que la démarche de Benoît Hamon s'inscrit dans les pratiques de Cinquième République puisqu'il propose une réforme constitutionnelle venue d'en haut.

Or, je ne pense pas qu'un projet rédigé par quelques technocrates triés sur le volet, aussi compétents fussent-ils, permette de démocratiser nos institutions.

Au contraire, il me semble important que le peuple rédige lui-même le projet constitutionnel avant qu'il ne se prononce par référendum. C'est ce que prévoit le programme de la France Insoumise avec une constituante composée de citoyens jamais élus auparavant.

Enfin, une élection ne se réduit pas à l’arithmétique.

Il faut avoir une curieuse conception de la politique pour croire que les électeurs de Mélenchon voteraient automatiquement pour Hamon en cas de retrait du leader de la France Insoumise. Et vice versa. Mais en l'espèce, il apparaît naturel à certain-e-s que Mélenchon se retire en faveur du candidat du parti socialiste...

Il y a là, me semble-t-il, une double tentative de manipulation pour exonérer la responsabilité de l'échec probable du candidat officiel du PS et pour détourner vers lui les électeurs de Mélenchon. Qu'on le veuille ou non, que ce soit juste ou injuste, Benoit Hamon partage avec Macron le bilan hollandais, même s'il a usé de son droit d'inventaire.

Toujours est-il que la campagne présidentielle de Benoit Hamon ne décolle pas. A l'instar de Fillon, mais pour d'autres raisons, il s'est mis dans l'incapacité de profiter de la dynamique de sa victoire à la primaire en n'assumant pas des choix clairs en rupture avec le quinquennat de Hollande. En cela, son choix pavlovien de la bonne vieille synthèse socialiste interdit un accord d'union de la gauche dès le 1er tour et plombe sa campagne.

Par conséquent, il est vain d'agiter l'épouvantail Le Pen, la marionnette du CAC 40 Macron, l'absence supposée de la gauche au 2d tour ou le vote soi-disant utile pour le candidat officiel du parti socialiste, j'ai décidé de voter Mélenchon aux deux tours de la présidentielle.