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Samedi après-midi 14h30. Nous montons dans le "gros bateau" (comme aiment l’appeler les enfants), qui nous mènera à Groix. La gare maritime de Lorient n’a rien de poétique, et pourtant. Chacune de nos traversées vers l’île Groix est une aventure à la magie inexplicable. Il y règne une atmosphère de bout du monde, à 14 kilomètres de la France.
Cette île granitique est la plus grande de l’archipel du Ponant, avec une circonférence de seulement trois kilomètres sur sept. Située dans le Golfe du Morbihan, elle profite grâce aux vents marins d’un microclimat tout au long de l’année. Il pleut ainsi autant à Nice qu’à Groix, avec en prime la foule de vacanciers en moins. Passant de 2000 habitants l’hiver à près de 10.000 en haute saison, Groix n’a pas pour intérêt de faire du tourisme de masse.
Il faut dire qu’ici, le calme règne. Les voitures sont tolérées, les vélos, qui se louent en très grand nombre, sont fortement conseillés tout comme la marche à pied. Les nombreux chemins parsemant les vallons de l’île donnent alors l’impression d’être en safari au beau milieu de l’Écosse. Il peut se passer plusieurs heures sans que vous ne croisiez jamais quelqu’un lors de randonnées l’hiver. "Ce qui est étrange vu la taille de ce petit rocher, c’est là tout son charme", confie l'un des habitants de l'île. Cette terre bretonne aux maisons en granite colorées, offre un dépaysement total à une heure de vol de Paris.
L’île recèle de nombreux joyaux naturels, à commencer par son étonnante plage des "grands sables". Observée par des géologues venus des quatre coins du monde à cause de son phénomène convexe (elle s’avance dans la mer), la plage se déplace également de plusieurs mètres par an. "Quand j’étais enfant nous allions nous baigner aux grands sables de l’autre côté de l’île", confie alors une Groisillonne installée ici depuis plus de 50 ans. À côté, une grande étendue de rocher forme "la pointe des chats" où les amateurs de pêche à pied s’en donnent à cœur joie. Le tout sous l’œil de plusieurs bancs de dauphins naviguant au large vers les "sables rouges", une plage colorée due aux grenats présents dans le sable.
L’autre côté de l'île fait face à l’Amérique et aux vents iodés du grand large. D’un ancien camp de Gaulois aux blockhaus allemands de la Seconde Guerre mondiale, l’histoire semble s’être installée dans cet écrin de nature où la symphonie du chant des mouettes et autres oiseaux marins y est quotidien. Et ce, à 45 minutes du continent.