L'expression génique spinale, et non corticale, comme base moléculaire de la latéralité : le processus des mouvements du bras et de la main est bien connu, ces mouvements sont initiés par le cortex moteur dans le cerveau qui envoie un signal à la moelle épinière qui traduit le signal en mouvement. Par ailleurs, la latéralisation est un principe fondamental de l'organisation du système nerveux, mais ses déterminants moléculaires sont mal connus. Chez l'homme, une expression asymétrique des gènes dans le cortex fœtal a été suggérée comme la base moléculaire de la latéralité. Mais cette hypothèse ne tient pas complètement, alors que le fœtus humain montre déjà des asymétries considérables dans les mouvements des bras avant même que son cortex moteur soit fonctionnellement lié à la moelle épinière. On sait ainsi depuis les années 80 que cette préférence pour le déplacement de la main gauche ou droite se développe dans l'utérus à partir de la 8è semaine de grossesse. Et dès la 13ème semaine de grossesse, les enfants préfèrent sucer leur pouce droit ou gauche. Des signes précurseurs de la latéralité qui précèdent bien la liaison entre le cortex moteur et la moelle épinière. Les chercheurs ont donc fait l'hypothèse que cette préférence prenait sa source plutôt dans la moelle épinière : c'est l'hypothèse d'une asymétrie de l'expression génique spinale, et non corticale, comme base moléculaire de la latéralité.
L'équipe a analysé l'expression génomique et la méthylation de l'ADN à partir de prélèvements cervicaux et thoraciques de 5 fœtus humains aux stades de la 8è à la 12è semaine de grossesse. Cette analyse confirme une asymétrie d'expression des gènes de la moelle épinière (
Enfin, l'équipe identifie les facteurs épigénétiques associées à ces préférences et qui reflètent des facteurs environnementaux. Ces modifications se produisant à différents degrés dans la moelle épinière gauche et droite, entraînent donc des différences d'expression des gènes des deux côtés.
2017, DOI: 10.7554/eLife.22784 Epigenetic regulation of lateralized fetal spinal gene expression underlies hemispheric asymmetries