Sommes-nous réellement en démocratie ?

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

Kandisnsky. Lyrique. 1911

(Point de vue de quelques auteurs et blogueurs choisis par A.D)
« Une manipulation généralisée fait croire que la démocratie continue de fonctionner à travers des parlements constitués toujours des mêmes partis, et une vie démocratique superficielle, limitée aux joutes politiciennes sanctionnées par des votes bidon qui opposent toujours des candidats issus des mêmes milieux et dont la différence idéologique n’est guère visible. » (Maâmar Farah, en 2006)
« Derrière l’apparence d’une démocratie représentative, le destin de la collectivité est déterminé par un petit groupe de gens, la classe oligarchique. (…) Tout le discours de l’oligarchie consiste à préserver la fiction de la démocratie. Il est vital pour le maintien d’un système inégalitaire que le peuple continue à croire qu’il est en démocratie, que c’est lui qui décide. » (Hervé Kempf, en 2013)
« À prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais. » (Jean-Jacques Rousseau)
« On peut dire sans trop exagérer que toutes les conditions pour établir une dictature sont réunies. (…) Toutes les conditions sont réunies pour qu’un gouvernement autoritaire qui se retrouverait demain au pouvoir ait la capacité technique d’exercer un contrôle et une surveillance de masse sur son peuple. Et c’est à la faveur d’un drame ou d’une catastrophe que cette dictature prendra forme. » (Caleb Irri, en 2015)
« La seule grande différence entre les dictatures et les démocraties modernes réside dans ce point : les premières annoncent clairement leurs opinions alors que les secondes avancent à visage masqué. Le mensonge, la manipulation et l’instrumentalisation sont les mêmes dans les deux cas, mais dans une dictature on le sait d’avance, alors que dans une démocratie on les nie en les pratiquant. On peut combattre une dictature, il est beaucoup plus difficile de contester une démocratie. En fait, les dictatures emploient des procédés grossiers là où les démocraties utilisent des moyens beaucoup plus sophistiqués pour atteindre leurs buts, qui sont les mêmes que ceux des dictatures : anesthésier le peuple et laisser le champ libre à quelques décideurs. La différence est que les démocraties ont réussi à trouver l’anesthésie parfaite dans l’illusion de liberté de l’individualisme. » (Richard Dessens, "La Dictature démocratique", 2010)

« Dictature ? Démocratie ? Y a-t-il une radicale différence (...), un fossé aux parois nettes, tranchées ? La complexité du monde actuel, avec ses dictatures affadies et ses démocraties dégradées, le dément tous les jours. Aujourd’hui comme hier, l’esprit de domination inspire toujours le Politique. » (Édouard Balladur, "Machiavel en démocratie. Mécanique du pouvoir", 2006)
« Il ne reste au peuple que cette apparence de démocratie qu’illustrent les longues files d’électeurs venant déposer dans l’urne, leur bulletin de vote. (…) Il est aujourd’hui du droit des peuples de lutter, à travers la révolution populaire, en vue d’éliminer ces instruments de monopolisation de la démocratie et de la souveraineté, que sont les assemblées parlementaires, qui usurpent la volonté des masses. (…) Le pouvoir doit être entièrement celui du peuple. Les plus tyranniques dictatures que le peuple ait connues, se sont établies à l’ombre des assemblées parlementaires. » (Mouammar Kadhafi, "Le Livre Vert", 1975)
« Les élections apparaissent désormais comme une vaste "comédie", organisée par l’argent dans l’intérêt de ceux qui le possèdent. Les parlements eux-mêmes jouent un rôle fictif, étant destinés à faire oublier que le pouvoir réel est détenu par des groupes de pression plus ou moins occultes. » (Mireille Marc-Lipiansky, en 1997)

Buffet. La république. Lithographie. 1977

« Nous vivons à une époque où l’on peut tout discuter mais, étrangement, il y a un sujet qui ne se discute pas, c’est la démocratie. C’est quand même extraordinaire que l’on ne s’arrête pas pour s’interroger sur ce qu’est la démocratie, à quoi elle sert, à qui elle sert ? (…) On a le sentiment que c’est une donnée acquise. Or, il faudrait organiser un débat de fond à l’échelle internationale sur ce sujet et là, certainement, nous en arriverions à la conclusion que nous ne vivons pas dans une démocratie, qu’elle n’est qu’une façade. (…) Bien sûr on pourra me rétorquer que, en tant que citoyen et grâce au vote, on peut changer un gouvernement ou un président, mais ça s’arrête là. Nous ne pouvons rien faire de plus, car le vrai pouvoir aujourd’hui, c’est le pouvoir économique et financier, à travers des institutions et des organismes qui ne sont pas démocratiques. » (José Saramago, en 2006)
« La différence entre une démocratie et une dictature, c’est qu’en démocratie tu votes avant d’obéir aux ordres ; dans une dictature, tu ne perds pas ton temps à voter. » (Charles Bukowski)
« Il y a longtemps que le vrai pouvoir n’est plus dans les urnes. Il plane bien au-dessus d’elles (…). Les démocraties sont de belles coquilles vides. » (Michel Piquemal, "Le Prophète du libéralisme", 2005)
« En dépit de toutes les phrases sur la dignité du citoyen libre, la démocratie est le plus vil des régimes, parce que rien n’y fait contrepoids à la toute-puissance ignoble de l’argent. » (Albert Guinon)
« Le vrai problème en politique, c’est que les politiques se sont fait acheter par les banksters, mais ont-ils le choix ? N’est-ce pas finalement la mafia des banksters et l’omerta imposée par ces derniers qui règne sur la planète ? Notre dictature est une douce dictature, dans le sens qu’elle est cachée derrière un paravent médiatique, mais c’est bien une dictature avec toute la violence que cela implique. » (Marc Jutier, en 2013)
« Le problème dans nos pays, c’est que le mot démocratie est un mot qui décore les discours au lieu d’être un principe en action. C’est un peu comme si on peignait une barre de fer en jaune et que l’on disait à tout le monde que cette  barre est en or. Ceux qui se fient aux apparences ne verraient pas la supercherie. Par contre, ceux qui gratteraient un peu la barre, s’apercevraient bien qu’on leur ment. » (Sheila Ostrander, en 1970)

Picasso. Le visage de la paix. 1950


« Nous constatons aujourd’hui que les victoires que nous avons crues définitives sont remises en cause par l’évolution des circuits de la puissance. Nous avons bâti sur le sable, et les fondations se dérobent. Les grands mots d’hier - démocratie, liberté… - rendent un son creux. Les nomades de la modernité que nous sommes, fatigués du mouvement incessant que depuis deux siècles le progrès nous impose, aspirent à un peu de repos. C’est en ce sens que la révolution à accomplir est d’ordre spirituel. Les débats de l’avenir porteront sur le rapport de l’homme au monde : ils seront des débats éthiques, et c’est par eux qu’un jour, peut-être, renaîtra la politique. » (Jean-Marie Guéhenno, "La Fin de la démocratie", 1993)
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