La Terre pleure, mais pas de joie 😦
Six ans après avoir quitté son île natale pour suivre un homme à Paris, Moe tente de survivre avec son nourrisson.
Elle est conduite par les autorités à la Casse, une ville pour miséreux logés dans des voitures brisées.
Au milieu de ce cauchemar, elle fait la connaissance de Jaja, Marie-Thé, Nini, Ada et Poule, cinq femmes qui s’épaulent pour affronter la violence du quartier.
« Alors Anne-Ju, tu l’attendais ce nouveau roman ! »
Je ne le cache plus depuis longtemps : j’aime les romans noirs de Sandrine Collette. J’ai tout lu et je guette à chaque fois le petit nouveau. Et comme à chaque fois, je suis estomaquée par ce que je lis.
Je ne sais pas trop par où commencer pour vous parler de ce roman. Car il est différent des autres. Un virage a été sacrément pris selon moi. Avec les 3 premiers, j’avais la forte impression d’être dans un huis clos étouffant. L’avant-dernier, on avait un sentiment de liberté suite aux grands espaces secs et arides. Mais ce n’était qu’une impression. Celui-ci donne moins le sentiment d’être un huis clos mais on sent tout autant prisonnier.
Sandrine Collette a décidé de nous montrer ce que pourrait la vie après ces terribles attentats que nous avons vécu. A près les ghettos, les bidonvilles, les cités, on se retrouve à « Casseland » ! Bye-Bye les roulottes, vive les voitures. Eh oui, on loue des voitures comme logement. C’est déroutant déjà rien que cette idée.Le décor est vite planté. On se retrouve un peu dans un Mad Max. Tout est rare, les viols des monnaies d’échange, du marché noir, le commerce principal. Bref, voici le nouvel endroit où les endettés, les parias, les « cas-sociaux » sont casés.
Après le décor, l’histoire. On commence le roman avec Moe. Comme beaucoup, elle rêve du principe charmant, de la métropole, de s’occuper de son intérieur avec son petit mari et des enfants. Bref, le bonheur ! Sauf que ce n’est pas vraiment ce qu’elle va connaitre. A la rue avec un nouveau-né, elle va se retrouver dans cette casse. Elle est perdue ! Elle parle mal la langue, elle ne comprend pas tout ce qu’on lui dit, elle n’est pas très débrouillarde. Bref, elle est un handicap pour elle et elle pense être un handicap pour les autres.
Elle va croiser sur sa route au coin d’un rétroviseur : Jaja, Marie-Thé, Nini, Ada et Poule. Ces 5 femmes seront un énorme soutien pour la survie de Moe dans cet endroit où l’apocalypse règne.
Encore une fois, Sandrine Collette marque les esprits. Il y a quelque chose de différent dans celui-ci mais il est tout aussi prenant, renversant. Il y a de quoi être révolté ! Mais ces femmes veulent y croire malgré tout ce qu’elles ont vécus. L’espoir ! Oui ce livre peut être un message d’espoir mais à quel prix ?
Toutes ses souffrances ont certainement fait ce qu’elles sont devenues. Cette force semble puisée au plus profond de la terre des enfers. Une autre notion humaine est aussi très importante dans ce livre : l’entraide. La solidarité ! Eh oui car n’oublions pas que depuis la nuit des temps des peuples se déchirent, mais la solidarité a permis de combattre ces guerres.
Vous ne devez pas passer à côté de ce roman. C’est du noir, le noir de l’encre des tatouages que l’on ne peut pas enlever !
Les larmes noires sur la terre – Sandrine Collette – Editions Denoël – Collection Sueurs Froides – paru le 02 février 2017 – 336 pages