COLLOQUE INTERDISCIPLINAIRE
André Gide et le théâtre
Un parcours à re-tracer
7-9 décembre 2017
Maison d’Espagne, Cité universitaire, Paris
(7 et 8 décembre)
BnF, site Richelieu (9 décembre)
Appel à communication
Quand Copeau a monté Saül, j’avais des idées de théâtre. Je voulais écrire plusieurs pièces. Mais l’insuccès fut si net, si complet, si effarant, que je n’insistai pas. Si Saül avait réussi, qui sait ! je ne me serais peut-être plus occupé que de théâtre. (André Gide)
Situation
Alors que le théâtre accompagne la totalité du parcours d’écrivain d’André Gide et que ses tentatives et ses réussites emplissent copieusement sa correspondance, ses notes personnelles et de nombreuses pages de sa biographe d’exception – Maria Van Rysselberghe –, la plus grande part de sa production dramatique reste méconnue et peu étudiée. Depuis presque trois quarts de siècle, deux moments demeurent fondamentaux pour la compréhension de son apport au théâtre. Tout d’abord, les huit tomes du Théâtre complet publiés entre 1947 et 1949, qui constituent un objet précieux pour les chercheurs. Le projet – voulu par Richard Heyd et accepté avec enthousiasme par Gide – a obligé l’auteur à réunir sa production dramatique et à la considérer comme un ensemble autonome. Cette édition définitive et testamentaire du théâtre de Gide permet, entre autres, de révéler l’écart significatif avec les premières éditions de ses pièces qui correspondent forcément aux différentes époques auxquelles elles ont été produites. La deuxième opération éditoriale, qui touche l’exégèse du travail de Gide au théâtre, est l’étude de Jean Claude, parue en 1992. Cette réflexion a occupé une place restée vacante depuis trop longtemps. De plus, elle a montré la voie à de nouvelles études.
Vous avez dit théâtre ?
Les nombreuses initiatives scientifiques organisées par les Universités de Nantes, de Lorraine et de Haute-Alsace, la Fondation des Treilles, etc., promues par l’Association des Amis d’André Gide et la Fondation Catherine Gide, répondent à l’exigence constante d’interroger l’œuvre de Gide. Le colloque interdisciplinaire André Gide et le théâtre. Un parcours à re-tracer se veut une tentative de répondre à quelques-unes des questions soulevées par Jean Claude, et indique clairement au moins deux domaines d’investigation : « De fait, si l’on veut étudier les rapports de Gide avec le théâtre, c’est toute la question de la double existence de l’œuvre dramatique qui intervient : son existence littéraire et son existence scénique. Il importe de savoir comment l’écrivain a envisagé cette double existence, d’analyser les contradictions que cet aspect a pu entraîner dans ses jugements, comment elles ont été vécues et éventuellement résolues. »
Les idées de Gide sur le théâtre ne se retrouvent pas seulement dans son écriture dramatique, mais également dans ses échanges avec des hommes de théâtre comme Jacques Copeau, Jean-Louis Barrault, Charles Dullin, Aurélien Lugné-Poe, Jean Mercure, Jean Vilar etc. En filtrant sa correspondance et son Journal à l’occasion de ses plongées dans l’art dramatique, on distingue autant le désir d’arriver à avoir une place dans la dramaturgie de son temps que celui de faire entendre et voir son monde théâtral. Et si l’on relit le Journal à propos de son Œdipe : « Ce n’est pas l’émotion qui m’importe et que je cherche à obtenir : c’est à votre intelligence que je m’adresse. Je me propose, non de vous faire frémir ou pleurer, mais de vous faire réfléchir », ne peut-on pas affirmer, a posteriori, qu’il s’agit, plus que d’un théâtre littéraire, d’un théâtre qui évoque et qui anticipe en France celui de Brecht ?
On reproche à Gide l’absence de succès de Saül, nonobstant l’apport de Copeau et, comme il dira lui-même à Barrault d’avoir « jeté [son] filet trop bas » concernant sa pièce sociale Robert ou l’intérêt général. À cela, on peut répondre qu’il a même obtenu des résultats aux guichets avec les mises en scène de George s Pitoëff et Vilar pour Œdipe respectivement en 1932 et 1951 et avec Barrault qui a monté sa traduction d’Hamlet en 1946, et leur adaptation du Procès de Kafka au Théâtre Marigny en 1947.
Enjeux
L’ambition de cette rencontre, rendue possible grâce au soutien de la Fondation Catherine Gide et de son président, Peter Schnyder, mais également de la Maison d’Espagne, du Département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France, du groupe de recherche E.S.T. – Études sur le théâtre et de l’Institut de recherche en langues et littératures européennes (ILLE EA 4363), est celle d’inviter les chercheurs à centrer leur attention sur le travail de Gide au théâtre, pour susciter une nouvelle vague de réflexions. On pourra envisager de traiter le sujet sous les angles suivants :
- Écrire pour la scène : Les rapports de Gide avec les metteurs en scène de son temps ; les spectacles non réalisés.
- Gide exécuteur et non créateur : Selon Gide, constamment à la recherche du bon sujet, pour écrire un drame, le sujet devrait être proposé par autrui.
- L’ambition moderniste : Recherches de Gide pour une « pièce moderne », une « pièce sans toges » comme le reporte la Petite Dame (cf. Cahier A. Gide 5, 28 février 1932).
- Les projets inachevés : Les projets inachevées de pièces (Arden of Feversham, Faust, Prométhée).
- Traduction et adaptation : Gide traducteur (Amal, La Lettre du roi, Antoine et Cléopâtre, Hamlet) et adaptateur (Les Caves du Vatican, Le Procès).
- Les mise en scène des pièces de Gide en France et à l’étranger.
- Gide et les comédiens de son temps.
- Le monde théâtral de Gide à travers sa correspondance et son Journal.
Les propositions (1500 signes, espaces compris) comporteront un titre et un résumé ainsi que des mots-clés. Elles seront accompagnées d'une brève biobibliographie de l'auteur et devront parvenir en format Word et PDF par courrier électronique à Vincenzo Mazza ([email protected]) et à [email protected] avant le 15 avril 2017. Une réponse aux auteurs sera donnée courant mai.
Comité scientifique : Jean Claude (Université de Lorraine) ; Pierre Masson (Université de Nantes) ; Vincenzo Mazza (Université Paris Ouest-Nanterre) ; Pierre-Louis Rey (Université Sorbonne Nouvelle) ; Peter Schnyder (Université de Université de Haute-Alsace) ; Jean-Michel Wittmann (Université de Lorraine) ; David H. Walker (Université de Sheffield).
Organisation : Fondation Catherine Gide et E.S.T. – Études sur le théâtre.
Coordination : Vincenzo Mazza (Université Paris Ouest-Nanterre), Martina Della Casa (Université de Haute-Alsace)
Les frais de participation s’élèvent à 30 euros. Les organisateurs prennent en charge les pauses-café et la publication des actes.
Renseignements : [email protected]
Le colloque André Gide et le théâtre. Un parcours à re-tracer est soutenu par :
www.fondation-catherine-gide.org
www.etudes-sur-le-theatre.fr
www.bnf.fr
http://www.colesp.org
http://www.ille.uha.fr