Un film qui m'a ouvert les sens.
À une époque où le journalisme sérieux est menacé de ne plus jamais souligner les horreurs du monde et ses mensonges, il me semblait important de vous parler d'un film qui nous suggérait ce que le criminel de guerre Slobodan Milosevic faisait, entre 1989 et 1997, à son peuple de la Yougoslavie éclatée.
Et quiconque mettait les mots Yougoslavie et éclaté ensemble en 1993, ne pouvait faire autrement que de penser à Emir Kusturica.
Emir a 39 ans quand il commence le tournage de Underground. Comme réalisateur il a tourné trois courts-métrages, 3 projets pour la télé, 4 films, Le premier a gagné le Lion d'Or à Venise, le second a gagné la Palme d'Or à Cannes en 1985, un autre qui lui a valu le prix du meilleur réalisateur et un autre lui a valu l'Ours d'Argent au Festival du Film de Berlin.
Underground est touffu. Riche. Il est 167 minutes.
Il était une fois un pays... commence le film, déjà on parle de la Yougoslavie au passé.
Quand la guerre cesse, Marko fait croire aux gens de la cave qu'elle est toujours en cours. C'est l'idée géniale du film. Il continue donc à faire des sous en leur vendant des armes de sa confection. Il gagne ainsi en puissance sociale sur terre (hors cave) et devient haut gradé du parti communiste et proche de Tito.
La dernière partie nous amène en 1992, au sommet des atrocités des guerres d'ex-Yougoslavie, Marko y est contrebandier d'armes, son frère le rencontre par hasard et leur face à face finira mal. Natlija déclare son amour pour Marko, les deux sont capturés par des militants et leurs sort doit être scellé par un commandant militaire, Blacky.
Le film de Kusturica explique en 167 minutes, comment un pays se détruit de l'intérieur. Et comment un même pays peut répéter les mêmes erreurs, année après année.
Un film toujours pertinent de nos jours.
Un film qui pose constamment les deux questions
"Quand est-ce que la fête se termine?"
et
"Quand la guerre commence-t-elle?"
Des questions jugées non nécessaires quand on est guidé par la raison et non par les pulsions.