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Les médias, de plus en plus adeptes des robots-journalistes les utilisent pour produire des contenus journalistiques. Quand on parle de robots, il ne s’agit pas d’un androïde devant son clavier mais d’algorithmes, programmés pour transformer des données en textes.
Aux États-Unis, Associated Press utilise les robots-journalistes d’Automated Insights pour écrire des articles sur les résultats financiers des entreprises US, mais aussi pour couvrir les matchs de baseball. En France aussi, on s’y est mis: lors des régionales de 2015, plusieurs sites (Le Monde, Le Parisien…) ont utilisé des algorithmes, conçus par Syllabs, pour automatiser la rédaction de brèves sur les résultats électoraux.
Les logiciels d’Automated Insight, Syllabs et Narrative Science peuvent filtrer des quantités de données brutes pour les convertir en "récits personnalisés", en tenant compte du contexte, dans un style d’écriture proche des dépêches d'agences. L’avantage qu’ils présentent est la facilité avec laquelle ils traitent les masses de données, mais aussi leur vitesse de traduction de ces données en textes et dans différentes langues.
Le fondateur de Narrative Science, Kristian Hammond, estime quant à lui que d’ici 2025 environ 90% des articles seront "générés par des algorithmes"...
Non, d’abord parce que si leur écriture est "correcte", elle reste du niveau très basique. Ensuite, parce que ces robots-journalistes sont dépourvus de toute intelligence. Ils sont incapables de contextualiser une info, de la mettre en perspective.
Comme l’explique Kris Hammond de Narrative Science, les algorithmes sont des outils complémentaires, et l’idée est: "Fournir aux journalistes des outils les débarrassant des tâches les plus répétitives et les moins intéressantes. Ils dégagent du temps pour accomplir leurs missions nobles: reportages, investigations, analyses".
L’avenir devrait plutôt être celui du "journalisme augmenté" - prôné par Eric Scherer, analyste des médias -, avec des journalistes capables de programmer, sur le modèle de Ken Schwencke, le journaliste-développeur du LA Times, qui travaille en "collaboration" avec son algorithme Quakebot.
Cette union journalistes-robots devrait permettre aux humains de se concentrer sur des articles de fond. Les algorithmes écriront les résultats sportifs, boursiers ou électoraux. Mais l’humain devra plus que jamais rester sur ses gardes car il ne faut pas oublier que ces algorithmes ne sont ni neutres, ni totalement fiables. Pour Eric Scherer, il y a ainsi urgence à "maîtriser les boîtes noires", en forçant les concepteurs des robots-journalistes à "faire preuve de transparence".
Evgeny Morozov, spécialiste des implications politiques et sociales du numérique, s’inquiétait déjà, en 2012, de l’éventualité de voir un jour les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) "investir dans le marché du ‘journalisme automatique". En effet ces géants du web, professionnels de la personnalisation pourraient être tentés de proposer aux médias des intelligences artificielles capables d’écrire et de modifier des articles instantanément, et de "les personnaliser afin de les adapter aux intérêts et aux habitudes intellectuelles du lecteur". L’effet pervers serait alors d’enfermer le lecteur dans des "bulles de filtres" et de reproduire - voir de normaliser - ce qu’il s’est passé avec l’élection de Trump via le réseau social Facebook.