ETATS-UNIS - NATIONAL BOOK AWARD-1988
Editions de l'Olivier, "petite bibliothèque américaine", 1998
Pete Dexter est l'un des plus illustres auteurs de polars américains. Dans la plus pure tradition du roman noir américain, il met en avant la critique politique et
sociale de son pays tout en n'excluant pas la profondeur psychologique des personnages.
L'intrigue se déroule en 1954 en Géorgie ; Trout, un infâme usurier, tue une petite noire pour se venger du frère de celle-ci, qui n'a pas payé ses dettes ; un
procès s'ouvre : les avocats s'affrontent, il est condamné. Mais les autorités corrompues (juges, police, avocats) se laissent berner et Trout échappera à la prison, ce qui ne se fera pas sans
conséquences désastreuses pour la communauté...
Ici, pas de suspense, pas de rebondissements. Nous savons dès le début qui a tué et comment. Dexter s'appesantit au contraire dur la personnalité du coupable et sur la constellation des
individus qui l'entoure : ses deux avocats et sa femme qu'il violente et qui va demander le divorce. Chaque chapitre focalise l'attention sur l'un de ces personnages : l'auteur insiste sur les
tergiversations de l'avocat Harry Seagraves , réputé être un avocat droit ; il fera son devoir professionnel en défendant Trout, mais au prix de nombreux sacrifices. Face à la justice corrompue,
les deux avocats et Hanna, la femme de Trout, incarne l'humanité et l'utopie.
Face à ces trois individualités, Dexter peint une communauté corrompue qui n'a pas le courage de condamner un vil personnage qui occupe une place de premier plan
dans la société. On retiendra cet épisode fantasque où, pour le 150ème anniversaire de la ville de Cotton Point, on organise un simulacre de procès et une condamnation au piloris pour les hommes
non barbus !!!!
Le style est sec, sans fioritures ; on est proche sur reportage journalistique (Dexter était d'ailleurs
journaliste d'investigation). Il relate les événement de manière brute sans commentaires. Puis le drame arrive, qui lui aussi est traité de manière neutre. Il s'agit de donner à voir ; le lecteur
n'a plus qu'à juger cette communauté raciste qui préserve ses notables...