Fillon ira jusqu’au bout (du 1er tour) !

Publié le 08 mars 2017 par Demosthene @BrebisG

Depuis plusieurs semaines maintenant, la campagne présidentielle est quasiment occultée par « l’affaire Fillon ». Les derniers rebondissements : rassemblement au Trocadéro, confirmation de son maintien au 20h de France 2, Juppé qui met un terme aux spéculations quant à sa possibilité de constituer un recours et le comité politique des Républicains qui confirme la candidature de Fillon !

Mais tout cela me parait au final être une bonne nouvelle car je suis intimement persuadé que Fillon court à l’échec. Il ne passera pas le 1er tour et cela constitue une opportunité formidable pour notre pays.

Un candidat hors jeu

Au-delà des conclusions de l’enquête en cours, de sa mise en examen ou pas, il ressort que le candidat élu par la primaire de la droite et du centre (ou d’une partie de celui-ci) s’est à présent complètement décrédibilisé et démontre de façon éclatante qu’il n’a pas la stature d’un chef d’état.

En voici les raisons :

Une défense et une communication catastrophiques

Depuis le début de l’affaire sa défense est un non-sens complet : il a commencé par dire qu’il aimait sa femme et la faire applaudir en meeting. Ce qui était complètement hors sujet.

Il a continué en disant qu’il avait fait une erreur d’embaucher ses proches. Ce qui n’est pas le cœur de l’accusation.

Employer sa femme ou ses enfants n’est pas interdit à condition que la rémunération versée sur nos deniers serve bien à un travail effectif.

Or sur ce point, on reste cruellement sur notre faim et après plusieurs semaines, on ne comprend pas pourquoi des éléments factuels sur ce travail effectué pendant plus de 10 ans ne sont toujours pas apparus. Pourquoi ce silence assourdissant de Marc Joulaud qui a remplacé et embauché à son tour Pénélope Fillon ? Pourquoi tant de témoignages, dont celui de Pénélope Fillon elle-même qui accréditent le fait qu’elle ne faisait rien dans le cadre des activités de son mari ?

Dès son intervention le 26 janvier, il se met lui-même en porte à faux en évoquant le travail de ses enfants, mais surtout en évoquant son retrait en cas de mise en examen. Or, il se dédit quelques jours après en disant que même mis en examen, il irait jusqu’au bout.

Il en profite aussi pour se poser en victime et hurler au complot socialo-méditico-judiciaire rappelant ainsi des grands démocrates comme Trump ou Le Pen (même s’ils n’en ont pas l’apanage).

Il ne faut pas oublier son psycho drame inutile le jour de sa visite au salon de l’agriculture plantant ainsi sans explications ses équipes, ses soutiens et son planning de visite tout cela pour faire une conférence de presse, très en retard, et seulement révéler qu’il continue envers et contre tous et malgré sa convocation pour une éventuelle mise en examen.

Enfin, il y a ces mensonges prononcés devant des millions de Français ce week-end et précédemment : 200 000 personnes sur une place qui n’en contient pas le quart, les chaines de télévision qui ont annoncé le suicide de sa femme alors que c’est absolument faux, son intention de porter plainte contre les journaux qui colportaient des rumeurs et dont personne n’a plus entendu parler,… La liste est longue

Tous ces éléments ne font pas sérieux et entachent sérieusement l’image d’un candidat qui avait fait de la probité et de la transparence sa marque de fabrique

Un M.Propre de façade

source : http://www.tuxboard.com/photos/2014/11/gregoire-guillemin-monsieur-propre-burger.jpg

Car il ne faut pas oublier que si on lui reproche particulièrement ces faits, c’est que toute sa campagne des primaires a été faite sur un leitmotiv : contrairement à Juppé et Sarkozy qui étaient les 2 autres à avoir une expérience au plus haut niveau de l’état, lui se présentait  blanc comme neige.

Il multipliait d’ailleurs les piques dans ce sens : « qui imaginerait le Général de Gaulle mis en examen »

« Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable »…

Sans compter les traces écrites sur twitter qui prennent un peu plus de sel au regard des derniers événements :

Au final, nous avons l’impression d’un candidat adepte du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

Il revendique aujourd’hui la légitimité de sa candidature par le vote massif en sa faveur lors de la primaire, mais c’est oublier un peu vite qu’à ce moment-là, l’affaire n’avait pas encore éclaté. Le résultat aurait-il été le même si les électeurs avaient été informés de ces turpitudes ?

Pour résumé tout cela, on a donc un candidat :

  • Fortement soupçonné de s’être enrichi personnellement en utilisant l’argent public mis à sa disposition
  • Qui se présente pourtant comme le chevalier blanc de la politique française
  • Qui prend des engagements devant les français qu’il renie 2 semaines après
  • Qui utilise les mêmes méthodes que le front national pour critiquer la justice et la presse sans se remettre en question
  • Qui ment sur de nombreux éléments

Tout cela entame sérieusement la confiance qu’on pouvait avoir en lui si on avait oublié la guéguerre de 2012 contre Coppé et qui avait déjà donné une image déplorable de l’UMP et qui, à mon sens, discrédite définitivement sa candidature

Enfin le bout du tunnel

Mais , tout cela ne m’empêche pas de dormir, car il semble que de nombreux français partagent ce point de vue sur sa candidature, si on en croit l’écart qui s’est creusé ces derniers jours dans les sondages

Si cette tendance se confirme, on pourrait avoir un 2eme tour opposant Marine le Pen (c’est prévu depuis longtemps) à Emmanuel Macron ! Soit une double élimination des partis qui se partagent le pouvoir depuis les années 80 !

Ce serait un sacré séisme politique et j’aspire profondément à cette éventualité.

Alors, je ne mets pas d’espoirs énormes en Macron (car j’espère fermement que ce ne sera pas l’autre candidate !), mais je ne pense pas qu’il fasse pire que nos derniers présidents, et peut-être même mieux avec un peu de chance!  Par contre, la sortie de la domination de ces partis devrait avoir des répercussions profondes sur la cartographie politique.

On voit depuis plusieurs années maintenant que aussi le PS que les Républicains sont tiraillés en leurs seins par des courants difficilement compatibles. Jusqu’à présent la promesse de se partager à tour de rôle les responsabilités et un mode de scrutin pour les législatives leur assurant une représentation sans commune mesure avec leur poids réel soudait ces formations en dépit de leurs tensions internes.

Avec l’arrivée de Macron à la tête de l’état et la présentation de candidats pour une majorité présidentielle venant d’horizons variés, nous aurions alors une force nouvelle qui attirerait immanquablement un certain nombre de déçus des 2 camps.