Mossoul et sa tragique esperance

Publié le 05 mars 2017 par Fabianus

Mossoul, l’ancienne Ninive de l’empire assyrien, vit depuis 2014 aux mains des djihadistes de l’Etat Islamique (Daech) qui en ont fait leur ville symbole. Depuis le 19 février, les forces irakiennes, aidées d’une coalition internationale (soutien principalement aérien) ont lancé une vaste opération de reconquête de la partie ouest de la ville. C’est l’ultime étape d’une opération amorcée le 17 octobre 2016 pour libérer la gigantesque agglomération. Une ultime étape qui s’avère délicate. L’Ouest se compose de vieux quartiers entrelacés aux boyaux étroits où nul char d’assaut ne peut se mouvoir. Le bombardement de la coalition paraît tout aussi impossible sauf à provoquer des milliers de victimes civiles. Ces dernières fuient déjà en masse de Mossoul-Ouest. Quatre mille personnes fuiraient chaque jour de cet enfer futur, de ses imminents combats de rue, maison par maison, déminage sur déminage car Daech reste un spécialiste des voitures piégées.
Un exode massif, de femmes, d’hommes et d’enfants aux regards hagards. Des fantômes d’une guerre qu’ils ont vécu dans leur chair, sous la perpétuelle menace d’exécution des hommes en noir, agonis de propagande djihadiste, privés de leur liberté et qui se demandent, à présent qu’ils l’ont retrouvée, ce qu’ils vont devenir. Mossoul vit son ouest en tragique espérance Liberté arrachée au fil des avancées De soldats nationaux au chevet des souffrances Dans les dédales étroits que le diable a piégés.
Les combats corps à corps de tireurs embusqués La sueur au fusil, au fond des yeux la peur Dans les veines urbaines rodent mille dangers De suspectes voitures en fantômes tueurs
Liberté retrouvée au grand prix de l’exode Quand tant de cœurs aimés sont resté dans l’enfer L’islamique fléau de tensions s’accommode Jusqu’au bout des combats en ce mortel hiver.
Les visages meurtris des survivants hagards Se tournent obstinément sur la ville encerclée Cliquetis de combats, impétueux brouillards Noircis de fumées rudes dans le ciel explosé.
Les retrouveront-ils en ces jours qui s’annoncent Comme un ballet de sang sur la scène létale ? Seront-ils boucliers contre l’ire des semonces Le deuil les prendra-t-il en sa course brutale ?
Mossoul vit son ouest en tragique espérance Les démons retranchés dans l'aire propagandiste Feront payer très cher cette luminescence Qui refleurit à l'est en bougies pacifistes.