Fès, destination le Maroc. C’était mon premier voyage dans ce pays. Et j’ai pu visiter un souk qui a conservé toute son authenticité. C’est d’ailleurs ce qui fait la fierté de ses habitants, les Fassis. Promenade dans la plus vieille ville impériale du Maroc.
Dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Dépaysement garanti à la Médina de Fès dont la fondation remonte à la fin du VIIIème siècle. Fès, en tant plus vieille ville impériale du Maroc, a gardé son statut de capitale culturelle. C’est à la fois un voyage au Maroc et dans le temps car, dans la Médina, la population a conservé ses habitudes, les bâtiments ont été préservés. On dit que ses habitants n’ont pas besoin –ou pas envie- d’en sortir puisque tout ce dont ils ont besoin est sur place.
Vue de la Médina de Fès depuis le Borj Sud.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
C’est d’ailleurs la préservation de l’habitat et des coutumes qui ont valu à la Médina d’être inscrite au patrimoine mondial par l’UNESCO en 1981. Cernée par 14 km de murailles la vieille ville habitée par 120 000 Fassis s’étend sur 265 hectares et le dédale de ses 3 760 s’enroule sur 92 km. Ce qui en fait la plus grande Médina du monde arabe.
La Médina de Fès en mouvement.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Malgré ces chiffres, il est difficile de se faire une idée de la vieille ville de Fès. L’Européenne pur jus que je suis a été un peu déstabilisée par l’expérience. Le labyrinthe des rues est impressionnant. Le bruit, la foule, les odeurs assaillent le simple promeneur. Dans la Médina, on ne flâne pas. Les Fassis vont d’un endroit à un autre, sans hâte mais sans s’attarder non plus.
Des couleurs et des galons dorés dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Entraînée par le courant humain (et notre guide), je n’ai pas eu souvent le loisirs de pouvoir admirer les plus beaux bâtiments, comme je l’aurais souhaité. Mais les scènes de rue inattendues ou cocasses ne manquent pas (à voir dans le Portfolio : Fès, scènes de rue). Moi, qui aime déambuler un plan à la main, je ne sais pas si j’aurais pu m’y retrouver sans notre guide qui nous a fait emprunter des ruelles où il est impossible de se croiser et où on passe même difficilement seul.
Place Seffarine dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
L’expérience doit s’avérer anxiogène pour ceux qui ne savent pas quand ils vont sortir de ces ruelles transformées en boyaux. Les axes principaux très passants sont aussi étroits et absorbent difficilement le courant des piétons dans les deux sens avec les étals qui débordent et le passage des petits chariots tirés par des hommes pour transporter les marchandises ou des ânes qui sont aussi affectés aux livraisons ou au ramassage des ordures. Les ânes sont ferrés avec des pneus recyclés adaptés à la chaussée de la Médina et moins bruyants que des vrais fers.
Les ânes tracent leur chemin dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Tout le monde doit alors se plaquer contre les échoppes pour laisser la place à ces convois. Et vite. Tout passe, il se suffit que la foule se comprime. En comparaison, les rues où il n’y a que des habitations sont étrangement silencieuses et vides.
A Fès, les souks de la Médina
Dans la Médina de Fès, les corps de métiers sont organisés par souks. Les commerces de bouche abondent. Petites échoppes où s’entassent les marchandises ou stands à même la rue, tout est possible pour exposer olives, légumes, escargots à visée médicinale, confits de bœuf, piments, poissons ou crêpes ultra-fines cuites devant le chaland avant d’être déposées sur une énorme boule ronde. Au passage, j’ai croisé des femmes qui portaient leur pain à cuire à un four commun. Souk des épices, souk des ébénistes où sont fabriqués les trônes de mariage rutilants, souk des teinturiers récemment refait à l’identique, souk des dinandiers place Seffarine ou souk des tanneurs pour n’en citer que quelques-uns se découvrent aux détours des ruelles. La tannerie Chouara, la plus grande des trois tanneries de la Médina, n’échappe à aucun touriste. Spectacle garanti depuis la grande terrasse qui surplombe les cuves aux couleurs différentes où travaillent des jeunes hommes plongés dans les bains jusqu’à la taille qui foulent et manipulent les peaux.
Les tanneries de Chouara dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Un petit bouquet de menthe est offert avant de monter sur la terrasse en raison des fortes odeurs émanant des cuves. Ensuite, passage obligé par la boutique où s’alignent babouches de toutes les formes dans un large registre de couleurs, des sacs et des vêtements. Pour montrer la qualité de la peau et l’excellente imprégnation du cuir par les pigments végétaux, un marchand se livre au test de la flamme. Le briquet allumé est promené lentement sur une veste en cuir blanc, pas de fumée, pas d’émanation d’odeurs désagréables et surtout aucune trace. Comment résister à de tels arguments ? Quant au quartier des potiers, il se trouve à l’extérieur de la Médina.
Fès et son patrimoine
L’ensemble de la Médina de Fès a le label Patrimoine Mondial de l’UNESCO en raison de son mode de vie quasiment inchangé depuis des siècles mais aussi pour la qualité de son patrimoine privé, qu’on devine derrière les portes entre-ouvertes, ou public. Malgré la rapidité de mon séjour, j’ai pu apercevoir quelques très beaux bâtiments. Il y a d’abord les mosquées. Il y en aurait 70 dans la Médina. Certaines sont particulièrement belles mais il n’est pas facile d’y pénétrer pour des non musulmans.
Belle porte en bois décoré et polychrome d’une mosquée de la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
A voir l’université El Qaraouiyin et la mosquée du même nom fondées en 859 par une femme, Fatima el Fihiri, originaire de Kairouan en Tunisie.
Université El Qaraouiyin dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
On peut pénétrer dans la grande cour intérieure à ciel ouvert de l’université qui s’organise autour d’un bassin. Très belles mosaïques et décors sculptés dans de la poudre de marbre des murs en périphérie.
Vasque centrale de la cour de l’Université El Qarauiyin.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Au fond, une salle est surmontée d’un plafond en cèdre dont les différentes parties ont été collées à la poudre arabique et à l’abricot.
Détails des décors de l’Université El Qaraouiyin dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Cette université enseignait différentes disciplines et pas seulement le droit coranique, contrairement aux autres Medersa de Fès qui n’enseignaient que le coran. La façade de la bibliothèque el Qaraouiyine donne sur la place Seffarine. Autre bâtiment qui participe à l’histoire de la Médina de Fès, le mausolée de Moulay Idriss II, fondateur et saint patron de Fès, à admirer de l’extérieur seulement pour les non musulmans.
Mausolée de Moulay Idriss dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le musée des Arts et Métiers ou musée du Bois est d’un accès beaucoup plus facile.
Place Saha, complexe Nejjarine dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Ce bâtiment construit au XVIIIème siècle était alors un entrepôt de marchandise. Classé monument historique dès 1916, il a été entièrement restauré entre 1990 et 1996 avant d’être transformé en musée en 1998.
Foundouk du complexe Nejjarine, transformé en musée du Bois à Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
On y découvre sur trois étages tout ce qui a trait aux métiers du bois. Ses rambardes en cèdre, protégeant les galeries intérieures sont sculptées et ajourées avec beaucoup de maîtrise.
Palais Royal de Fès situé dans un quartier hors la Médina.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
A l’extérieur de la Médina, le Palais Royal qui ne se visite jamais occupe 83 hectares. Il est cerné par des murailles percées de sept portes. Il héberge dans son parc plus de 500 cigognes sédentaires. Le quartier qui l’entoure était autrefois occupé par les juifs chassés d’Espagne.
Fès et le shopping
La Médina et les souks sont des lieux de tentation pour les touristes avides de ramener des souvenirs. Le cuir en vêtements, sacs, babouches ou poufs se décline dans toutes les couleurs. A la tannerie Chouara, on m’a proposé de me fabriquer dans la journée la veste que je voulais. Je n’avais qu’à choisir la forme, la couleur et à donner ma taille et on me la livrait le soir à l’hôtel.
Du cuir et des couleurs dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les tissages sont aussi légion. Echarpes, passementerie, grandes pièces de tissu, sacs, le choix ne manque pas.
Tissages en tous genres dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les poteries font partie des fabrications traditionnelles du Maroc. Du petit objet à ramener dans son bagage à main aux tables ou aux potiches grand format qui peuvent être expédiées à travers le monde par les ateliers.
Vaste choix de poteries dans le quartier des potiers à Fès, en dehors de la Médina.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le travail du métal est aussi réputé tout comme les épices, les parfums et l’huile d’argan. Entre les boutiques, les vendeurs ambulants plutôt spécialisés dans les petits portefeuilles en cuir et les bracelets en métal -mais quel métal-, le visiteur n’a pas besoin d’aller chercher.
Dinanderie, travail de la corne, parfumerie dans la Médina de Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Tout est à disposition. Négociations et marchandage font partie du jeu. S’arrêter quelques secondes devant un stand, juste pour jeter un coup d’œil sans aucune intention d’achat, déclenche d’emblée les discussions. La survie est dans la fuite.
Sur la route de Volubilis, un assortiment de gigantesques courges.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
A proximité de Fès, Volubilis et Meknès
Le site archéologique de Volubilis est distant de Fès de moins d’une centaine de kilomètres mais les routes sont étroites et sinueuses. Cette ancienne cité romaine dont l’enceinte a été construite vers 168 après JC occupait 42 hectares dont seulement une quinzaine ont été explorés.
Arc de Triomphe de Volubilis.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les fouilles ont commencé en 1915 mais ont été interrompues il y a quarante ans, faute de moyens. Alors que j’y allais blasée, après avoir récemment visité Herculanum et Pompéi près de Naples, j’ai été conquise par Volubilis. Moins organisé pour le tourisme de masse que les deux sites italiens, il laisse l’imagination vagabonder. On monte, on descend pour passer d’un vestige à un autre, on contourne et on découvre. De très belles mosaïques souvent assez bien conservées parsèment le site.
La maison de Dionysos à Volubilis.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Grand ensemble de mosaïques géométriques à Volubilis.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Quelques mosaïques de Volubilis.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le pressoir à huile évoque l’importance de l’huile d’olive au quotidien qui servait aussi bien à la nourriture qu’à l’éclairage, au massage qu’au commerce. Les traces de la vie quotidienne ne manquent pas, que ce soit, au sein d’une maison particulière, une installation curieuse avec des alvéoles destinées à accueillir chaque membre de la famille dans le bain ou un phallus sur un socle en pierre installé dans la salle d’attente d’une maison close. Côté vie publique, le forum et le capitole sont très représentatifs de même que l’imposant Arc de Triomphe.
Forum de Volubilis.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le Decumanus maximum large voie dégagée depuis la porte de Tanger jusqu’à l’Arc de Triomphe offre une belle perspective.
Quand passent les cigognes à Volubilis.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Petit regret, le musée qui a été construit il y a quelques années pour accueillir céramiques et statues de Volubilis parties au musée Archéologique de Rabat est toujours vide et fermé. C’est en allant de Fès à Volubilis que j’ai vu dans la campagne des troupes de chiens errants et efflanqués. Considérés comme impurs, ils sont livrés à eux-mêmes.
De Meknès, je n’ai malheureusement rien vu en dehors de la somptueuse porte fortifiée Bab Mansour achevée au XVIIIème siècle, une entrée digne de la cité impériale.
Porte Bab Mansour à Meknès, un lieu de prédilection pour le stationnement des calèches.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Place El Hedime à Meknès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Les remparts de la Cité Impériale de Meknès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Petit souvenir sympathique, au restaurant la tablée de messieurs en tenue traditionnelle qui était à côté de la nôtre nous a fait servir un poulet délicieux que nous n’avons pas pu savourer pleinement car nous venions d’avaler la dernière bouchée de notre dessert.
Mon restaurant à Fès
Etape gastronomique et historique, le Palais Mnebhi, dans la Médina, offre un cadre de palais des mille et une nuits avec sa grande salle et ses deux salles latérales, ses zelliges polychromes étincelants, sa fontaine centrale en marbre, sa grande fontaine murale en mosaïques, ses bois sculptés et ses colonnes.
Grande salle du restaurant Palais Mnebhi à Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Construit au début du XXème par Mehdi Mnebhi, ministre de la Défense du Sultan Moulay Abdelaziz, il a été occupé par le Maréchal Lyautey pendant quatre ans, en attendant que son palais soit construit dans la nouvelle ville.
Menu au Palais Mnebhi à Fès, entrée, tagine de poulet aux pruneaux et abricots, couscous, clémentines à la cannelle.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Et c’est là qu’a résidé le Maréchal Lyautey pendant quatre ans, en attendant que son palais soit construit dans la nouvelle ville. Et c’est aussi là qu’a été signé le contrat de protectorat en 1912 entre la France et le Maroc.
15, Souikt Ben Safi, Fès.
Mon hôtel à Fès
J’ai séjourné à l’hôtel Palais Médina & Spa à Fès. Ce grand ensemble moderne situé entre la Médina et la ville nouvelle de Fès qui dispose d’un spa et d’une piscine intérieure donne sur une piscine extérieure.
Hall d’entrée de l’hôtel Palais Médina & Spa à Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Si l’extérieur de ce 5* est banal, le vaste hall d’entrée et la réception reprennent quelques codes de la décoration marocaine pour personnaliser l’établissement. Les chambres sont confortables mais j’aurais apprécié d’avoir une bouilloire pour un thé réconfortant en rentrant de mes balades. Difficile de récupérer le peignoir et les chaussons dont étaient pourvues d’emblée d’autres chambres.
Ma chambre avec le peignoir à l’hôtel Palais Médina & Spa à Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Le petit-déjeuner se prend dans une vaste salle élégante mais un peu froide.
Salle de petit-déjeuner à l’hôtel Palais Médina & Spa à Fès.
Photo City Breaks AAA+, Claude Mandraut.
Une grande galerie marchande organisée autour de supermarché Carrefour est tout près. Peu couleur locale, mais utile si on a fait sa valise trop vite en oubliant d’y glisser tout ce qu’il fallait. Plus intéressant en revanche, on peut apercevoir non loin de là, en se rendant à la Médina, une clinique vétérinaire créée par une Américaine en 1927 où sont soignés gratuitement ânes et mulets.
Se rendre à Fès
Il est désormais facile de se rendre à Fès depuis Bordeaux puisque la compagnie low cost Air Arabia Maroc a ouvert depuis décembre 2016 une liaison entre ces deux villes. Deux vols hebdomadaires sont programmés, le lundi et le samedi en hiver, le mercredi et le dimanche à partir du mois d’avril et le lundi et le vendredi entre juillet et septembre. En tout, Air Arabia Maroc opère douze lignes directes entre la France le Maroc, mettant en relation cinq villes marocaines à six villes françaises. Personnel chaleureux et accueillant à bord. Fès s’est doté d’une nouvelle aérogare qui, tant que le roi du Maroc ne l’a pas inaugurée, ne peut pas être mise en service. A suivre.
Préparer son voyage à Fès
Pour préparer mon voyage à Fès, j’ai été un peu frustrée. Le site de l’Office du tourisme ne donne que des informations très générales et peu détaillées. J’ai cru comprendre qu’il existe des plans de la Médina de Fès vendus à l’Office du tourisme avec différents circuits et des repères de guidage mais le site de l’Office du tourisme est très évasif et rien n’est indiqué à ce sujet. Les guides que j’avais achetés avant mon départ ne permettent pas d’aller aussi loin dans le détail.
Ce reportage a été réalisé grâce au concours d’Air Arabia Maroc, de l’Aéroport de Bordeaux-Mérignac et du Conseil régional du tourisme de Fès.