Sorley MacLean, ou Somhairle MacGill-Eain, est un poète écossais (1911-1996). Il naît sur l’île de Raasay et vit sur l’île de Skye, il sera professeur d’école dans les villages des hautes terres. Dans les trois idiomes de l’Écosse, l’anglais teinté de mots régionaux, le scots de famille germanique et le gaélique celtique, c’est ce dernier qui est sa langue maternelle et sa langue de poésie. Contrairement à l’Irlande où le gaélique est la première langue officielle, très soutenu et parlé par un million de personnes, le gaélique écossais est une langue qui se meurt, parlé dans les îles du nord du pays par environ 80.000 personnes. D’où peut-être un ton nostalgique et digne dans la poésie de Sorley MacLean qui s’attache sans cesse à nommer les lieux géographiques de l’endroit où il vit avec les sonorités rauques des consonnes aspirées et la graphie aérée de multiples voyelles de cette magnifique langue gaélique, dont la famille linguistique inclut aussi le gallois de Grande-Bretagne et le breton de France. Sorley MacLean est cependant un contemporain qui subit l’influence du poète moderniste écossais Hugh MacDiarmid et thématise l’action politique, mais toujours le paysage nordique sauvage des profondes vallées des glens et des lochs en lacs glacés offre un théâtre où résonne la scansion insistante du gaélique. MacLean publie à partir de 1940 et c’est seulement en 1971 que l’Écosse non-gaélique découvre son œuvre grâce à sa première anthologie en anglais traduite par le poète Iain Crichton Smith, il devient alors un des acteurs de la renaissance culturelle écossaise. Son poème le plus connu « Hallaig » traite de manière indirecte et élégiaque des destructions de villages des Highlands écossais avec les déportations des habitants par les grands propriétaires terriens au XIXe siècle, laissant seulement quelques fondations en ruines recouvertes de mousses. Depuis les années 2000 plusieurs éditions entretiennent l’intérêt pour la poésie de Sorley MacLean et il est reconnu comme une figure essentielle de la littérature de l’Écosse ainsi qu’un modèle pour une nouvelle génération d’auteurs qui écrivent en gaélique.
Bibliographie sélective (bilingue gaélique / anglais) :
O choille gu bearradh / From Wood to Ridge, Carcanet 1989 (anthologie)
Dàin do Eimhir / Poems to Eimhir, édité par Christopher Whyte, 2002
An Cuilithionn 1939 / The Cuillin 1939, édité par Christopher Whyte, 2011
Caoir Gheal Leumraich / White Leaping Flame, Polygon 2011 (poèmes complets)
Sitographie :
○ Fichier audio où Sorley MacLean récite « Hallaig » dans la version originale gaélique :.
○ Joli film d’animation par le vidéaste Neil Kempsell et le musicien néo-celtique Martyn Bennett illustrant « Hallaig », avec la voix de Sorley MacLean disant la version anglaise (traduite par lui-même).
○ Vidéo rare de Sorley MacLean où on le voit lire un court poème en gaélique, qu’il introduit brièvement en anglais pour le public
○ Petit article de Jacques Darras sur Sorley MacLean pour l’Encyclopedia Universalis
Jean-René Lassalle, mars 2017