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Comment bâtir la grandeur française. Par Roger Garaudy

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

Comment bâtir la grandeur française. Par Roger Garaudy

IL y a plus d'un siècle Saint-Simon avait entrevu

la nécessité future de ce choix de la nation.

Dessinant de main de maître la perspective de

l'avenir français, il écrivait:

" Dans le parti national... se trouvent compris

tous ceux qui cultivent la terre, tous les artisans,

manufacturiers, ainsi que tous ceux dont les travaux

servent directement ou indirectement la production...

tous les citoyens qui emploient franchement

leurs talents et leurs moyens à débarrasser les producteurs

juges qui soutiennent l'arbitraire... tous ceux qui

Saint-Simon voyait déjà apparaître, au début du

XIXe siècle, les premières manifestations de ce qui

s'est ensuite révélé comme une loi historique constante

que l'on pourrait formuler ainsi :

Toute classe décadente, en s'efforçant de défendre

à tout prix ses privilèges contre l'ensemble du

peuple, devient un obstacle au développement de

la nation, s'oppose à elle et la trahit, alors qu'une

classe montante identifie ses intérêts à ceux de la

Ce contraste apparaît dans la solution de tous

les problèmes viraux qui- se posent aujourd'hui à

Dans chaque cas la grande bourgeoisie capitaliste

défend ses intérêts de classe et baptise " national "

tout ce qui sert ses visées égoïstes ; dans chaque

cas elle engage notre pays dans la voie de la défaite,

de la ruine et de l'humiliation.

L'exemple le plus typique de cette tentative de

couvrir du drapeau national les entreprises les plus

sordides du capital est celui du colonialisme.

Lorsque les capitaux et les entreprises sont concentrés

dans un petit nombre de mains, lorsque

quelques banques contrôlent l'économie et la politique

d'un pays, lorsque, par ailleurs, par la concurrence

d'autre monopoles internationaux, les débouchés

métropolitains sont de plus en plus limités

pour les marchandises puis pour les capitaux, ces

banques lancent leur pays dans les conquêtes coloniales.

L'entreprise coloniale, en procurant aux grandes

entreprises capitalistes des matières premières et de

la main-d'oeuvre à bon marché grâce aux bas salaires

imposés aux travailleurs autochtones,, en ouvrant

un vaste débouché aux capitalistes métropolitains

avec des prix imposés par la métropole et l'interdiction

douanière d'acheter à d'autres pays, permet aux

capitalistes de réaliser de " superprofits " considérables.

C'est une affaire merveilleuse pour le grand

Mais la nation n'y gagne rien. Elle y perd.

Les profits de l'exploitation coloniale vont au

patronat. Mais les dépenses sont réglées par le

trésor public : les constructions de ports, de routes,

de voies ferrées, les grandes installations nécessaires

à une exploitation rationnelle sont financées et subventionnées

par les deniers publics alors que les

profits reviennent aux entreprises privées.

[...]
Depuis dix ans ces phénomènes sont plus apparents

encore du fait de la décomposition du régime

colonial : les plus grands pays colonisateurs, l'Angleterre,

et surtout la France, sont précisément ceux

dont l'importance, sur le plan économique et sur

le plan international, a le plus rapidement régressé.

Le mouvement de libération des peuples jusque là

colonisés est devenu l'un des phénomènes majeurs

de notre époque. Or, le drame de la France

c'est que, comme l'écrivait Maurice Thorez le

française n'ont su aborder dans l'esprit de

notre temps aucune des questions qui se sont trouvées

posées. Elles n'ont su établir de liens nouveaux

avec aucun des peuples qui aspiraient à l'indépendance.

de maintenir entre la France et les peuples

coloniaux des rapports de force qui sont périmés. "

C'est pour n'avoir pas su repenser la grandeur

française en des termes neufs que la grande bourgeoisie

française a vu, au lendemain de la Libération,

alors que de Gaulle avait tous pouvoirs, la

Syrie et le Liban rompre tout lien avec la France.

Puis ce furent après le bombardement de Haïphong,

la guerre ruineuse du Viet-Nam, les massacres de

Madagascar, les ratissages du Cap Bon en Tunisie,

la folle aventure de Ben Arafa au Maroc, et finalement

la guerre d'Algérie, de plus en plus " imbécile

Thorez dans l'étude déjà citée, n'est pas liée à l'exploitation

et à la domination des peuples coloniaux.

La France possède d'immenses ressources, elle a un

peuple laborieux et ingénieux, une jeunesse ardente,

une élite intellectuelle fidèle à sa haute mission.

C'est là que réside la grandeur de la France. "

Ce sont précisément ces vraies richesses de la

France qui sont peu à peu taries par d'interminables

Ces guerres coloniales détruisent d'abord les

bases matérielles de la culture : depuis dix ans,

notre pays n'est pas parvenu à réaliser une véritable

réforme démocratique de l'enseignement, à construire

et à équiper ses écoles et ses universités, à

doter la recherche scientifique et technique des

moyens nécessaires pour remplir leur mission, à investir

les crédits indispensables pour renouveler

notre outillage et assurer l'expansion de notre industrie,

parce que l'essentiel des ressources de la France

est consacré au budget de la guerre.

C'est une loi de l'histoire: une classe et un

régime qui meurent hypertrophient les moyens de

répression de la nation et atrophient ses moyens

d'expression, c'est-à-dire qu'ils sacrifient le budget

de l'école et de la culture à celui de la police et

Mais ces guerres coloniales détruisent aussi les

bases morales et intellectuelles de la culture. Elles

exaltent le chauvinisme et le racisme, elles pervertissent

le sens moral de la jeunesse par le dressage

de jeunes hommes à la pratique d'une guerre sauvage

où l'opération de basse police est exaltée comme une

épopée militaire, où la militarisation de la nation

tout entière et I'étouffement de l'esprit critique par

les méthodes dites " d'action psychologique ", ressuscitant

les plus sombres souvenirs de l'hitlérisme,

sont présentées comme une exigence nationale, où la

destruction des libertés individuelles et des libertés

publiques est travestie en victoire du "salut public ".

Avant même que Karl Marx ne proclame : " Un

peuple qui en opprime un autre ne saurait être un

peuple libre ", Condorcet déclarait fermement dans

son Tableau historiquedes progrès de l'esprit

humain : " Les peuples sauront qu'ils ne peuvent

Tout cela est impliqué dans la nature même de

la politique de la grande bourgeoisie capitaliste parvenue

à l'heure de sa décadence: une classe qui

meurt a besoin de mentir pour régner.

Et c'est précisément parce que les intérêts de

la classe ouvrière, classe aujourd'hui montante, coïncident

avec l'intérêt de la nation, parce que cette

classe n'a rien à craindre de la réalité ni de son

développement, qu'elle peut regarder cette réalité

en face et ne rien craindre d'elle : le cours objectif

de l'histoire ne la condamne pas mais révèle, au

contraire, la nécessité de son ascension.

Jaurès proclamait : " Il n'y a plus désormais

qu'une classe qui puisse donner à la pensée une

force sociale : c'est le prolétariat. Lui, qui, selon le

mot de Marx, n'a à perdre que ses chaînes, il n'a

peur d'aucune vérité, parce que toute vérité le sert,

toute libre critique qui désagrège les conceptions

surannées et fausses prépare son avènement... La

classe intellectuelle... c'est la classe ouvrière, car

L'expression la plus claire de cette vérité, c'est

la position prise par la classe ouvrière devant le

problème colonial. Cette position a toujours été

radicalement opposée à celle du grand capital :

" Nous réprouvons la politique coloniale, disait

du régime capitaliste qui resserre sur place

la consommation en ne rémunérant pas tout le travail

des travailleurs et qui se crée au loin, par la

conquête et la violence, des débouchés nouveaux.

Nous la réprouvons parce que, dans toutes les expéditions

français de Jules Guesde proclamait avec force, au

Congrès de Romilly : " Considérant que la politique

coloniale est une des pires formes de l'exploitation

épuisant de sang et d'argent le prolétariat producteur...

liste conscient ne votera jamais ni un homme, ni

Telle est la position constante de la classe ouvrière

française malgré toutes les tentatives de la

classe dirigeante, de sa presse et de ses manuels scolaires,

pour travestir les entreprises colonialistes du

capital en entreprises d'intérêt national.

Cette position se révèle avec plus d'éclat encore

comme la seule conforme à l'intérêt national

au moment où la désagrégation du système colonial

prouve la nécessité impérieuse et urgente d'établir

avec tous les peuples jusqu'ici colonisés des rapports

nouveaux excluant totalement les anciens rapports

colonialistes d'exploitation et de domination

et se fondant exclusivement sur le libre consentement,

l'égalité des droits et le respect des intérêts

réciproques des deux peuples.

L'exemple récent de la Guinée vient de montrer

que cette possibilité est réelle. Alors que l'article

86 de la Constitution stipule que lorsqu'un Etat

devient indépendant " il cesse de ce fait d'appartenir

à la communauté ", imposant ainsi le dilemme :

pas d'indépendance ou bien rupture avec la France,

le président Sekou Touré a souligné dans sa conférence

montrer peu de souci " ni de l'intérêt supérieur de

la Guinée, ni de celui de la France". Il ajoutait:

interprétée comme une volonté de rupture avec la

de peuples libres ayant des intérêts communs... Il

n'est pas question de rejeter, par un chauvinisme

sans fondement, l'enseignement dans la langue française

La preuve est ainsi faite que, par des moyens

pacifiques, sans guerre et sans répression, des rapports

nouveaux et fructueux peuvent être établis

entre la France et les pays autrefois asservis.

Il n'en est que plus regrettable que dès la proclamation

des résultats du référendum en Guinée,

le représentant du gouvernement de Gaulle à Conakry

ait annoncé une série de mesures financières et

économiques allant en sens contraire. Les colonialistes

français poussent à aggraver de telles sanctions

pour montrer, disent-ils, qu'il n'y aura pas de

et pour donner un avertissement aux autres

Etats africains afin qu'ils sachent que, s'ils ne restent

pas dans l'obéissance, la vie leur sera rendue

Pour montrer combien une telle attitude est

contraire à l'intérêt national il suffit de rappeler

que le langage aujourd'hui tenu par M . Sekou Touré

était celui du Président Ho Chi Minh au moment

où l'amiral Thierry d'Argenlieu, en accord avec

Georges Bidault, bombarda Haïphong.

C'est pour n'avoir pas engagé la négociation sur

les bases qui étaient offertes que notre pays a connu

huit ans de guerre au Viet-Nam, la défaite de Dien

Bien Phu et l'élimination de la France de l'ensemble

Cela est vrai aussi de l'Algérie.

Depuis quatre ans, nous y faisons la guerre à tout

un peuple. Une guerre qui tue des milliers de jeunes

soldats français, une guerre qui nous coûte deux

milliards par jour, ruine nos finances, limite les

investissements rentables de l'école et de la technique,

abaisse le niveau de vie de notre peuple,

détruit nos libertés en créant les cadres et l'esprit

de la dictature militaire, isole notre pays et le déshonore

sur le plan international et, finalement,

aliène notre indépendance nationale en nous contraignant

à emprunter à des conditions humiliantes

en Amérique et chez Adenauer.

Où est, en tout cela l'intérêt français?

Cette politique ne recouvre que des intérêts de

classe: ceux des hommes de la grande colonisation

qui entendent, par la force armée, maintenir intégralement

leurs privilèges désuets et continuer à

" faire suer le burnous ", ceux, un peu différents,

de la haute banque française et du grand capital

qui visent essentiellement le pétrole du Sahara.

Mais quelles que soient les divergences de ces

deux groupes capitalistes, le dénominateur commun

de leur politique algérienne c'est la domination

coloniale, même si les formes qu'ils envisagent sont

différentes. Ce qu'il faut, c'est mettre fin à cette

domination. Alors, et alors seulement, pourra s'instaurer

une négociation établissant entre l'Algérie et

la France des rapports nouveaux, conformes à l'intérêt

LE deuxième problème sur lequel s'opposent les

solutions conformes à l'intérêt de classe des

hommes du capital et l'intérêt national français soutenu

par la classe ouvrière, est celui de la politique

La grande bourgeoisie française, l'avons vu,

n'a pas hésité, avec les Versaillais en 1871, avec les

Vichyssois pendant la dernière guerre, à pactiser avec

l'occupant pour faire protéger ses intérêts de classe

Après la défaite d'Hitler, les mêmes forces sociales

ont cherché un autre protecteur. Elles l'ont

trouvé auprès des affairistes américains contre la

classe ouvrière française.

Pendant les luttes de la Résistance, le Parti communiste

français avait acquis un immense prestige

parce qu'il avait exprimé avec force, et seul en tant

que parti, l'esprit national de la classe ouvrière en

donnant à la cause de la Libération de la patrie

le plus lourd tribut d'héroïsme et de sacrifices.

Voilà pourquoi l'anticommunisme a exprimé la

volonté de la grande bourgeoisie capitaliste de refuser

à tout prix à la classe ouvrière française sa place

dans la vie politique de la nation.

Cet anticommunisme a conduit la bourgeoisie

française à se subordonner entièrement à la politique

d'hégémonie mondiale du grand capitalisme

américain en échange de sa protection contre la

classe ouvrière française et son Parti communiste.

Ce fut la politique du plan Marshall et du Pacte

Commerce, déclare tout net : " Le plan Marshall

n'a pas simplement pour but de venir en aide à

l'Europe... C'est une barrière contre le communisme.

" Le Monde est aussi franc : " L'aide américaine,

ses aspects. Nul ne l'ignore, et il n'y a aucune raison

La veille des élections françaises, les journaux

ont publié les déclarations du sénateur Bridges, président

de la commission d'enquête en Europe :

" J'ai dit aux ministres français - c'est M . Bridges

prochain gouvernement français ne serait pas sous

que, grâce à une collaboration raisonnable,

on pourrait certainement empêcher les communistes

Dans l'accord bilatéral signé par Georges Bidault

se soumettre aux stipulations de la " loi de coopération
économique de 1948 ".

Cette loi réglant le fonctionnement de l'aide

américaine à l'étranger n'était ni une loi française ni

une loi internationale mais une loi américaine votée

par la Chambre américaine et le Sénat américain

et modifiable seulement par eux. En acceptant

d'obéir à une loi étrangère spécifiant qu'elle nie

pouvait poursuivre que " des fins conformes à l'intérêt

des Etats-Unis ", le gouvernement signataire

se plaçait juridiquement dans la position d'un

gouvernement dépendant et désaisissait le Parlement

et par conséquent le peuple français de ses

La loi à laquelle il était fait référence, votée par

la Chambre américaine des représentants au mois

1°) " Les gouvernements français (et italien)

s'engagent, par des accords bilatéraux négociés avant

que l'aide intérimaire ne soit appliquée, à ne rien

allouer de cette aide aux communistes et à ne pas

permettre que cette aide soit distribuée par des

organisations communistes (paragraphe adopté par

France et l'Italie si un gouvernement dominé par

les communistes ou par la Russie accède au pouvoir

Ces deux amendements qui constituaient une

immixtion directe dans les affaires politiques françaises,

un diktat sans précédent dans l'histoire d'un

gouvernement apparemment souverain, on les retrouve

dans la loi contresignée par le président

Truman et dans le Plan Marshall, résumés sous

" Le Président des U S A. mettra rapidement fin

intervenus dans la situation l'octroi de l'aide n'est

Toute la politique française depuis douze ans,

depuis qu'ont été écartés du gouvernement les

ministres communistes, découle de cette option décisive,

à la fois anticommuniste et antinationale.

Elle a ouvert à un gouvernement étranger des

droits pratiquement illimités d'ingérence dans les

affaires économiques, financières et politiques de la

Elle a subordonné, avec le Pacte Atlantique et

l ' O T A N . , les budgets militaires français a des

décisions étrangères, en intégrant la France à un

bloc militaire à direction germano-américaine.

Elle a finalement conduit l'armée française sous

le commandement d'un général hitlérien, Speidel,

organisateur de l'assassinat du Président Barthou en

Cette politique a été constamment suivie par

tous les présidents du Conseil, violemment anticommunistes,

comme par Guy Mollet ou Antoine Pînay.
[...]

Ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, une politique

de la grandeur française ne peut être dirigée contre

la classe ouvrière et son Parti communiste. La peur

du peuple conduit à la trahison de l'intérêt national.

Une véritable politique de la grandeur française

exige que la France cesse d'être, par anticommunisme,

par peur de la classe ouvrière, dans une position

de vassale à l'égard du suzerain américain et

de son représentant européen : Adenauer.

Cela ne doit pas nous conduire à l'isolement de

[...]
Le slogan réactionnaire, maurrassien, de " la

France, la France seule ", non seulement aboutirait

aux pires déboires, mais contredirait à la tradition

française de l'universalisme. Ce n'est pas en s'isolant

dans le concert des nations, mais en restant fidèle,

dans ses actes, à ses principes et à ses traditions,

que la France a connu son rayonnement le plus

Cela ne doit pas nous conduire non plus à un

prétendu " renversement des alliances ". Il s'agit

pour la France de ne pas contribuer à perpétuer la

politique des blocs militaires et de la course aux

armements qui constitue, à l'âge atomique, un danger

mortel pour l'humanité. Il ne s'agit donc pas

de jeu de bascule et de changement de camp. Le

peuple de France tient à l'amitié et à l'alliance du

peuple américain. Mais il ne confond pas l'alliance

avec la vassalité. Il entend donc maintenir ses liens

d'amitié et d'alliance avec le peuple américain dans

toute la mesure où ils n'excluent pas les liens d'amitié

et d'alliance avec aucun autre peuple. C'est là le

critère fondamental de l'indépendance nationale.

Il fut un temps où le général de Gaulle

même reconnaissait cette nécessité : c'était le temps

ou nul encore n'aurait osé nier que la libération de

la France et l'indépendance de notre pays s'étaient

jouées d'abord à Stalingrad. Le général de Gaulle y

qui alors n'acceptait pas aussi légèrement qu'aujourd'hui

la suzeraineté américaine et l'hégémonie

d'Adenauer en Europe, proclamait : " Pour la

France et la Russie, être unies c'est être fortes.

Se trouver séparées, c'est se trouver en danger. En

la géographie, de l'expérience et du bon sens . "

On ne saurait mieux dire [...]

Pour que la France conserve son indépendance,

il faut que notre politique extérieure ne soit plus

dominée par les préoccupations de classe et qu'elle

vise avant tout a des rapports internationaux sans

exclusives, seuls capables de garantir son indépendance.

C'était en ce sens que Maurice Thorez définissait,
dés 1937, une véritable politique d'indépendance,

Lorsqu' il proclamait que le destin de la

France ne devait être décidé ni à Londres, ni à

Rome, ni à Washington, ni à Moscou, mais à Paris

et à Paris seulement. Cette devise est demeurée

C'EST seulement lorsque notre peuple, cessant

d'être mis au service des intérêts de la grande

bourgeoisie décadente, se libérera, par une politique

de paix et une politique d'indépendance nationale,

du fardeau écrasant des guerres coloniales et de la

course aux armements imposée par la coalition atlantique,

qu'il deviendra possible de travailler à la vraie

grandeur de notre patrie.

Alors deviendront possibles de grands investissements

productifs pour l'équipement technique et

industriel de notre pays, parce que sera détruit le

mirage de placements de rentiers dans des peuples

asservis, et que disparaîtra pour le capitalisme français

la perspective de faire de la France un pays usurier.

[...]
Mais la principale des richesses françaises n'est

pas dans le sol, mais dans les hommes. Or, dans un

régime inspiré par des intérêts de classe, où l'on

universités, on laisse en friche la plus grande partie

de l'intelligence nationale. La réalisation d'une véritable

démocratie est donc une condition essentielle

de la grandeur française.

Elle seule permettra, comme l'a prouvé l'expérience

national de la recherche scientifique, et l'expérience

de la Libération fondant, avec Joliot-Curie, le

Commissariat à l'énergie atomique, de donner à la

pensée et à la culture françaises, à la science et à

a recherche créatrice, avec l'appui de tout le peuple,

les moyens de recréer la grandeur française.

Une démocratie véritable c'est un régime qui

donne à tous les citoyens les moyens de développer

pleinement les richesses humaines qu'ils portent en

Le régime actuel de la France, sous la domination

du grand capital, saccage la plus grande des

richesses françaises.
[...]

la paupérisation, Maurice Thorez écrivait : " Les

forces productives sont gâchées et détruites, et

d'abord la classe ouvrière. Se battre contre l'exploitation

et la surexploitation des prolétaires, contre la

C'est aussi la seule façon de s'opposer à la stagnation

et au parasitisme dans l'économie nationale,

grande partie du potentiel productif du pays, donc

de lutter, sur le plan économique, pour l'avenir


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